Microplastiques en masse : le procès explosif qui attend Nestlé Waters

Des décharges héritées des années 1960

L'affaire des décharges sauvages Nestlé Waters, que révèlait Mediapart le 9 août 2025, ne date pas d'hier. Les premières alertes remontent à plusieurs années, lorsque des inspecteurs de l’Office français de la biodiversité et de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) identifient quatre décharges illégales situées à Contrexéville, They-sous-Montfort, Saint-Ouen-Les-Parey et Crainvilliers.

Ces sites cumuleraient 473.700 mètres cubes de déchets, soit l’équivalent de 126 piscines olympiques. Nestlé Waters affirme que « les décharges incriminées datent des années 1960, avant qu’elle ne soit propriétaire des terrains pollués ».

Nestlé Waters : des analyses qui font basculer l’enquête

En 2024, des analyses d’eaux prélevées à la sortie des forages destinés à l’embouteillage révèlent des concentrations de microplastiques hors norme. Le magistrat chargé de l’enquête préliminaire précise : « Une analyse chiffrée illustre que les proportions sont incommensurables s’agissant de l’introduction de microplastiques dans les sols vosgiens par Nestlé aux lieux des décharges, sur les terres et les eaux situées en aval ».

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 515 particules par litre pour Contrex, 2.096 particules par litre pour Hépar. Des niveaux 51.000 à 1,3 million de fois supérieurs à ceux relevés dans des lacs ou rivières, et jusqu’à 2.952 fois supérieurs à la moyenne mondiale des nappes phréatiques.

Face à ces accusations, l’entreprise maintient sa ligne : « Aucune pollution n’est avérée aux termes des analyses environnementales partagées avec les autorités. Toutes nos eaux peuvent être bues en toute sécurité ». Elle affirme avoir déjà nettoyé « la majorité des sites » et attendre « les préconisations des autorités quant aux mesures de remédiation à mettre en œuvre pour les sites restants au profil plus complexe ».

Pollution aux microplastiques : un procès attendu à l’automne 2025

Le parquet de Nancy a fixé le procès entre le 24 et le 28 novembre 2025. Nestlé Waters est poursuivi pour avoir « laissé s’écouler dans les eaux superficielles et souterraines » des particules de microplastiques à des concentrations « rendant toute vie aquatique impossible et ayant des effets nuisibles sur la santé, la flore et la faune ».

Actuellement, aucun seuil réglementaire ne fixe de limite pour la présence de microplastiques dans les eaux minérales. Ces particules de moins de cinq millimètres – et jusqu’à mille fois plus petites pour les nanoplastiques – sont au cœur des négociations internationales en cours à Genève jusqu’au 14 août 2025. Si l’impact sanitaire reste débattu, de nombreuses études montrent qu’elles s’accumulent dans le sang, les organes et le système nerveux, posant la question d’une future régulation.