L’heure de la remise en ordre des comptes publics a sonné !

Depuis plus de quarante ans, la France vit au-dessus de ses moyens. D’un mandat à l’autre, la dépense publique a crû sans relâche, nourrie par une administration de plus en plus lourde, une bureaucratie normative, des aides multiples et un empilement de niches fiscales rarement évaluées. Le résultat, c’est une dette publique passée de 20 % à plus de 110 % du PIB, une fiscalité excessive, et une fonction publique étendue sans amélioration du service rendu.

Pierre Marin
By Pierre Maurin Published on 26 août 2025 4h30
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L’heure de la remise en ordre des comptes publics a sonné ! - © Economie Matin
114%La dette de la France a atteint 114% du PIB.

Entre 1997 et 2022, les effectifs de cette fonction publique ont bondi de plus d’1 million. Toutefois, l’hôpital, l’école ou la police donnent souvent l’impression d’un État impuissant. Les réformes ont manqué d’ambition, et les grands discours se sont souvent traduits par des demi-mesures et des chantiers…inachevés.

Aujourd’hui, la situation est critique. La dette dépasse les 3 400 milliards d’euros, le déficit atteint près de 170 milliards (5,8 % du PIB), et les recettes fiscales de 2025 sont déjà revues à la baisse, selon Charles de Courson, le très sérieux rapporteur général du budget à l’Assemblée Nationale. La Cour des comptes et les agences de notation alertent. La charge des intérêts de la dette dépasse 67 milliards d’euros par an, et pourrait atteindre 100 milliards d’ici 2029.

Dans ce contexte, François Bayrou, le Premier Ministre vient d’appeler à un sursaut de vérité, de rigueur et de justice. L’objectif est de ramener le déficit sous les 3 % du PIB d’ici 2029. C’est une trajectoire exigeante, mais étalée dans le temps…

Pour 2026, 40 milliards d’euros d’économies sont visés. Parmi les mesures : gel des barèmes sociaux, fiscaux et des retraites (plus de 7 milliards € d’économies), suppression de deux jours fériés (gain estimé à 4,2 milliards €), réduction de 3 000 postes dans la fonction publique, et un remplacement d’un départ à la retraite sur trois à partir de 2027. Le gouvernement annonce aussi un recentrage des niches fiscales (économie espérée : 3,4 milliards €) et une lutte accrue contre les fraudes.

La transformation numérique de l’administration est soulignée comme levier d’économies (2 milliards € à terme), mais les réformes majeures restent limitées. En effet, cette ambition reste incomplète. Le projet évoque la stabilisation des dépenses des opérateurs de l’État, mais n’entre pas dans une révision profonde de leur périmètre Par ailleurs, la rationalisation du millefeuille administratif n’est pas engagée.

François Bayrou évoque aussi une refonte des aides sociales avec un projet de loi à venir sur la fusion des allocations sous condition de ressources et la lutte renforcée contre la fraude grâce au croisement automatisé des données. Le potentiel d’économies est de 9 milliards d’euros par an, mais aucun calendrier n’est précisé.

Côté santé, les économies visent 5 milliards €. Elles passeront par une hausse des franchises médicales, une révision du remboursement à 100 % des ALD lorsque la pathologie n’est plus active, et une accélération du virage ambulatoire. S’ajoute une réforme des arrêts maladie, avec de nouvelles contraintes sur les arrêts longs et la suppression de l’avis médical obligatoire après 30 jours. L’objectif national des dépenses maladie (ONDAM) est fixé à +0,4 % en volume contre une hausse attendue de +10 milliards € sans intervention.

Toutefois, aucun plan d’envergure, comme l’intégration des Agences Régionales de Santé (ARS) dans les régions, avec des économies ciblées à 4 milliards €/an, n’est mentionné, ni la réduction des personnels administratifs dans les hôpitaux, source de lourdeurs bureaucratiques et de coûts non justifiés… Il en est de même de la généralisation du tiers payant généralisé qui a entraîné des tracas administratifs, un manque à gagner et des délais de paiement qui dépassent parfois plusieurs semaines chez les médecins…

Le plan présenté avec la volonté de limiter les dépenses publiques affiche une volonté louable. Mais il reste souvent technique, parfois inégalitaire. Le gel des prestations affectera aussi les retraités modestes et les ménages précaires, ce qui est une erreur dans un contexte d’instabilité politique et de manque de majorité… à l’assemblée nationale.

Ce qui manque aussi, c’est une vision d’ensemble, un projet de société qui passe par la refonte du modèle social et administratif, plus efficace, plus juste et plus soutenable. Nos voisins européens qu’ils soient allemands, nordiques ou italiens, ont depuis plusieurs années engagé de telles réformes. Ils attendent que la France fasse de même, faute de quoi, notre pays perdra sa capacité à peser dans la relance de la construction européenne et à inspirer une dynamique commune à la hauteur des défis du continent.

Le budget 2026 peut marquer un tournant. Mais sans exécution rigoureuse, sans accompagnement social, sans vision d’ensemble, l’effort restera vain. Cette refondation ne réussira aussi qu’avec du courage politique. Il faudra assumer des choix, mener un débat national transparent et s’engager dans un suivi rigoureux. Il en va de notre souveraineté économique, de la confiance des investisseurs, mais surtout de notre capacité à redonner à la France une trajectoire de prospérité, d’efficacité et de justice.

Pierre Marin

Pierre Maurin est entrepreneur, Secrétaire National Economie et Emploi Les Centristes, chercheur associé IPSE et élu du 9ème arrondissement de Paris.

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