Un salaire de 1000 milliards pour Musk ? La Norvège dit « Nei »

Le Fonds souverain norvégien, gestionnaire du plus grand portefeuille d’investissement au monde, vient d’annoncer qu’il voterait contre le plan de rémunération record d’Elon Musk chez Tesla.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 5 novembre 2025 5h51
« Tesla Takedown » : une journée d'action internationale contre les politiques d'Elon Musk
Un salaire de 1000 milliards pour Musk ? La Norvège dit « Nei » - © Economie Matin
460 MILLIARDS $Elon Musk a une fortune estimée à 460 milliards de dollars.

Le 4 novembre 2025, le Fonds souverain norvégien, via Norges Bank Investment Management (NBIM), a confirmé qu’il s’opposerait au gigantesque plan de rémunération d’Elon Musk chez Tesla. L’annonce, à la veille de l’assemblée générale du 6 novembre, pourrait influencer le comportement des autres actionnaires. En prenant cette décision, le plus grand investisseur institutionnel d’Europe se positionne contre ce qui serait la rémunération la plus élevée jamais proposée à un dirigeant d’entreprise.

Le Fonds souverain norvégien dit non au plan de rémunération d’Elon Musk

Le Fonds souverain norvégien, qui détient environ 1,12 % du capital de Tesla, a confirmé son intention de voter contre la proposition de rémunération présentée par le conseil d’administration du constructeur. Selon NBIM, cette position s’explique par « la taille totale du plan, le risque de dilution pour les actionnaires et l’absence de mesures de mitigation du key person risk »

Cette prise de position, rare dans sa clarté, vise le fameux CEO Performance Award d’Elon Musk, un plan pouvant atteindre 1 000 milliards de dollars sur dix ans, à condition que Tesla atteigne une capitalisation boursière de 8,5 billions de dollars. Selon Reuters, la valeur nette potentielle de la fortune de Musk, après déduction du coût des actions, s’élèverait à 878 milliards de dollars.

Le gestionnaire du fonds, NBIM, a tenu à rappeler qu’il reconnaissait néanmoins le rôle déterminant du dirigeant dans la croissance de Tesla. Mais cela ne suffit pas à justifier une telle rémunération. Ainsi, même en saluant la vision du fondateur, la Norvège marque une limite claire entre performance et excès. Une décision qui pourrait peser sur le résultat du vote prévu ce 6 novembre 2025, au moment où les actionnaires de Tesla décideront d’approuver ou non le plan.

Un vote symbolique qui dépasse le cas Tesla

La décision du Fonds souverain norvégien n’est pas anodine. Avec près de 2.100 milliards de dollars d’actifs sous gestion, NBIM représente un acteur majeur dans la gouvernance mondiale des grandes entreprises cotées et a toujours été sensible à la RSE et aux investissements verts. Son refus de valider la rémunération d’Elon Musk ne repose pas sur un désaccord de fond avec Tesla, mais sur une politique de long terme concernant la gouvernance des entreprises et la responsabilité des conseils d’administration.

Selon Reuters, le fonds prévoit aussi de voter contre deux administrateurs de Tesla, Kathleen Wilson-Thompson et Ira Ehrenpreis, estimant que le comité de rémunération n’a pas suffisamment limité les risques liés à la dépendance d’une entreprise à une seule figure dirigeante.

Le vote de NBIM fait écho à un mouvement plus large parmi les investisseurs institutionnels qui s’inquiètent de la concentration du pouvoir dans les mains d’un seul dirigeant. Le key person risk désigne précisément ce danger : si Elon Musk venait à se détourner de Tesla, l’entreprise perdrait immédiatement une part considérable de sa valeur perçue. Malgré cela, certains investisseurs continuent de défendre le PDG.

Une opposition mesurée, mais lourde de conséquences pour la gouvernance

Le plan de rémunération contesté n’est pas nouveau. Une version similaire avait été approuvée en 2018, avant d’être remise en cause par un tribunal du Delaware en 2024, qui avait jugé les conditions de validation du plan insuffisamment transparentes. La nouvelle proposition soumise cette semaine tente de corriger certaines lacunes, mais les montants en jeu restent vertigineux.

Selon AP News, le plan prévoit l’attribution de tranches d’actions équivalentes à 12 % du capital de Tesla, réparties sur plusieurs années, à condition d’atteindre des seuils de performance ambitieux. Si ces objectifs étaient atteints, la participation d’Elon Musk, actuellement autour de 15,79 %, pourrait croître sensiblement, diluant celle des autres actionnaires.

C’est précisément ce point qui inquiète le Fonds souverain norvégien. Comme le souligne TechCrunch, NBIM détient environ 1,14 % du capital, ce qui en fait un investisseur influent, mais non décisif à lui seul. Son refus, toutefois, pourrait inspirer d’autres institutions à suivre son exemple. CBS News rapporte que le vote de cette semaine sera observé de près, car il testera la capacité des grands actionnaires à contrer le poids charismatique du PDG de Tesla.

Le signal d’une nouvelle ère de gouvernance

En rejetant la rémunération d’Elon Musk, le Fonds souverain norvégien envoie un message au-delà de Tesla : la réussite individuelle ne peut justifier un déséquilibre durable dans la gouvernance. L’institution, connue pour son approche éthique et sa rigueur en matière d’investissement responsable, avait déjà voté contre des plans similaires dans d’autres groupes internationaux. Le vote du 6 novembre 2025 s’annonce donc déterminant

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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