Révolution logicielle : pourquoi les véhicules utilitaires doivent devenir intelligents

Alors que le coût de financement des véhicules utilitaires ne cesse d’augmenter (+13.5 % pour un VUL entre 2022 et 2024 selon le TCO Scope), les professionnels du transport et de la logistique doivent faire face à un défi de taille : comment rester compétitifs tout en adaptant leurs flottes à des besoins plus variés, plus exigeants et en constante évolution ?

Karine Paulini
By Karine Paulini Published on 26 septembre 2025 5h00
Dacia annonce une citadine électrique européenne à 15 000 euros pour 2026
Révolution logicielle : pourquoi les véhicules utilitaires doivent devenir intelligents - © Economie Matin
7%L’industrie automobile représente quelque 7% du produit intérieur brut de l’Union européenne (UE)

Un marché en pleine accélération mais sous pression

Le marché mondial des véhicules utilitaires légers (VUL) connaît une croissance soutenue, portée par l’essor du e-commerce, des livraisons du dernier kilomètre et de la mobilité partagée. Ce marché devrait passer de 161 à 341 milliards de dollars d’ici 2032, avec une croissance annuelle de 9,8 % (Statista).

Mais cette dynamique s’accompagne de défis majeurs pour les constructeurs et les gestionnaires de flotte. Face à la diversité croissante des usages (livraison de produits frais, transport de passagers, conversion en véhicule de loisirs ou d’intervention) comment concevoir des véhicules capables de s’adapter, même après la vente, sans multiplier les variantes et exploser les coûts de production ?

Des plateformes flexibles, pensées pour évoluer

Les véhicules utilitaires ne peuvent plus être conçus comme des machines figées. Il devient indispensable d’imaginer des architectures modulaires, capables d’accueillir une variété de configurations dès la conception, mais aussi tout au long du cycle de vie du véhicule.

Un véhicule de livraison alimentaire devra garantir une température contrôlée, tandis qu’un utilitaire longue distance aura besoin d'assistance à la conduite avancée.

Construire une gamme différente pour chaque profil n’est pas réaliste en termes d’équilibre économique. D’où l’intérêt d’architectures flexibles, modulaires et évolutives, à la fois côté matériel et logiciel, pour déployer des services à la demande selon les besoins réels des utilisateurs.

La clé : une intelligence logicielle au cœur du véhicule

Au cœur de cette évolution se trouve le logiciel. Grâce à des architectures orientées services et à des réseaux embarqués de nouvelle génération (Automotive Ethernet, Time Sensitive Networking), les véhicules peuvent désormais recevoir des mises à jour OTA (Over-The-Air) sécurisées et traçables. Cela permet d’ajouter, modifier ou retirer des fonctionnalités sans passage à l’atelier, tout en réduisant les temps d’immobilisation.

Ces architectures connectées permettent aussi de collecter, analyser et exploiter les données en temps réel : température, géolocalisation, diagnostics embarqués, habitudes de conduite… Autant d’informations précieuses pour optimiser l’usage, anticiper les pannes ou ajuster dynamiquement les services proposés.

Enfin, cette intelligence logicielle s’étend bien au-delà de la chaîne de production. Le véhicule utilitaire devient un système ouvert, capable d’intégrer des équipements et fonctionnalités en aval sans compromettre sa stabilité logicielle. L’aftermarket devient ainsi un levier stratégique de personnalisation, d’agilité et de rentabilité pour les constructeurs comme pour les opérateurs de flotte.

Une opportunité décisive pour l’industrie

Le véhicule utilitaire entre dans une nouvelle ère : celle du véhicule défini par le logiciel, évolutif, connecté et reconfigurable, pensé pour répondre aux impératifs opérationnels, économiques et environnementaux les plus complexes.

Les gagnants de cette transformation seront ceux qui sauront anticiper les usages, intégrer de la flexibilité dès la conception et tirer parti des nouvelles architectures pour améliorer en permanence le véhicule, bien après sa sortie d’usine.

Mais cette mutation n’est pas l’affaire des seuls constructeurs. Elle mobilise un écosystème d’innovation, du développement logiciel embarqué à l’intégration aftermarket, en passant par les fournisseurs de plateformes techniques. C’est ensemble que ces acteurs pourront faire du véhicule utilitaire de demain un outil aussi agile que stratégique.

Karine Paulini

Business Development Director EMEA chez Sonatus

No comment on «Révolution logicielle : pourquoi les véhicules utilitaires doivent devenir intelligents»

Leave a comment

* Required fields