TikTok sous contrôle américain : détail du rachat signé par Trump

Le 25 septembre 2025, Donald Trump a promulgué un décret entérinant les grandes lignes d’un accord visant à la cession partielle des activités américaines de TikTok, dans un contexte de pression législative mettant en péril sa présence aux États-Unis.

Ce que contient l’accord de vente de TikTok selon le décret Trump

Le décret signé par Trump dessine les contours d’une opération de séparation (« divestiture ») entre TikTok US et sa maison mère chinoise, ByteDance. L’idée centrale est que la nouvelle entité américaine soit majoritairement détenue et contrôlée par des acteurs américains, tout en limitant la participation de ByteDance.

Plus précisément :

• Le décret prévoit que le groupe investisseur, incluant notamment Oracle et Silver Lake, prenne une participation d’environ 50 % dans la version américaine de TikTok.
• Le vice‑président JD Vance estime la valorisation de TikTok US à environ 14 milliards de dollars.
• ByteDance pourra conserver une part minoritaire (inférieure à 20 %).
• Le conseil d’administration de la nouvelle entité comptera sept membres, dont six seront des citoyens américains.
• L’accord impose que l’algorithme de recommandation soit une version « re‑entraînée » sous licence, avec contrôle américain exclusif sur le code et la modération des contenus.
• Le décret accorde un délai supplémentaire de 120 jours pour finaliser les détails de la transaction.

Enfin, selon la Maison Blanche, ce transfert est jugé conforme à la loi américaine dite Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications Act, qui impose que TikTok ne soit plus contrôlé par une « puissance étrangère ».

Enjeux de sécurité, souveraineté et relations avec la Chine

Sécurité nationale et contrôle de l’algorithme

Le point le plus sensible est l’algorithme de recommandation (le fameux « For You »). Dans le nouvel accord, c’est l’entité américaine qui détiendra les droits de gestion, de mise à jour et de sécurité de cette version. Le but est clairement de couper les chemins techniques qui pourraient permettre à la Chine d’influencer les flux de contenus ou de recueillir des données via l’algorithme.

Cependant, certains critiques soulignent que même une participation minoritaire de ByteDance pourrait laisser subsister des liens techniques ou contractuels non visibles, et que la séparation pure et parfaite reste un défi « sur le papier » (notamment en matière de données historiques, interconnexions et dépendances).

Souveraineté numérique et contreforce américaine

Ce rachat de TikTok est aussi une expression d’une politique de souveraineté numérique. En rendant l’application majoritairement américaine, Trump vise à privilégier une influence américaine sur les contenus, les choix algorithmiques et la gouvernance. Mais le fait que certains investisseurs soient des alliés ou soutiens politiques de Trump (comme Larry Ellison, Michael Dell ou Rupert Murdoch) suscite des inquiétudes de biais idéologiques dans les orientations de la plateforme.

Relations avec la Chine & validation diplomatique

L’accord ne sera effectif que si Beijing donne son feu vert — ce qui constitue un point de tension diplomatique. Trump affirme toutefois que Xi Jinping a déjà approuvé le principe de l’accord. Pour l’instant, l’ambassade de Chine à Washington n’a pas confirmé cette approbation.

Sur la scène internationale, cette cession peut être perçue par la Chine comme une concession, mais aussi comme une façon de préserver TikTok (et ses revenus) sur le marché américain au prix d’un désengagement.

Enjeux économiques & impact pour l’Europe

Valorisation, création de valeur et distribution

La valorisation de l’unité TikTok US est fixée à 14 milliards de dollars. Ce montant est modeste comparé aux estimations globales de ByteDance, mais il reflète la part commerciale américaine du groupe.

Le consortium formé comprendra Oracle, Silver Lake, MGX (fonds émirati), ainsi que d’autres investisseurs tels que Michael Dell et Rupert Murdoch. Les actionnaires américains se retrouveront avec une participation d’environ 65 % de la nouvelle entité TikTok US, tandis que ByteDance conserverait moins de 20 %.

Cette redistribution de parts pourrait redistribuer les profits, les droits de licence, et les revenus publicitaires vers les nouveaux actionnaires américains, dans un contexte économique national plus fermé.

Risques de concentration et de captation d’audience

Le virage vers une propriété américaine présente une asymétrie de pouvoir : l’accès à la plateforme pourrait être influencé par des intérêts nationaux ou politiques, même si Trump assure qu’aucune orientation partisane ne sera imposée.

Pour l’Europe, cela pose une double question. D’un côté, la surveillance accrue des plateformes américaines est renforcée depuis le RGPD et d’autres régulations (Digital Services Act, Digital Markets Act). D’un autre côté, l’Europe ne dispose pas actuellement d’un équivalent crédible à TikTok. Le basculement de TikTok US vers une entité nationale américaine renforce donc l’influence technologique des États-Unis vis‑à‑vis du reste du monde, y compris l’Europe.