Réduire la viande pour sauver des vies : la nouvelle mise en garde scientifique

Moins de viande, plus de santé et moins d’empreinte écologique, des scientifiques internationaux réaffirment qu’une alimentation plus végétale, avec très peu de viande rouge, sauvera des vies et réduira la pression climatique. Le nouveau rapport EAT-Lancet, publié le 2 octobre 2025, remet la viande au cœur d’un débat chiffré et documenté.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Last modified on 3 octobre 2025 15h33
Réduire la viande pour sauver des vies : la nouvelle mise en garde scientifique
Réduire la viande pour sauver des vies : la nouvelle mise en garde scientifique - © Economie Matin

Le débat sur la viande change d’échelle. La commission EAT-Lancet actualise son « régime de santé planétaire » et insiste, réduire la viande améliore la santé publique et la stabilité du climat. Cette synthèse s’appuie sur des données globales et relie consommation de viande, morbidité chronique et émissions agricoles. Les auteurs défendent des limites basses pour la viande rouge et appellent à des politiques alimentaires plus justes.

Moins de viande, plus de santé : que dit la science ?

Première constante, moins de viande équivaut à moins de morts prématurées. Les commissaires estiment qu’une transition vers un régime surtout végétal pourrait éviter environ 15 millions de décès prématurés par an, en réduisant les maladies cardiovasculaires, métaboliques et certains cancers, selon Associated Press, 2 octobre 2025. « Modifier les régimes alimentaires à l’échelle mondiale pourrait éviter jusqu’à 15 millions de décès prématurés par an. », rappelle la Commission EAT-Lancet. Cette projection, prudente, agrège de larges cohortes et conforte les messages de santé publique répétés depuis une décennie. Deuxième constante : la viande rouge doit rester marginale.

Les encadrés médiatisés autour d’une moyenne indicative d’environ 15 g/jour de viande rouge reflètent l’esprit des recommandations, centrées sur les légumineuses, les céréales complètes, les fruits et les noix, avec des apports modérés en produits laitiers et en viande. L’objectif n’est pas l’abstinence totale, mais une santé métabolique mieux protégée par une ration limitée de viande et une densité nutritionnelle élevée d’aliments végétaux.

Moins de viande, plus de planète : l’enjeu économique et climatique

La viande pèse lourd dans les émissions. Les systèmes alimentaires représentent environ 30 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre; ils franchissent plusieurs « limites planétaires », rappelle la Commission dans son rapport : « Les systèmes alimentaires représentent actuellement environ 30 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. ». En conséquence, même avec une énergie décarbonée, une surconsommation de viande et de produits très émetteurs peut décaler les trajectoires climatiques, comme l’analysent les chercheurs.

Dans le détail, modifier les régimes, donc baisser la viande, réduirait d’au moins 15 % les émissions agricoles; combiné à la lutte contre le gaspillage et à des gains de productivité soutenables, l’effet grimperait davantage. Ce signal importe pour l’économie : l’élevage intensif mobilise des intrants coûteux, expose aux risques sanitaires et aux aléas climatiques. Réorienter la demande de viande vers des volumes modestes libère des ressources, limite la volatilité des prix et favorise des filières végétales à plus forte valeur nutritionnelle, ce qui améliore la santé des ménages et la résilience des territoires.

Réduire la viande sans creuser les inégalités : cap sur la justice alimentaire

Le rapport 2025 met la justice au centre. « EAT-Lancet 2025 place la justice au centre… », rappelle la professeure Line Gordon, coautrice. Ajuster la viande ne doit pas signifier pénurie, mais accès élargi à des aliments sains. Les auteurs ciblent d’abord les zones à très forte consommation de viande, car ce sont elles qui tirent le plus l’empreinte carbone, tout en proposant des marges d’adaptation culturelle. Cette hiérarchie des efforts évite de pénaliser les populations en insécurité alimentaire, renforce la santé publique et soutient l’acceptabilité sociale.

Par ailleurs, les pistes politiques évoquées par les médias de référence incluent des subventions aux aliments de base, la régulation du marketing d’aliments ultra-transformés et des incitations à diversifier les sources protéiques pour réduire la viande sans déficit nutritionnel, selon The Guardian, 2 octobre 2025. Ces leviers créent un environnement où l’option à faible viande devient la norme économique : cantines, marchés publics et distribution peuvent réallouer leurs achats, ce qui entraîne des effets d’entraînement sur l’offre, la santé et l’innovation.

Comment manger moins de viande sans perdre en santé ?

Concrètement, la trajectoire proposée n’interdit pas la viande. Elle la dose. Les menus types privilégient les légumineuses pour les protéines, les céréales complètes pour l’énergie et les fibres, des fruits et légumes variés pour les micronutriments, avec du poisson et de la volaille en quantités modérées, et de la viande rouge ponctuellement. Cette flexibilité facilite l’adoption et limite les carences, un point clé pour la santé des publics spécifiques.

Pour les décideurs, l’enjeu est de bâtir un cadre incitatif, car les bénéfices agrégés sont élevés : moins de viande réduit les risques cardio-métaboliques et, simultanément, allège les coûts environnementaux. Ce double dividende, chiffré par les 15 millions de vies potentiellement sauvées et par la baisse mesurable des émissions, constitue un argument économique robuste. Les filières auront besoin d’investissements et d’accompagnement; toutefois, l’alignement santé-climat-pouvoir d’achat justifie l’accélération.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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