À partir de ce vendredi 24 octobre 2025, l’Assemblée nationale entame l’examen du volet recettes du budget 2026, un texte fondamental pour la trajectoire économique de la France. Entre ajustements fiscaux, arbitrages budgétaires et pressions des marchés, l’équation s’annonce complexe.
Impôts, déficit, niches : les arbitrages économiques du budget 2026 débattu ce vendredi 24 octobre 2025

Le budget 2026, débattu ce 24 octobre à l’Assemblée nationale, marque une étape critique pour les finances publiques françaises. Alors que l’économie peine à retrouver son équilibre post-crise, l’exécutif espère réduire les déficits, rationaliser les dépenses fiscales et rétablir une dynamique soutenable pour les comptes de l’État. Ce débat intervient après un rejet en commission, révélateur d’un climat politique sous tension.
Objectifs macroéconomiques et contraintes budgétaires
La première partie du Projet de loi de finances (PLF 2026), consacrée aux recettes, est au cœur de l’équation budgétaire de l’exécutif. En ligne de mire : le retour progressif vers une norme de déficit soutenable, tout en préservant la croissance potentielle.
Le gouvernement vise une réduction du déficit public à 4,7 % du PIB en 2026, contre 5,4 % prévus pour 2025, selon les chiffres présentés dans le texte budgétaire . Cette trajectoire repose sur une série de mesures fiscales, dont plusieurs sont à fort impact redistributif.
La stratégie s’appuie sur 6,5 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires ciblant les contribuables les plus aisés et 5 milliards d’euros d’économies par la suppression de 23 niches fiscales jugées inefficaces ou obsolètes. Ces ajustements interviennent dans un contexte de ralentissement de la croissance nominale, ce qui réduit l’effet d’élasticité des recettes fiscales.
Structure fiscale et effets redistributifs du Budget 2026
L’architecture fiscale proposée dans le PLF 2026 modifie substantiellement la répartition de l’effort contributif. Les mesures les plus structurantes portent sur l’impôt sur le revenu et la taxation du capital.
L’exécutif prévoit de geler le barème de l’impôt sur le revenu, ce qui devrait entraîner l’imposition de 200 000 foyers supplémentaires. Par ailleurs, un forfait de 2 000 euros remplacerait l’abattement de 10 % accordé aux retraités, accentuant l’effort demandé à cette population.
Autre point névralgique : l’instauration d’une taxe sur les holdings patrimoniales détenant plus de 5 millions d’euros d’actifs, avec un rendement estimé à 1 milliard d’euros, ciblant environ 10 000 contribuables. Ce prélèvement s’inscrit dans une logique de taxation accrue des patrimoines financiers, à l’heure où la concentration des richesses fait débat.
L’opposition, notamment à gauche, réclame une version élargie de cet impôt, en plaidant pour la fameuse « taxe Zucman », un impôt minimum de 2 % sur les fortunes de plus de 100 millions d’euros. Cette mesure, bien qu’absente du texte initial, pourrait faire l’objet d’amendements en séance.
Incertitudes politiques et effets potentiels sur la trajectoire économique
Le rejet de la partie recettes en commission des finances (37 voix contre, 11 pour) a souligné l’absence de majorité nette sur ce budget. Les groupes MoDem, Horizons et LIOT se sont abstenus, laissant entrevoir une fragilité de la majorité présidentielle. Le gouvernement a néanmoins exclu d’activer l’article 49.3, préférant miser sur des compromis parlementaires.
Ce choix stratégique n’est pas neutre sur le plan économique. La crédibilité du cadre budgétaire français reste sous la surveillance des agences de notation et de la Commission européenne, qui pourrait enclencher une procédure pour déficit excessif dès 2026. Le signal envoyé par l’Assemblée ce vendredi est donc susceptible d’influer sur la perception des marchés.
Par ailleurs, les incertitudes liées aux recettes projetées sont nombreuses. Les 3 200 amendements déposés sur la partie recettes illustrent le niveau de contestation et les risques de déstabilisation de l’équilibre initialement visé. Les arbitrages réalisés en séance détermineront si le budget 2026 peut réellement amorcer un redressement durable, ou s’il s’inscrit dans une logique de gestion à court terme.