L’Arenh, qui fixait un prix pour l’électricité d’origine nucléaire, va disparaître sous l’impulsion de Bruxelles dès le 1er janvier 2026.
Fin de l’Arenh : à quoi s’attendre sur les factures d’électricité en 2026 ?

Le 31 décembre 2025, l’Arenh disparaîtra définitivement du paysage énergétique français. Ce mécanisme central du marché de l’électricité, conçu pour encadrer les prix, cesse à une date précise, sous l’effet de décisions européennes et gouvernementales. À partir de 2026, l’Arenh laissera place à un nouveau cadre dont les conséquences sur les factures d’électricité inquiètent déjà une grande partie des Français.
Arenh : un pilier du marché de l’électricité appelé à disparaître
L’Arenh, pour Accès régulé à l’électricité nucléaire historique, a été instauré en 2011 dans un contexte de libéralisation du marché européen. Son objectif était clair : permettre aux fournisseurs alternatifs d’accéder à l’électricité nucléaire produite par EDF à un prix stable. Grâce à l’Arenh, ces acteurs pouvaient acheter jusqu’à 100 térawattheures par an à un tarif administré de 42 euros par mégawattheure, selon les règles fixées par l’État et la Commission de régulation de l’énergie.
Ce dispositif répondait à une double logique. D’un côté, il visait à favoriser la concurrence sur le marché de l’électricité en France. De l’autre, il cherchait à faire bénéficier les consommateurs du coût historiquement bas du nucléaire français. Toutefois, dès son origine, l’Arenh a cristallisé les tensions. EDF a régulièrement dénoncé un prix jugé trop faible, tandis que Bruxelles considérait ce mécanisme comme transitoire.
Sa disparition au 31 décembre 2025 n’est donc pas un accident. Elle découle à la fois des règles européennes de concurrence et d’un choix politique assumé par le Gouvernement français, qui a accepté de mettre fin à ce prix régulé. À partir de 2026, l’électricité nucléaire sera vendue au prix du marché, avec un système de redistribution partielle des revenus, le Versement nucléaire universel, censé corriger les excès.
Hausse des factures : quel niveau d’augmentation pour les ménages en 2026 ?
La fin de l’Arenh alimente une crainte centrale : une augmentation sensible du prix de l’électricité pour les ménages. Jusqu’ici, l’Arenh jouait un rôle d’amortisseur. En garantissant un prix de 42 euros par mégawattheure, il limitait l’exposition des fournisseurs à la volatilité des marchés européens. Or, à partir de 2026, cette protection disparaît totalement.
Selon les estimations reprises par plusieurs acteurs du secteur de l’énergie, le coût de référence du nucléaire pour la période 2026-2030 se situerait autour de 65,86 euros par mégawattheure, selon une analyse de la Commission de régulation de l’énergie relayée par Opera Énergie. Cet écart avec l’ancien prix Arenh illustre l’ampleur du choc potentiel.
Certaines projections évoquent une hausse du prix du kilowattheure TTC comprise entre 20 % et 45 % pour certains profils de consommateurs, selon une analyse publiée par Solarock. Toutefois, cette fourchette reste théorique. Elle dépendra étroitement des prix de gros en Europe, du niveau de production nucléaire en France et des mécanismes de redistribution mis en place par l’État. Néanmoins, l’inquiétude demeure vive, car sans l’Arenh, les ménages deviennent indirectement plus exposés aux tensions géopolitiques et aux variations du marché de l’énergie.
Réponse du gouvernement : rassurer sans promettre une stabilité absolue
Face aux craintes des Français, l’exécutif a choisi une ligne de communication prudente. Le gouvernement insiste sur le fait que la fin de l’Arenh ne signifie pas automatiquement une explosion des factures d’électricité. Il met en avant la création du Versement nucléaire universel, présenté comme un outil de redistribution destiné à limiter les hausses lorsque les prix de marché dépassent certains seuils.
Dans plusieurs déclarations reprises en décembre 2025, l’exécutif affirme anticiper une relative stabilité des factures pour la majorité des ménages en 2026 et 2027. Cette position repose sur l’hypothèse de prix de gros durablement modérés et sur un parc nucléaire français fonctionnant à plein régime. Toutefois, cette stratégie est aussi politique. Elle vise à désamorcer une contestation sociale potentielle, alors que l’énergie reste un sujet ultrasensible pour le pouvoir d’achat. Pour autant, le gouvernement ne garantit plus un prix administré comme le faisait l’Arenh. Ce changement marque une inflexion idéologique : l’État accepte davantage la logique de marché, tout en promettant d’intervenir en cas de dérive excessive.
