Associations : les attentes des Français face à un secteur sous pression

Alors que les associations occupent une place centrale dans la cohésion sociale, un sondage récent met en lumière l’opinion des Français : confiance élevée, attentes croissantes, inquiétude sur le bénévolat et interrogations sur le financement public. Ces résultats révèlent un secteur apprécié mais confronté à des fragilités structurelles, alors que les associations restent essentielles au lien social local.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Published on 6 novembre 2025 9h29
Associations Les Attentes Des Francais Face A Un Secteur Sous Pression
Associations : les attentes des Français face à un secteur sous pression - © Economie Matin

Publié le 5 novembre 2025, le nouveau sondage « Les Français et les associations », réalisé par Ipsos BVA pour le Groupe EBRA, offre une photographie précise du rapport que les Français entretiennent avec les associations. L’enquête met en évidence un attachement fort au rôle associatif, tout en soulignant un déficit d’engagement bénévole, des attentes élevées en matière de transparence et des tensions autour du financement public du secteur.

Les associations, un pilier du lien social

Le sondage révèle d’abord un contraste marqué : seuls 21 % des Français considèrent que le lien social est bon à l’échelle nationale, alors que 63 % estiment qu’il reste bon dans leur territoire. Cet écart de 42 points souligne la force des dynamiques locales. Dans ce contexte, les associations apparaissent comme un pivot essentiel du vivre-ensemble : 74 % des Français jugent qu’elles contribuent au maintien du lien social. Cette perception positive se double d’une confiance solide, puisque 73 % des sondés déclarent faire confiance aux associations, même si, parallèlement, les attentes en matière de transparence et d’efficacité restent élevées.

Parmi les catégories évaluées, les associations sportives recueillent 88 % d’images positives et les associations culturelles 85 %, tandis que les associations religieuses divisent beaucoup plus, avec seulement 48 % d’image favorable. En outre, 85 % des Français jugent les associations « plus proches des citoyens » que les institutions publiques ou les entreprises, et 73 % les considèrent plus efficaces. Enfin, 78 % estiment qu’elles remplissent des missions que ni l’État ni les entreprises ne parviennent plus à assurer, selon l’étude Ipsos BVA. Cette perception conforte la légitimité du tissu associatif, tout en renforçant la pression sur sa capacité d’action.

L’engagement bénévole en recul : un signal d’alerte

Si un peu moins d’un quart des Français déclarent faire du bénévolat, le sondage révèle une inquiétude largement partagée : 53 % constatent une baisse de l’engagement associatif. Le phénomène est encore plus net parmi les bénévoles eux-mêmes : 92 % affirment qu’il devient très difficile de recruter. Malgré cela, un potentiel existe : 39 % des Français se disent prêts à s’engager régulièrement, motivés par le désir d’être utile (55 %) ou la défense d’une cause personnelle (40 %).

Le principal frein avancé reste le manque de temps, cité par 30 % des répondants. L’enquête montre un engagement souvent ponctuel : seuls 12 % des bénévoles actuels ou potentiels accepteraient de prendre des responsabilités associatives. Les associations de solidarité apparaissent comme les plus mobilisatrices (54 %), devant les associations sportives (31 %) et culturelles (30 %). Cette fragilité structurelle interroge la capacité du secteur à répondre à des besoins en croissance constante, alors même que les attentes citoyennes envers les associations augmentent.

Le financement des associations, une source de tensions

Selon le sondage, 30 % des Français estiment que le financement des associations relève d’abord de l’État, et 29 % des collectivités locales. Ce point interroge le modèle économique du secteur, largement dépendant des financements publics. Beaucoup de citoyens ne mesurent toutefois pas que cette dépendance implique que l’ensemble des contribuables finance des organismes auxquelles ils n’adhèrent pas toujours. Cette réalité fait naître un débat récurrent sur l’allocation des fonds publics et sur la légitimité des soutiens accordés.

Le sondage indique que 86 % des Français souhaitent maintenir la déduction fiscale sur les dons, perçue comme essentielle à l’équilibre du secteur. Par ailleurs, 45 % privilégient l’efficacité dans l’utilisation des dons, quand 30 % mettent l’accent sur la transparence. Si 53 % jugent que les associations sont transparentes, les donateurs se montrent plus confiants, avec 71 % estimant qu’elles le sont réellement. Cette divergence illustre une demande croissante de lisibilité alors que le secteur continue d’être financé par l’ensemble des contribuables. Alors que les dépenses publiques ne cessent d'augmenter et que les Français demandent des baisses drastiques, le tissu associatif français peut être une piste pour réduire certaines prérogatives de l'Etat.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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