“Austérité” : pas de fin aux déficits

Les dirigeants annoncent une réduction du déficit. Le gouvernement estime pour l’instant à 172 milliards d’euros le déficit en 2023. Par contre, le ministre de l’Économie annonce une révision à l’avenir de la facture, “significativement au-delà” de l’estimation.

Henry Bonner Jardin Japonais
Par Henry Bonner Publié le 18 mars 2024 à 4h30
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112%La dette de la France atteint 112% du PIB

En effet, les récoltes d’impôts, sur le dernier trimestre de l’année dernière, arrivent sous les attentes d’au moins 7 milliards d’euros !

En général, les dirigeants cherchent des opportunités pour des initiatives et des interventions dans les médias. La mort du créateur de la série Dragon Ball, Akira Toriyama, la semaine dernière, donne par exemple l’opportunité à des hommages sur les réseaux de la part des ministres, et même du président.

De même, la lutte contre les déficits sert à présent de raison à des communications dans la presse. Les journaux relaient le message.

Le gouvernement vise 10 milliards d’euros de coupes en 2024, et jusqu’à 20 milliards d’euros en 2025, disent-ils.

Les journalistes croient, pour la plupart, à la nécessité de dépenses - pour la lutte contre les émissions de carbone, ou le soutien à l’industrie, par exemple.

Une baisse de déficits, “n’est-ce pas risquer de casser la croissance ?”, demande Le Monde au ministre de l’Économie, dans une interview.

Pourtant, les annonces d’économies par le gouvernement reviennent à peu de choses par rapport à la hausse de 50 milliards (au moins) du déficit par rapport à 2022.

En dépit de la fin des confinements, et de la crise de l’énergie, le gouvernement maintient un rythme de déficits au-dessus de la normale. Le graphique ci-dessous montre les déficits du gouvernement jusqu’en 2023 (aux chiffres de mars 2024), en pourcentage du PIB.

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En raison de la hausse des taux d’intérêts, le gouvernement paie de plus en plus de charge sur la dette. En 2023, le coût de la dette grimpe de 20 milliards d’euros, à 55 milliards d’euros, par rapport au niveau de 2020.

La charge des intérêts de la dette approche du niveau du budget de l’Éducation nationale, de 59 milliards l’an dernier !

Le déficit de la France atteint les mêmes niveaux qu’au Liban, où des années de surendettement mènent à un effondrement de l’économie et une dévaluation de plus de 95 % de la devise en 5 ans.

Pourtant, peu de gens, en particulier dans les médias, soutiennent la réduction des dépenses.

Un communiqué de l’infolettre Zéro carbone du journal, Les Echos, critique la réduction de la dépense sur le climat :

“On avait pu croire à un véritable élan sur le front de la transition écologique: une planification plutôt exhaustive, une hausse des dépenses (7 milliards d’euros de nouveaux crédit en 2024) plutôt ambitieuse. Las ! Au premier obstacle, le gouvernement se dérobe … Même si la hausse des crédits alloués à la transition écologique en 2024 est encore de 5 milliards d’euros, cela risque d’être insuffisant pour que la France tienne ses objectifs climatiques…

Pas de remise en cause aux déficits

À présent, les dirigeants donnent des assurances. Peu de choses changent en réalité, disent-il. Le gros de la dépense reste en place.

Dans son interview pour Le Monde, le ministre de l’Économie - Bruno Le Maire - explique :

“Nous faisons un seul choix : le rétablissement des finances publiques … Nous le faisons sans remettre en cause les grandes politiques publiques défendues par le président de la République : l’environnement, l’éducation, la santé, le travail voient leurs budgets augmenter depuis 2017.”

D’autre part, le ministre d’Industrie et de l’Énergie affirme dans une interview le maintien de 54 milliards d’euros d’aides aux entreprises via un programme de prêts, participations, et contrats, pour le plan “France 2030.”

FranceTVInfo donne des précisions sur le programme de France 30 :

“Depuis son lancement fin 2021, la moitié des 54 milliards d'euros de crédits prévus pour ce plan a déjà été engagée, selon l'Elysée. Ils ont bénéficié à 3 000 projets portés par 3 500 entreprises, pour moitié des PME, et centres de recherche. Il a permis de sécuriser la production en France d'un million de voitures électriques sur les deux millions visés par France 2030, de développer huit biomédicaments sur les 20 ambitionnés dans le plan, ou encore de faire émerger 12 projets de petites fusées spatiales.”

La dépense fournit des aides aux usines dans le pays. Elle comprend des projets de médicaments contre le cancer, rapportent les journaux. Ainsi, déclare le ministre à La Tribune : « Nous allons créer une alliance européenne du médicament ».

Selon le ministre, le pays a besoin de plus d’usines et de production, en partie pour la lutte contre les émissions de carbone. Il explique :

“Mon mot d'ordre, c'est produire. Alors que les Français traversent des difficultés pour se chauffer, se soigner, se nourrir, l'industrie est la réponse concrète. C'est la seule manière de réconcilier l'économie et l'écologie ! Si vous sacrifiez l'un ou l'autre, vous faites le lit des extrêmes, qui se sont construits sur les cendres de l'industrie française. Dès lors qu'elle renaît, la colère diminue.”

Ils ne remettent pas en cause les aides à l’industrie : “nous réduisons les dépenses, pas les investissements !,” dit-il

Or, les projets dans l’industrie impliquent en effet une hausse des déficits. En effet, l’intervention du gouvernement a lieu, la plupart du temps, à cause d’un manque de rentabilité !

En bref, les dirigeants rassurent les entreprises en connivence avec le gouvernement. Les annonces d’économies n’ont pas d’impact sur les aides à l’industrie.

Austérité : hystérie des médias

Les journaux soutiennent en général la dépense des gouvernements, et font opposition aux réductions de budgets.

La Croix met par exemple en cause la politique de coupes de dépenses par le nouveau président Javier Milei en Argentine :

“Depuis l’investiture de Javier Milei à la présidence il y a un peu plus de trois mois, le 10 décembre 2023, le nouveau gouvernement ultralibéral argentin applique une politique de restriction des dépenses publiques qui réduit drastiquement l’aide aux populations vulnérables.”

Les journaux voient peu l’impact de la dévaluation de la devise - la conséquences des politiques de déficits au fil du temps - sur la population. Ils croient à la nécessité de plus d’aides - et pas à la protection de la valeur de la devise.

Le blog Le Média veut par exemple des hausses de dépense. “Austérité : comment le Gouvernement ment pour vous faire accepter le pire”, annonce un titre.

Même le site Atlantico semble mettre en garde le gouvernement contre des baisses de dépense.

Ils citent une étude sur le risque de victoires des “extrêmes” lors de coupes de budgets :

“Nous constatons que les consolidations fiscales entraînent une augmentation significative de la part de voix des partis extrêmes, une baisse de la participation électorale et une augmentation de la fragmentation politique. Les partis d'extrême droite et d'extrême gauche profitent des réductions des dépenses publiques.”

Soutien des banques centrales

De plus, la fin du resserrement des taux d’intérêts entre en vue.

D’après le directeur de la Réserve fédérale, Jerome Powell : “Si l’économie évolue globalement comme prévu, il sera vraisemblablement approprié de commencer à réduire la politique de restriction, à un moment au cours de l’année.”

La Fed remet en marche la création de crédit. La Banque centrale européenne prend exemple. Une baisse des taux d’intérêt réduit la pression du déficit - et créent plus de raisons à la dépense.

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Henry Bonner Jardin Japonais

Henry Bonner a travaillé pour une société de finance spécialisée dans les minières, à San Diego, après des études de Physique. Il a ensuite aidé une société multinationale de lettres d'investissement à développer ses activités à travers l'Europe. Il rédige à présent des analyses boursières et économiques à son propre compte, et publie les conseils et points de vue d'experts avec lesquels il travaille.

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