Automobile : produire électrique en France, ce n’est pas une mauvaise idée

La production de petites voitures électriques en France pourrait devenir compétitive face à l’Europe de l’Est et à l’Espagne d’ici 2030, selon une nouvelle étude. Le passage à l’électrique change les règles du jeu, rendant possible la relocalisation sur le territoire national.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 29 mai 2024 à 14h00
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inside a electric vehicle battery pack shop at a VinFast factory in Haiphong, Vietnam on Saturday, Dec. 25, 2021. - © Economie Matin
2,5%Produire une petite voiture électrique en France ne coûterait que 2,5 % de plus qu'en Espagne.

Les constructeurs automobiles français ont historiquement délocalisé la production des petits modèles en Europe de l'Est, en Espagne ou en Turquie, tout en se concentrant sur les SUV en France. Cependant, une étude de la Fondation pour la nature et l'Homme (FNH) et de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) indique que la production de petites voitures électriques en France pourrait devenir compétitive face à ces pays d'ici 2030.

La France rattrape son retard compétitif dans l'automobile

Le rapport souligne que le passage à l'électrique modifie la structure des coûts. En effet, l'électrification réduit la part du travail humain dans le coût de production, au profit de l'énergie, dont le coût est avantageux en France.

Thomas Uthayakumar de la FNH explique que produire une petite voiture électrique en France ne coûterait que 2,5 % de plus qu'en Espagne et 2 % de plus qu'en Slovaquie, soit environ 260 euros supplémentaires par véhicule. Il est essentiel de donner la priorité à ces petits véhicules, moins polluants et adaptés aux trajets quotidiens.

La Chine reste un concurrent redoutable avec un avantage compétitif de 6 %, soit environ 1 000 euros par véhicule. Toutefois, cet avantage pourrait être diminué par une augmentation des droits de douane envisagée par la Commission européenne, et la conditionnalité du bonus écologique à une empreinte carbone limitée, comme c'est déjà le cas en France.

Renault a déjà pris l'initiative de relocaliser une petite voiture électrique, la R5, dont la production commencera bientôt dans le Nord. De son côté, Stellantis continue de produire des véhicules à forte valeur ajoutée en France, tout en fabriquant la petite C3 électrique en Slovaquie.

La Chine, un concurrent de taille

Bernard Jullien, économiste ayant contribué au rapport, affirme que le pari de Renault doit être soutenu pour garantir sa durabilité. La production automobile française a été divisée par deux depuis les années 2000, et la transition vers l'électrique pourrait représenter un tournant crucial. La voiture électrique nécessitant moins de main-d'œuvre, la relocalisation de ces petits modèles pourrait compenser la perte d'emplois.

Les auteurs de l'étude recommandent d'augmenter l'offre de petites voitures électriques produites en France pour réussir la transition énergétique. Ils soulignent que, malgré les coûts de production élevés, il est tout à fait possible et pertinent de fabriquer ces véhicules dans l'Hexagone. En appliquant une analyse fine des coûts, ils estiment que l'écart de compétitivité avec l'Espagne et la Slovaquie est beaucoup plus faible que prévu.

Pour renforcer cette compétitivité, ils prônent également l'application de droits de douane plus élevés sur les importations en provenance de Chine et l'adoption de règles commerciales conformes aux intérêts économiques et environnementaux de l'Europe. La conditionnalité du bonus écologique et le soutien à la production nationale pourraient jouer un rôle crucial dans la relocalisation de la production de petites voitures électriques en France, contribuant ainsi à la transition énergétique et à la création d'emplois.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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