Baisse constante de la productivité globale du travail en France depuis 1970

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Par Daniel Moinier Modifié le 29 novembre 2022 à 9h22
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50%Hors télétravail, les employés passent environ 50% de leur temps au travail

De 1945 au début des années 1970, les gains de productivité enregistrés par la statistique publique étaient en France de l'ordre de 5 à 6 % en moyenne par an. 5 à 6% de gains de productivité tous les ans, cela signifie qu'au bout de 12 ans, un salarié produisait en une heure, deux fois plus de quantités de biens.

C’est surtout depuis le début des années 80 que la productivité globale française a connu trois périodes de baisse :

  • Au début des années 80, suite à la diminution drastique des temps de travail.
  • En tout début des années 90 ; suite à une récession due en premier à la guerre du Golf, la réunification allemande, la sortie du Royaume-Uni et de l’Italie du Système monétaire européen avec dévaluation des monnaies. Cela a entamé largement la compétitivité des entreprises françaises.
  • Les exportations s’affaissent de 5% par trimestre depuis 1992. La France entre en récession. Première baisse du PIB à 0,5% au dernier trimestre 1992 et 0,9% au premier trimestre 1993. La production industrielle recule de 5,3 % sur l’année 1993. Le secteur du bâtiment est lui aussi touché avec un recul de 3,9% en volume.
  • Et au début des années 2000 suite à une nouvelle baisse du temps de travail : Les 35 heures.

Entre 1985 et 2000, le rythme moyen de la productivité tricolore était encore de 1,2% contre 0,4% sur la période 2012-2017. Si le ralentissement du progrès technique et le coup de frein du produit intérieur brut (PIB) au moment de la crise sont régulièrement avancés par les économistes, bien d'autres facteurs spécifiques peuvent expliquer cette dégradation des gains de productivité.

Les diverses raisons possibles de baisse de la productivité du travail :

  • L’environnement du travail.
  • Le manque de communication.
  • Une mauvaise gestion ou management limité.
  • Un sous-investissement dans l’éducation et l’enseignement supérieur.
  • Un manque d’investissements en matériel et immobilier.
  • Un déficit de formation.
  • Des compétences en baisse de la main d’œuvre, dans les plus faibles des pays de l’OCDE.
  • Un taux de chômage dans les plus hauts de l’OCDE.
  • Retard des entreprises françaises dans l’adoption des nouvelles technologies de l’information et de la communication (site Web, service cloud = moindre diffusion du numérique en entreprise et des salariés) mais aussi déficit de compétences de la population active.
  • Autre facteur important : La proportion de l’industrie en forte baisse dans l’emploi du secteur marchand.

En France, 1,4% du PIB est consacré à des activités de recherches au sein des entreprises. Contre 3,95% pour la Suède, 2,6% aux Etats-Unis, 3,15% au Japon. Idem pour le taux de croissance visé qui devait être de 3% alors qu’il est ressorti à 1,25%.

Résultat, l'économie française est loin de remplir les objectifs affichés par le traité de Lisbonne, qui fixe comme but deconsacrer 3% (privé et public) de son PIB chaque année aux dépenses de recherche et développement.

En matière d’emploi, les objectifs n’ont pas non plus été atteints. Ils n’étaient que de 64,3% en 2011, contre 70% préconisés. L’autre objectif concernait les 55-64 ans qui devaient atteindre un taux de 50%, résultat : 47,4%, en cause les anciens retards à rattraper et les carences de stratégie définie en 2000.

L’échec de la méthode employée MOC (Méthode ouverte de Coordination) résulte à ce que rien ne soit imposé, sans contrôle, juste par comparaison entre pays avec un manque de moyens financiers. Des états pourtant ont tiré leur épingle du jeu, en devenant positifs et en baissant leur dette. C’est très loin du cas de la France, de l’Italie…

L’échec pour beaucoup était patent en 2010. Face à cela, la Commission a mis au point une autre stratégie nommée :

Europe 2020, s’appuyant sur 3 axes stratégiques :

  • L’innovation.
  • L’accroissement du taux d’emploi.
  • La durabilité de la croissance.

Avec d’autres contraintes :

  • Un taux d’emploi global de 75%.
  • Un taux de la recherche de 3% du PIB.
  • Une réduction à 25% de la pauvreté.
  • Une diminution de l’échec scolaire à 10%.

Autre cause, la baisse de l’emploi dans l’industrie qui a chuté de 15 points depuis le début des années 80, passant de 30 à 15%.

La politique de réduction de charges sociales employeurs sur les bas salaires contribuant à l’embauche de personnel, a mécaniquement freiné les gains de productivité du travail.

En ce qui concerne l’éducation, le système éducatif français profite aux bons élèves, il se dégrade par le bas avec une hausse des élèves en difficulté au-dessus de la moyenne OCDE, en partie dû aux élèves issus du milieu les plus défavorisés. La loi permettant de passer ces classes à 15, devait enrayer quelque peu ce phénomène.

L'écart de productivité entre la France et les autres grandes économies de l'OCDE peut s'expliquer également par le taux de chômage. La France se distingue par un taux de chômage plus élevé et un taux d'emploi plus faible par rapport à l'Allemagne, aux États-Unis ou encore le Royaume-Uni. "Les personnes au chômage ou inactives étant susceptibles d'être en moyenne moins productives que les personnes en emploi, leur exclusion de fait pourrait expliquer une part des écarts de productivité entre les pays" soulignent les économistes.

Améliorer l'environnement de travail

Il existe de nombreuses façons d’améliorer l'environnement de travail, la communication et la gestion de votre entreprise. Hors télétravail, les employé.es passent environ 50% de leur temps au travail, mais ce temps est-il bien utilisé ? Des experts estiment que les performances décevantes s’expliquent en partie par la faiblesse de l’investissement privé et des structures de moins en moins industrielles par rapport à nos voisins.

Pour contrer cette baisse, la stratégie Europe 2020 réaffirme les ambitions du « paquet énergie-climat » adopté en 2008.

Au niveau de l’entreprise, la qualité du capital humain est fondamentale. Elle agit directement sur des déterminants mis en avant dans les études empiriques micro-économétriques comme la qualité du management et l’innovation, l’adoption de nouvelles technologies et les formes innovantes d’organisation du travail notamment.

La crise de 2008, quant à elle, ne semble pas avoir entraîné de nouvelle rupture structurelle, son impact sur la productivité ayant été plutôt conjoncturelle.

Si l’on fait une autre analyse sur la période 1980/2005, deux points importants ont rarement été évoqués :

  • Les fortes diminutions du travail et d’activités de 1982 et 2000 qui ont provoqué deux conséquences principales :
  • Une augmentation de la productivité horaire, nous projetant dans les meilleurs mondiaux, même si elle a diminué progressivement depuis une quinzaine d’années.
  • Une forte diminution de la productivité globale qui a annulé tous les gains de la production horaire et même provoquée une perte de compétitivité.
  • Il existe aussi une tendance chez les jeunes à ne plus se tuer au travail : « je ne ferais pas comme mes parents », sauf pour certaines branches d’activités plus intellectuelles, financières…
  • Autre exemple de plus en plus actuel, des enfants qui n’ont presque jamais vu leurs parents se lever pour aller travailler.

Ces diminutions d’horaires, alors que l’augmentation de la durée de vie augmentait sans discontinuer, ont eu des répercutions catastrophiques sur l’emploi, le niveau de vie des français.es et provoqué la baisse d’influence de la France dans l’échiquier mondial.

Heures payées perdues par salarié :

- 40h vers 39h = 52 heures

- 5ème semaine = 40 heures

- 8 mai férié = 8 heures

- 65 ans à 60 ans = 10.500 heures

Total : = 10.708 heures (perdues par an et par salarié base horaire)

Ces cadeaux faits aux salariés ont pénalisé fortement les entreprises devenant de moins en moins compétitives. Il s’en est suivi des fermetures d’usines, des délocalisations, des déserts industriels campagnards et par ricochet des fermetures de commerces, départs des professions libérales, médecins, etc…, une très forte hausse des impôts, des prélèvements sur salaires, entreprises, étendus aux retraites, indemnités chômage, à toutes transactions financières.... Il en résulte un chômage de plus en plus important, la création d’aides sociales et entreprises (environs 430 aides sociales uniquement) en tout genre, la plus importante ; les RMI/RSA, pour préserver la paix sociale et maintenir un niveau de vie décent, pour être encore assez bien classé au niveau du taux de pauvreté qui se situe malgré tout à 14,9% du PIB, soit 9,2 millions de personnes !

Décadence française due à des promesses électorales permettant une élection populaire. Le peuple français est loin d’être aussi sage et visionnaire que, par exemple, celui de notre voisin Suisse ou même Néerlandais ayant presque constamment augmenter leur niveau de vie.

www.danielmoinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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