Bétharram : François Bayrou auditionné sous tension par la commission

Le 14 mai a eu lieu l’audition parlementaire de François Bayrou, sur fond d’affaire Bétharram.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 16 mai 2025 17h35
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Paris, France, 26--02-2025 : Le Premier ministre François Bayrou Interministerial committee on the management of immigration in France, Hôtel de Matignon, Paris. - © Economie Matin
200Plus de 200 plaintes ont déjà été déposée à l'encontre de l'institution Notre-Dame de Bétharram.

Le mercredi 14 mai 2025, François Bayrou a comparu devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale chargée de faire la lumière sur les violences dans les établissements scolaires. Cette audition, attendue depuis plusieurs semaines, s’inscrivait dans le cadre des investigations liées à l’établissement privé Notre-Dame-de-Bétharram, situé à Lestelle-Bétharram dans les Pyrénées-Atlantiques. Le Premier ministre, également ancien président du conseil général du département et maire de Pau, a été interrogé pendant plus de cinq heures par les membres de la commission.

Dès l’ouverture, François Bayrou a revendiqué son droit à s’exprimer par un propos liminaire, bien qu’aucun passage initial de ce type ne soit prévu par le règlement interne de la commission. Il a dénoncé une mise en cause excessive, déclarant : « Pendant toute cette période où la polémique a été sur moi, il y a des centaines d’articles et des milliers de tweets pour me mettre en cause ». Il s’est défini comme une « cible politique » et a critiqué ce qu’il considère comme une instrumentalisation du scandale.

Mémoire, responsabilités et subventions : des réponses contestées

L’une des principales lignes de questionnement portait sur les décisions prises par François Bayrou dans les années 1990, notamment le vote de subventions publiques en faveur de l’établissement concerné, à une époque où il présidait le conseil général des Pyrénées-Atlantiques. L’intéressé a contesté les chiffres évoqués par certains médias, dont Mediapart, réfutant avoir accordé une somme d’un million d’euros. Il a déclaré : « C’était faux. J’avais l’intention de porter plainte ».

Par ailleurs, François Bayrou a affirmé ne pas avoir été informé de violences graves dans l’établissement, expliquant : « Tout ce que je savais, je l’ai su par la presse ». Il a cependant reconnu avoir été alerté d’un incident en 1996 impliquant une gifle infligée à un élève, ce qui avait conduit à l’ouverture d’une inspection académique. Il a précisé ne pas avoir lu l’intégralité du rapport, admettant : « Est-ce que j’ai lu le rapport de 1996 aussi attentivement que j’aurais dû ? Sûrement pas. Je n’ai dû lire que la conclusion ».

Confrontations et contradictions face aux membres de la commission

L’audition a donné lieu à plusieurs échanges vifs, notamment avec les co-rapporteurs Paul Vannier (LFI) et Violette Spillebout (Renaissance). Interrogé sur une possible rencontre avec le juge Christian Mirande, en charge d’un dossier lié à des violences sexuelles au sein de l’établissement, François Bayrou a reconnu une entrevue avec ce magistrat, qu’il a qualifiée de fortuite. Il a affirmé que cette rencontre n’avait pas porté atteinte au secret de l’instruction.

Le témoignage de Françoise Gullung, enseignante précédemment auditionnée, a également suscité de vives réactions. Elle avait déclaré avoir informé François Bayrou dès 1994 ou 1995. Celui-ci a catégoriquement nié, répondant : « Mme Gullung ne m’a informé de rien ». L’audition a été brièvement interrompue lorsqu’il a tenté de faire diffuser une vidéo qu’il n’avait pas transmise préalablement à la commission, ce qui a été refusé pour des raisons techniques et de procédure.

Une affaire à la dimension personnelle et politique complexe

L’audition a pris un tour plus personnel lorsque la fille de François Bayrou, Hélène Perlant, a révélé avoir été battue par un prêtre alors qu’elle était scolarisée à Bétharram, une information jusqu’alors inconnue du public. Cette révélation a ajouté une charge émotionnelle supplémentaire à une séance déjà tendue.

François Bayrou a multiplié les déclarations sur son engagement en faveur des victimes, assurant : « Je ne connais rien de plus abject que des adultes utilisant des enfants comme objet sexuel ». Il a rejeté les accusations de dissimulation, tout en maintenant qu’il avait agi avec responsabilité à l’époque.

Dans l’ensemble, cette audition a mis en lumière les tensions entre mémoire personnelle, responsabilités administratives et accusations contradictoires. La commission poursuit ses travaux et pourrait publier ses conclusions dans les prochaines semaines.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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