Longtemps considéré comme un second rôle dans le monde des moteurs de recherche, Bing revient dans la course face à Google. Une lente percée mais bien réelle, dopée par une stratégie à l’aide de l’intelligence artificielle.
Moteur de recherche : Bing grignote Google grâce à l’IA

Lancé en 2009, Bing n’avait jamais vraiment inquiété Google. Mais en deux ans, le vent a tourné. Derrière cette montée en puissance, un nom revient sans cesse : Copilot.
Le moteur de recherche de Microsoft boosté par l'IA
En deux ans, la dynamique s’est inversée. Selon StatCounter, Bing a gagné 3,4 points de part de marché mondialeentre juin 2023 et juin 2025, atteignant désormais 11,6 %. Aux États-Unis, la tendance est encore plus marquée : 29 % des recherches effectuées sur ordinateur passent par Bing, contre 60 % pour Google, qui a perdu 1,2 point sur la même période.
Ces chiffres n’auraient pas eu le moindre impact il y a encore trois ans. Car depuis son lancement public en 2009, Bing peinait à dépasser les 5 % de parts de marché dans la majorité des pays. En France, la situation reste d’ailleurs stable avec 5,12 % pour Bing contre 89,95 % pour Google.
Le véritable tournant remonte à février 2023. Microsoft intègre Bing Chat, renommé depuis Copilot, au sein de son moteur de recherche. Alimenté par les modèles d’OpenAI, cet assistant conversationnel transforme la manière dont les internautes interagissent avec la recherche en ligne.
La différence est structurelle. Plutôt que de taper une requête classique, les utilisateurs formulent une question complète. Le moteur, enrichi par l’IA générative, propose alors une réponse contextualisée, bien au-delà d’une simple liste de liens.
Selon Jordi Ribas, responsable de la recherche chez Microsoft : « Nous progressons également grâce à l’optimisation du web pour les chatbots tiers leaders, comme ChatGPT et Meta AI ».
Une croissance publicitaire corrélée à l’essor de Bing
L’augmentation du volume de recherche n’a pas seulement modifié les parts de marché. Elle a également généré un rebond des revenus publicitaires. Sur l’exercice 2024, Microsoft annonce une hausse de 13 %, atteignant 1,6 milliard d’euros. Une progression liée à la fois au revenu par recherche, et à l’intégration d’outils IA dans l’écosystème Windows et Edge.
Pour Microsoft, chaque point de part de marché représente environ 2 milliards d’euros d’opportunités publicitaires, selon Philippe Ockenden, vice-président financier de l’entreprise. La rentabilité de Bing, longtemps marginale, devient donc une donnée stratégique.
Face à cette offensive, Google n’est pas resté immobile. L’entreprise a réagi en déployant ses propres outils d’IA, notamment Gemini, capables de résumer une recherche, d’identifier un vêtement ou de reconnaître une image. Mais le modèle reste essentiellement linéaire. Et selon plusieurs analystes, les résultats proposés par Google sont de plus en plus critiqués pour leur manque de pertinence, notamment à cause de la présence massive de contenus traduits automatiquement ou optimisés pour les clics.
La différence de perception pourrait devenir un levier de conversion à moyen terme. Car malgré son retard historique, Bing propose désormais une expérience utilisateur différenciante, alignée sur les nouveaux usages : IA intégrée, navigation contextuelle, réponse directe. Autant de fonctions qui séduisent une partie croissante des internautes.