Avec une ambition affichée de réduire le déficit public à 5,4 % du PIB en 2025, le gouvernement Bayrou a présenté un budget comportant des mesures d’économies drastiques. Parmi les secteurs touchés : l’innovation, l’aide publique au développement, le sport et la culture. Ces annonces, dévoilées devant le Sénat, suscitent des critiques acerbes et une vive opposition.
Budget : dans quoi le gouvernement Bayrou va-t-il couper ?

Le gouvernement Bayrou a franchi une nouvelle étape dans sa volonté de redresser les finances publiques en annonçant, jeudi dernier au Sénat, une réduction des dépenses de plus de 30 milliards d’euros dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025. L’objectif est de ramener le déficit public à 5,4 % du PIB, un chiffre légèrement supérieur à la cible de 5 % fixée par le précédent gouvernement Barnier.
Coupes budgétaires tous azimuts
Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a qualifié cette initiative d’« effort historique », soulignant qu’il s’agit de la plus importante baisse des dépenses publiques depuis vingt-cinq ans. Cependant, cette stratégie de rigueur budgétaire ne se fait pas sans heurts.
Éric Lombard, ministre de l’Économie, a détaillé les principales coupes budgétaires, dont une réduction de plus d’un demi-milliard d’euros pour le plan France 2030, un programme phare soutenant l’innovation dans des secteurs stratégiques comme la santé, la recherche et l’espace. En parallèle, l’Aide publique au développement (APD) subira une baisse de 781 millions d’euros, s’ajoutant à des réductions précédentes. Ces mesures ont provoqué une levée de boucliers au Sénat, notamment parmi les élus de gauche, qui y voient un « renoncement aux engagements internationaux » de la France.
Le budget des Sports, déjà jugé insuffisant par de nombreux acteurs, subira une nouvelle coupe de 34 millions d’euros. Cette annonce a suscité l’indignation, notamment après le succès des athlètes français aux derniers Jeux olympiques. Teddy Riner et Léon Marchand ont exprimé leur mécontentement sur les réseaux sociaux, tandis que Jean-François Husson, rapporteur général du budget, a dénoncé une décision prise « à la dernière minute » et un manque de sérieux de la part du gouvernement.
Le sport et la culture en ligne de mire
Le secteur culturel n’est pas épargné. Une réduction de 50 millions d’euros dans le budget du ministère de la Culture s’ajoute à une précédente coupe de 100 millions opérée sous Michel Barnier. Le budget total du ministère s’élèvera donc à 4,45 milliards d’euros en 2025. Rachida Dati, au Sénat, a néanmoins obtenu une enveloppe spécifique pour le patrimoine, soulignant qu’environ 5 % des monuments historiques français sont en péril.
Ces arbitrages budgétaires, bien qu’ambitieux dans leur objectif de maîtrise des dépenses, risquent d’exacerber les tensions politiques et sociales. L’opposition craint notamment que cette rigueur budgétaire ne compromette des secteurs clés, notamment dans le sport après le triomphe des Jeux olympiques à Paris.
Ces annonces, présentées comme nécessaires pour redresser les finances publiques, posent la question des priorités gouvernementales et de leur impact à long terme sur des domaines stratégiques pour la France.