42 600 milliards : le record du top 100 des Bourses mondiales

Le classement mondial des plus grandes entreprises cotées vient de battre un nouveau plafond. Derrière le record établi en mars 2025 se cache une redistribution des équilibres géographiques, une volatilité sectorielle inattendue et un renforcement des lignes de fracture entre les champions économiques de demain.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 26 mai 2025 5h29
Bourse : une nouvelle taxe sur la spéculation journalière
Bourse : une nouvelle taxe sur la spéculation journalière - © Economie Matin
33%Le secteur de la tech pèse 33% du top 100 mondial boursier.

Le 8 mai 2025, PwC a publié son rapport annuel Global Top 100 Companies by Market Capitalisation, révélant que la capitalisation en Bourse cumulée des 100 premières entreprises cotées dans le monde a atteint 42 600 milliards de dollars au 31 mars 2025. Ce chiffre marque une progression de 7 % en un an, bien en retrait par rapport à l’augmentation de 27 % enregistrée en 2024.

Capitalisation boursière : les États-Unis surclassent, la Chine accélère, l’Europe rétrograde

La capitalisation boursière est-elle toujours le thermomètre fidèle de la puissance économique ? Si l’on s’en tient aux chiffres, les États-Unis dominent outrageusement : 31 100 milliards de dollars, soit 73 % du total mondial, en progression de 8 % relayent notamment Les Echos. Les chiffres sont éloquents : près des trois quarts de la valeur boursière mondiale sont concentrés entre les mains d’un seul pays.

Au cœur de cette domination, les "Sept Magnifiques" — Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Meta, Nvidia et Tesla — concentrent à eux seuls 15 000 milliards de dollars de capitalisation. Pourtant, leur croissance ralentit brutalement : +10 % cette année, contre +50 % en 2024, un signal fort d’essoufflement dans l’euphorie technologique. Mike Wisson, partenaire Global IPO chez PwC, souligne que « les incertitudes macroéconomiques et géopolitiques ont pesé sur la confiance des investisseurs vis-à-vis des valeurs tech et IA ».

Face au colosse américain, la Chine (y compris Hong Kong SAR) enregistre une performance spectaculaire : +51 % de hausse annuelle, atteignant une capitalisation de 3 100 milliards de dollars, selon PwC et Option Finance. Elle rafle ainsi la deuxième place à l’Arabie saoudite, qui plafonne à 1 700 milliards. Ce bond chinois repose sur l’entrée de trois nouveaux groupes dans le Top 100, fruits d’un redéploiement stratégique vers les secteurs de l’énergie verte, de la santé et des semi-conducteurs.

L’Europe, quant à elle, s’effondre : recul de 13,6 % de la valorisation totale, deux entreprises évincées du classement. La France glisse à la cinquième place (780 milliards de dollars), dépassée par le Royaume-Uni (866 milliards).

Capitalisation : le Top 100 mondial est quasiment inatteignable

Accéder au Top 100 mondial de la capitalisation boursière devient un défi titanesque. En 2025, le seuil d’entrée a été relevé à 152 milliards de dollars, soit +8 % en un an. Pour les sociétés qui rêvent d’y figurer, la montée en puissance doit être fulgurante, stratégique… ou spéculative.

Sur les 13 nouveaux entrants, la majorité provient d’Asie, notamment des entreprises chinoises positionnées sur l’énergie propre, les batteries à état solide, les services d’assurance numérique et la tech médicale. Les valeurs traditionnelles (automobile, énergie fossile, télécoms historiques) en sont les grandes absentes. D’un autre côté, l’érosion de certaines figures occidentales est notable : des groupes européens parmi les plus anciens du classement sont sortis cette année, en raison d’une stagnation structurelle et d’un manque d’investissement dans l’innovation.

Secteurs en tension : les entreprises de la tech bientôt dépassées par la finance ?

Si le secteur technologique conserve la tête du classement en valeur absolue (13 900 milliards de dollars, soit 33 % du total), son rythme de croissance ralentit sévèrement, passant de +50 % en 2024 à +5,3 % en 2025. Un ralentissement que les analystes attribuent à une saturation des marchés et à la prudence nouvelle des investisseurs face aux promesses encore floues de l’intelligence artificielle générative.

La vraie surprise vient du secteur financier, qui réalise une hausse de 39 %, pour un total de 6 200 milliards de dollars. Les grandes banques universelles américaines, les fintech asiatiques réglementées et certaines plateformes d’investissement tokenisé ont vu leur capitalisation exploser, profitant de la montée des taux et d’un repositionnement des portefeuilles institutionnels vers des valeurs jugées « plus tangibles ». Les secteurs de l’énergie, en revanche, restent à la traîne : ni Shell, ni ExxonMobil, ni TotalEnergies ne progressent dans le classement. En cause : la perception d’un futur à zéro carbone, même si les profits sont encore solides.

Des marchés sous tension : vers une polarisation durable ?

Ce classement ne se contente pas de photographier l’état des marchés ; il en révèle la tendance profonde : l’hyperconcentration de la valeur, aussi bien géographique que sectorielle. Le fait que 73 % de la capitalisation mondiale soient détenus par des entreprises américaines constitue un déséquilibre structurel majeur.

Plus encore, l’analyse montre que seules 15 entreprises concentrent plus de 50 % de la valeur totale du Top 100. La valorisation boursière devient ainsi un miroir déformant, où quelques géants captent l’essentiel de la richesse cotée, tandis que le reste du monde peine à exister.

Capitalisation boursière : un record éclatant mais fragile

Avec 42 600 milliards de dollars de capitalisation cumulée, les 100 premières entreprises cotées mondiales établissent un record historique. Mais ce sommet repose sur des équilibres précaires : un monopole américain inquiétant, une montée asiatique rapide mais instable, une Europe en repli et des écarts sectoriels de plus en plus marqués.

Comme le souligne PwC dans son rapport : « Ce classement 2025 montre que la puissance financière ne garantit pas la pérennité ; elle exige adaptation, anticipation et agilité. »

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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