Le 26 octobre 2025, les Européens reculeront leurs montres d’une heure pour passer à l’heure d’hiver. Ce rituel biannuel, instauré à l’origine pour économiser l’énergie, ne produit plus les effets escomptés. Alors que la société évolue vers des modèles de sobriété et d’efficacité, le changement d’heure apparaît de plus en plus comme un dispositif décalé voire obsolète.
Le changement d’heure est devenu inutile : il ne fait plus rien économiser aux ménages
By
Published on 22 octobre 2025 11h19
20%Dans les années 1980, l’éclairage représentait plus de 20 % de la consommation résidentielle en Europe
Le changement d’heure, censé optimiser la lumière naturelle et réduire la consommation d’électricité, était autrefois un symbole d’adaptation. Aujourd’hui, il s’impose comme un vestige d’une époque révolue. Les dernières analyses européennes montrent que son impact énergétique est désormais marginal, tandis que ses effets sociaux et sanitaires interrogent.
Changement d’heure : une mesure née d’une logique d’économie d’énergie
Le changement d’heure a été conçu pour répondre à une urgence énergétique : le premier choc pétrolier de 1973. Les États européens cherchaient alors à limiter leur dépendance au pétrole et à optimiser les heures de lumière naturelle. En 1980, la Communauté économique européenne harmonise la mesure, puis la formalise en 2000 à travers la directive 2000/84/CE : passage à l’heure d’été le dernier dimanche de mars, retour à l’heure d’hiver le dernier dimanche d’octobre.
À cette époque, la logique était claire : retarder l’allumage des lampes domestiques en soirée permettait de réduire la demande électrique. Dans les années 1980, l’éclairage représentait plus de 20 % de la consommation résidentielle en Europe, contre moins de 5 % aujourd’hui selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). L’effet du changement d’heure s’en trouve donc considérablement amoindri.
Les progrès technologiques LED, automatisation, domotique ont transformé les usages. L’énergie n’est plus gaspillée dans l’éclairage, mais dans la climatisation, les serveurs informatiques ou le transport. « Ce dispositif a eu du sens dans un monde analogique, mais plus dans une économie numérique et décarbonée », résume un expert cité par El Pais.
Les ménages n’économisent quasiment plus rien sur leur facture d’énergie
En 2025, ce changement se fera la nuit du samedi 25 au dimanche 26 octobre 2025, à 3h. Il faudra alors reculer les aiguilles d’une heure. Mais selon plusieurs études reprises par El Pais et RTVE, les économies d’énergie liées au changement d’heure ne dépasseraient plus 6 euros par an et par foyer. Un chiffre dérisoire, quand la consommation énergétique moyenne des ménages européens avoisine 1 500 euros par an.
Les profils de consommation ont radicalement changé. L’éclairage est devenu négligeable dans les bilans, tandis que la demande diurne explose, portée par la climatisation, le chauffage électrique et les usages numériques. Autrefois conçu pour lisser les pics du soir, le décalage horaire n’a plus d’effet sur la courbe réelle de charge des réseaux.
Les autorités européennes en ont conscience. La Commission a déjà lancé plusieurs études sur la fin du dispositif, et le Parlement européen s’est prononcé dès 2019 pour son abolition. Cependant, l’absence d’accord entre États membres sur l’heure de référence a bloqué toute réforme.
Au-delà de la question énergétique, le changement d’heure pose aussi des problèmes sociaux et sanitaires. Les chercheurs de la Sociedad Española del Sueño estiment que les transitions biannuelles perturbent le rythme circadien, entraînant une baisse de concentration et une augmentation temporaire des accidents du travail.
L’Union européenne n’a pas encore tranché, mais la tendance est claire : plusieurs États, dont l’Espagne, la Finlande et la Pologne, plaident pour une suppression coordonnée dès 2026.