Chômage : après 7 ans de Macron, on en est où ?

Depuis son arrivée au pouvoir en mai 2017, Emmanuel Macron a entrepris de nombreuses réformes pour dynamiser le marché de l’emploi et réduire le chômage en France. Avec un taux de chômage élevé, avoisinant les 9,5 % au moment de son élection, le défi était de taille. À la fin de 2024, les chiffres révèlent des évolutions contrastées, témoignant d’une dynamique complexe… mais positive.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 27 janvier 2025 à 14h20
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16%Le taux de chômage des jeunes fin 2024 était de 16%.

France : Une baisse globale du chômage, mais à nuancer

En 2017, la France affichait un taux de chômage national de 9,5 %. Depuis, une tendance à la baisse s’est affirmée, atteignant 7 % en 2023 et 6,8 % en décembre 2024. Cette diminution s’est traduite par une création nette d’emplois, soutenue par des réformes économiques et des programmes d’accompagnement ciblés. Cependant, les disparités entre les tranches d’âge, les sexes et les catégories de demandeurs d’emploi révèlent une réalité plus nuancée.

Les mesures prises, comme les ordonnances réformant le code du travail, ont contribué à flexibiliser les contrats et à encourager les embauches, notamment dans les petites et moyennes entreprises. De plus, l’investissement dans la formation professionnelle a permis à de nombreux actifs de s’adapter aux besoins d’un marché en constante évolution.

Cependant, l’amélioration globale cache des évolutions moins favorables pour certaines populations. Les jeunes et les demandeurs d’emploi de longue durée restent particulièrement vulnérables, et la précarisation de l’emploi a progressé, notamment dans les secteurs des services et du commerce.

Évolution par catégories de chômage

Le chômage est souvent analysé à travers les catégories définies par Pôle emploi, qui permettent de distinguer les demandeurs totalement inactifs (catégorie A) de ceux exerçant une activité réduite (catégories B et C).

La catégorie A : Une réduction marquée

Entre 2017 et 2024, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) est passé de 3,6 millions à 2,8 millions. Cette baisse reflète à la fois une reprise de l’emploi et une meilleure transition des actifs vers des emplois, même précaires.

Les catégories B et C : Une augmentation notable

En parallèle, les catégories B et C, regroupant les demandeurs ayant une activité réduite, ont augmenté de manière constante, atteignant environ 2,4 millions en 2024. Cette progression traduit la montée des emplois à temps partiel et des contrats courts, qui permettent à certains de rester actifs mais ne leur offrent pas une stabilité suffisante.

Chômage en France : les disparités entre hommes et femmes persistent

L’analyse par sexe révèle des écarts persistants dans l’accès à l’emploi. En 2017, le chômage touchait 9,3 % des hommes contre 9,7 % des femmes. En 2024, le chômage masculin est descendu à 6,4 %, tandis que le chômage féminin s’élève à 7,2 %. Cette différence s’explique en partie par la nature des emplois créés, souvent concentrés dans les secteurs traditionnellement masculins, comme la construction ou l’industrie, qui ont bénéficié d’années dynamiques. Mais le secteur s’essouffle de plus en plus.

En revanche, les femmes, surreprésentées dans les secteurs des services, de la santé et de l’éducation, ont été davantage touchées par les effets de la pandémie de COVID-19 et la précarisation des contrats.

Les jeunes face au défi de l’emploi : le chômage les touche de plein fouet

Les jeunes âgés de 18 à 25 ans sont particulièrement exposés au risque de chômage, avec un taux qui reste supérieur à la moyenne nationale. En 2017, près de 23 % des jeunes étaient au chômage. Malgré les dispositifs comme « Un jeune, une solution » ou l’apprentissage, ce chiffre s’élève encore à 16 % en 2024. La difficulté d’intégrer durablement le marché de l’emploi reste un défi, malgré une amélioration notable par rapport à la décennie précédente.

Si le chômage des jeunes demeure élevé, les actifs âgés de 26 à 49 ans ont bénéficié de la plupart des créations d’emplois, avec un taux de chômage passant de 7,8 % en 2017 à 5,5 % en 2024. En revanche, les seniors (50 ans et plus) rencontrent des difficultés croissantes à rester en activité, bien que leur taux de chômage soit inférieur à la moyenne nationale (5,1 % en 2024). Cela s’explique par des préjugés sur leur employabilité et par des restructurations dans des secteurs où ils sont surreprésentés.

Évolution du taux de chômage par tranche d’âge (2017-2024)

Année Taux de chômage (18-25 ans) Taux de chômage (26-49 ans) Taux de chômage (50 ans et plus) Taux de chômage global Demandeurs d'emploi catégorie A (millions) Demandeurs d'emploi catégorie ABC (millions)
2017 23% 7.8% 6.1% 9.5% 3.6 5.8
2019 18% 6.5% 5.5% 8.1% 3.1 5.4
2021 17% 6.0% 5.3% 7.6% 2.9 5.3
2024 16% 5.5% 5.1% 6.8% 2.8 5.2

Si l’évolution globale du chômage est encourageante, plusieurs défis subsistent. La précarisation de l’emploi, la faible inclusion des jeunes, et les difficultés des seniors à rester dans l’emploi nécessitent des actions spécifiques. La montée en puissance des contrats courts et l’externalisation de l’emploi posent également la question de la qualité des emplois créés.

Par ailleurs, les mutations économiques, notamment la transition écologique et la numérisation, obligeront à adapter les compétences des travailleurs. La formation professionnelle, déjà renforcée sous le mandat d’Emmanuel Macron, devra jouer un rôle central pour préparer les actifs aux métiers de demain.

Le chômage en France a baissé… mais reste élevé

Depuis 2017, la France a enregistré une baisse significative de son taux de chômage, passant de 9,5 % à 6,8 % en 2024. Si les réformes engagées ont permis de stimuler la création d’emplois, elles n’ont pas suffi à endiguer certains problèmes structurels, comme la précarisation ou les inégalités entre catégories sociales. L’avenir du marché du travail français dépendra de la capacité à intégrer les jeunes, à accompagner les transitions professionnelles et à améliorer la qualité des emplois créés. L’ambition affichée de parvenir au plein emploi devra s’appuyer sur des politiques inclusives et durables.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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