Les 5 thèmes clés de la COP28

La 28ème édition de la COP a débuté ce 30 novembre à Dubaï. Les attentes concernant de nouveaux accords majeurs sont très limitées, mais cette édition offrira sans doute un premier aperçu significatif de l’influence de l’Accord de Paris de 2015 sur les actions des Etats en matière de lutte contre le changement climatique.

Cameron Graig Flanklin Templeton
Par Craig Cameron Publié le 6 décembre 2023 à 4h30
Cop 28 Rendez Vous Ecologie International Heal
Les 5 thèmes clés de la COP28 - © Economie Matin
500 MILLIARDS $Les pays pauvres ont déjà subi plus de 500 milliards de dollars de dégâts liés au réchauffement climatique.

Le tout premier bilan mondial (une sorte de rapport d'avancement des politiques climatiques des pays membres) vient d’être publié pour coïncider avec la COP28. Les résultats sont déplorables et montrent que les politiques et actions actuelles sont loin d'être suffisantes pour se conformer à un scénario de réchauffement de 1,5C d’ici 2030.

Bien qu’il n’y ait aucune surprise dans ce constat, les conclusions qui seront dévoilées lors de la COP28 pourront être mises à profit pour aller plus loin en termes d’actions climatiques à l’avenir.

Voici cinq sujets que l'équipe du Templeton Global Climate Change Fund espère voir abordés lors de la COP28 :

Réglementation et action climatique : entre urgence et ambition

La fenêtre pour se conformer aux ambitions de l'Accord de Paris est en train de se refermer progressivement. En effet, nous sommes désormais à mi-chemin entre l'accord de 2015 et celui de 2030, avec encore de nombreux objectifs à atteindre pour rester sur la bonne voie. Pour suivre une trajectoire de 1,5 °C, il faudrait que les émissions annuelles diminuent d'environ 43 % par rapport aux niveaux de 2019 d'ici la fin de la décennie. Une statistique beaucoup plus difficile à atteindre si l'on considère que les émissions mondiales n'ont pas encore atteint leur maximum, ce qui doit être urgemment pris en compte. Lors de la COP28, les États membres des Nations unies auront l'occasion de réagir aux conclusions du premier bilan mondial, et nous espérons que la gravité du rapport et le projet de le reconduire tous les cinq ans permettront une prise de conscience sur la nécessité de mettre en place des actions rapidement, mais aussi sur le besoin d’une plus grande ambition et coopération de la part des dirigeants politiques.

Chez Franklin Templeton, nous cherchons à investir dans des entreprises contribuant activement à la réduction des émissions de CO2, et nous observons un potentiel significatif dans ce secteur, notamment dans le cas où une législation et des objectifs plus ambitieux serait déterminés.

Véhicules électriques (VE) : déploiement et investissement

Le taux actuel d'adoption des VE, mesuré en pourcentage des ventes de véhicules neufs, était d'environ 14 % en 2022 et est en passe d'atteindre environ 18 % cette année. La croissance de l'adoption des VE a été significative, soutenue à la fois par le comportement des consommateurs et par la réglementation. Cependant, nous restons bien en deçà de l'estimation de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) selon laquelle 65 % des ventes de nouveaux véhicules devront être électriques d'ici à 2030 pour que nous puissions atteindre nos ambitions en matière d'émissions nettes zéro. Cela signifie que la croissance de l'adoption des VE doit approximativement doubler à partir de maintenant. Cet objectif pourrait être atteint à la fois par la baisse des ventes de véhicules traditionnels et par l'accélération des ventes de véhicules électriques. Bien que les dernières nouvelles concernant le secteur aient été mitigées, la baisse des prix ainsi que les nouveaux engagements et législations potentiels pourraient contribuer à stimuler le marché jusqu'à la fin des années 2020.

Pour les investisseurs qui se concentrent sur le changement climatique, nous pensons qu'une augmentation de l'adoption des VE représente une énorme opportunité économique, non seulement pour les fabricants et les fournisseurs de VE, mais aussi pour les industries et secteurs qui y sont liés, notamment l'extraction du lithium, la production d'aluminium, les pièces détachées automobiles et les batteries.

Favoriser la croissance des énergies renouvelables

Avant l’ouverture de la COP 28, le sultan Ahmed Al-Jaber, président de l’événement, a insisté pour qu'un accord soit trouvé sur de nouveaux objectifs en matière d'énergies renouvelables et d'efficacité énergétique, ce qui pourrait nous donner une idée de ce à quoi nous pouvons nous attendre cette année et qui serait synonyme de "réussite".

Les objectifs sont ambitieux : M. Al-Jaber a exhorté les membres de la COP28 à se mettre d'accord sur des objectifs visant à tripler le recours aux énergies renouvelables d'ici à 2030 et à doubler la progression en termes d’efficacité énergétique. Selon l’AIE, ces chiffres sont ceux que nous devons atteindre d'ici 2030 pour revenir sur la trajectoire d’un scénario à 1,5C. En effet, tripler le recours aux énergies renouvelables est le principal facteur de réduction des émissions, selon les prévisions de l'agence.

Cette nécessité intervient à un moment difficile pour le secteur des énergies renouvelables, qui souffre de la hausse des taux d'intérêt et de l'envolée des coûts, ce qui a nui à la rentabilité des nouveaux projets, et ce, alors même que le prix de l'énergie fossile a augmenté. Dans une certaine mesure, le gouvernement britannique a pris les devants en annonçant, début novembre, une augmentation de 66 % du prix maximum qu'il était prêt à payer pour les futurs parcs éoliens offshore. Malgré cela, ce prix reste bien inférieur à celui que les consommateurs finaux paient pour l'électricité, ce qui suppose une « marge » pour une tarification plus élevée des énergies renouvelables dans un environnement où les prix de l'énergie sont plus élevés de manière générale. Pour réaliser les ambitions d’Ahmed Al-Jaber et de la COP28, une augmentation de ce type d’initiatives sera nécessaire à l'échelle mondiale.

Progrès en matière de financement entre les pays

L'un des points mis en évidence par le bilan mondial est que, bien que les émissions mondiales continuent d'augmenter, les émissions des pays considérés comme "développés" ont déjà atteint leur pic.  Certains pays en développement ont déjà commencé à réduire leurs émissions, mais cela risque d’être plus délicat pour ceux qui ont eu recours aux combustibles fossiles bon marché pour développer leur économie. Outre l'argument environnemental, il existe également un argument social : les économies les plus pauvres disposent de ressources limitées et les dépenses consacrées à la réduction des émissions risquent d'être reléguées au second plan par rapport à d'autres priorités. Nous pensons qu'un accord sur le financement de la transition énergétique est donc nécessaire pour faire progresser le bouquet énergétique des pays en développement et pour atténuer ces tensions sociales.

Bien que leurs émissions soient déjà faibles ou en baisse, les pays pauvres seront les plus touchés par le changement climatique. L'année dernière, lors de la COP27, un accord a été conclu en vue d'établir un fonds de pertes et dommages afin d'aider ces pays. Toutefois, la concrétisation de cet accord a été lente et nous espérons des mesures significatives durant cette COP28.

Promouvoir les technologies de captage du carbone et les solutions fondées sur la nature

Toute une série de technologies et de solutions seront nécessaires, non seulement pour se remettre sur la voie d'un réchauffement limité à 1,5 °C, mais aussi pour compenser les années d'émissions excédentaires et les émissions des secteurs les plus difficiles à décarboner. Des technologies de capture du carbone efficaces et rentables pourraient contribuer à faire face à certains défis de la transition énergétique, tels que l'intermittence des énergies renouvelables ou les coûts perdus dans la construction d’infrastructures basée sur les combustibles fossiles. Toutefois, des fonds et un soutien sont nécessaires pour investir dans ces technologies et les développer, car ce domaine nécessite également des actions rapides et de plus grandes ambitions.

En outre, l’échange de quotas d’émissions ainsi que les crédits et marchés du carbone sont essentiels pour permettre aux entreprises de réduire leurs émissions de manière efficace. Une reconnaissance formelle de ce fait constituerait une première étape vers sa légitimation. Actuellement, les crédits carbone volontaires sont nettement moins chers que ceux des systèmes d’échange plus formels, démontrant une faible confiance et normalisation du secteur, en particulier pour les solutions fondées sur la nature. Un accord sur la fongibilité à long terme des crédits serait une bonne première étape dans la mise en œuvre de ces alternatives de décarbonation, à condition qu'elles soient bien réglementées et contrôlées afin de garantir une séquestration du carbone réellement significative. Il existe très peu de technologies de décarbonation capables d’avoir des effets positifs plus larges sur la société et la biodiversité à l’imagine des solutions fondées sur la nature.

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Cameron Graig Flanklin Templeton

gérant du Templeton Global Climate Change Fund

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