Déficit public : le FMI remet en cause les prévisions du gouvernement

Le Fonds monétaire international (FMI) a révisé ses prévisions pour la France, augmentant le déficit public attendu à 4,5% du PIB en 2027, contre 4,3% précédemment. Bruno Le Maire promet de faire « tout ce qui sera nécessaire pour passer sous les 3% ».

Stephanie Haerts Economie Matin
Par Stéphanie Haerts Modifié le 24 mai 2024 à 10h12
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4,5%Le FMI anticipe un déficit public plus élevé que prévu pour la France en 2027, plongeant l'exécutif dans l'embarras.

Cette nouvelle prévision du FMI, qui prévoit un déficit public de 4,5% du PIB pour 2027, contraste nettement avec l'objectif gouvernemental de 2,9%. En dépit des restrictions budgétaires annoncées de 50 milliards d'euros, cette révision complique la situation pour le gouvernement, particulièrement à l'approche des élections européennes mais aussi de la notation par Standard and Poor's.

Déficit : un écart entre les prévisions du FMI et celles du gouvernement

Dans ses conclusions publiées le jeudi 23 mai, le FMI a révisé sa prévision de déficit pour 2027 à 4,5%, contre 4,3% en avril dernier. En revanche, le gouvernement reste optimiste avec une prévision de 2,9%. Les économistes expliquent cet écart par un manque de documentation des économies à réaliser. Les principales mesures d'économie et de réduction des dépenses ne sont pas encore clairement identifiées. « Dans un scénario à politique inchangée, qui intègrent uniquement des mesures adoptées et clairement documentées, les services du FMI prévoient que le déficit public restera élevé à 5,3% du PIB en 2024 et diminuera légèrement à 4,5% en 2027 », peut-on lire dans les conclusions du FMI.

Malgré l'annonce de coupes budgétaires de 10 milliards d'euros pour 2024, le gouvernement doit encore trouver 10 milliards supplémentaires cette année et 20 milliards en 2025. Thomas Cazenave, ministre des Comptes publics, a évoqué 50 milliards d'euros de coupes à réaliser d'ici la fin du mandat pour atteindre l'objectif de déficit en dessous de 3%. Le ministre de l'Économie et des Finances veut être rassurant. « Nous ferons tout ce qui sera nécessaire pour revenir sous les 3% de déficit public en 2027 », a-t-il déclaré en réagissant au rapport du Fonds monétaire international (FMI).

Pas de Reprise avant 2025

Les économistes du FMI ne prévoient pas de véritable reprise économique avant 2025. Selon les conclusions des services du FMI, la croissance du PIB réel devrait atteindre 1,3% en 2025, contre 0,8% en 2024. Bien que ces chiffres soient une légère amélioration par rapport aux prévisions d'avril, ils restent inférieurs aux estimations de janvier.

L'organisation internationale prévoit une croissance potentielle annuelle de 1%, prenant en compte le vieillissement de la population française. Concernant l'inflation, elle devrait ralentir à 2,3% en 2024 et 1,8% en 2025, des niveaux inférieurs à la cible de la Banque centrale européenne. « De nouvelles mesures de consolidation budgétaire sont recommandées à moyen terme en commençant dès 2024, afin de ramener la dette sur une trajectoire descendante, tout en laissant la place à des dépenses ciblées favorisant la croissance », a précisé le FMI dans ses conclusions. Le Monde rappelle que le Haut Conseil des finances publiques avait déjà souligné des incohérences dans les projections de réduction du déficit présentées par le gouvernement pour 2027.

La pression des agences de notation

En avril, le gouvernement a évité les remontrances des agences Moody's et Fitch. Cependant, l'inquiétude monte à Bercy alors que l'agence de notation Standard and Poor's s'apprête à publier son rapport à la fin du mois de mai. Une note négative pourrait sérieusement embarrasser la majorité présidentielle, offrant une opportunité en or aux adversaires politiques de critiquer la stratégie budgétaire du gouvernement.

À quelques jours des élections européennes, une dégradation de la note pourrait impacter négativement la campagne électorale. Les adversaires politiques n'hésiteront pas à exploiter cette situation pour affaiblir la position du gouvernement.

La productivité en berne

Le marché du travail français reste robuste, malgré une productivité inférieure aux niveaux d'avant la crise sanitaire. Après la pandémie, la croissance de l'emploi a souvent dépassé celle du PIB. Cependant, dans certains secteurs comme l'industrie, le niveau de production est resté en dessous de celui de 2019, bien que le nombre d'embauches ait augmenté.

Malgré l'augmentation du nombre d'employés, la production totale de biens de services n'a pas suivi en France. Les économistes attribuent ce phénomène aux nombreuses aides à l'apprentissage et à l'embauche de personnel moins qualifié. La question de l'impact de l'intelligence artificielle (IA) sur la productivité reste en suspens, avec des avis divergents parmi les experts économiques.

Optimiser les politiques carbone et le financement de la transition verte

Pour compléter les efforts actuels en matière de lutte contre le réchauffement climatique, le FMI recommande d'augmenter les prix du carbone et de mettre en place des dispositifs budgétairement neutres. Les dépenses environnementales devraient atteindre environ 1,3 % du PIB en 2024. Les principales mesures comprennent MaPrimeRénov' pour la rénovation des bâtiments, la décarbonation industrielle, et les incitations à l'achat de véhicules propres.

L'introduction de mécanismes de bonus-malus sans impact sur le budget et la hausse des prix du carbone, en éliminant progressivement les taux réduits et les exemptions fiscales sur les combustibles fossiles, sont envisagées pour optimiser l'efficacité des dépenses et diminuer les coûts budgétaires. D'après les économistes du FMI, les recettes supplémentaires générées par une tarification plus forte du carbone pourraient être redistribuées sous forme de transferts monétaires aux ménages à faible revenu pour compenser l'impact sur les prix.

Stephanie Haerts Economie Matin

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à la consommation, la finance, les technologies, l'énergie et l'éducation.

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