Dette : le FMI craint une crise américaine pire que celle de la Grèce

Le Fonds monétaire international tire la sonnette d’alarme : la dette américaine atteint un seuil que même la Grèce et l’Italie pourraient bientôt regarder de haut. Pour la première fois depuis un siècle, la première économie mondiale se retrouve dans la ligne de mire du FMI, qui évoque un risque croissant de crise budgétaire, politique et financière.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 4 novembre 2025 7h03
Croissance Mondiale Previsions Fmi 2023 Optimisme Amelioration Inflation
Dette : le FMI craint une crise américaine pire que celle de la Grèce - © Economie Matin
100%La dette mondiale pourrait atteindre 100% du PIB mondial dès 2030.

Le 3 novembre 2025, le FMI a publié une nouvelle alerte sur la dette des États-Unis, évoquant un niveau de vulnérabilité inédit depuis l’après-guerre. Cette dette fédérale, désormais supérieure à 125 % du PIB et en forte augmentation, pourrait dépasser d’ici quelques années celles de la Grèce et de l’Italie, selon les projections officielles.

Etats-Unis : un endettement record qui alarme le FMI

Selon les prévisions du Fonds monétaire international relayées par Economic Times, la dette publique brute des États-Unis devrait grimper à 143,4 % du PIB d’ici 2030, contre 119,8 % en 2023, soit une hausse de plus de vingt points en sept ans. Ce ratio dépasserait ainsi ceux de la Grèce (146,7 %) et de l’Italie (136,8 %), les deux exemples les plus emblématiques de surendettement en Europe. Pour le FMI, cette évolution symbolise un « tournant historique » : jamais les États-Unis n’avaient affiché un tel niveau d’exposition budgétaire hors temps de guerre.

Les experts soulignent que cette dérive traduit un déséquilibre structurel entre les recettes publiques et les dépenses fédérales. Depuis la pandémie, les plans de relance successifs ont creusé le déficit annuel à plus de 7 % du PIB, une situation que le FMI juge « insoutenable sans ajustement majeur », d’après Reuters. À cela s’ajoutent des taux d’intérêt toujours élevés, qui gonflent mécaniquement le coût du service de la dette et réduisent la marge budgétaire.

Les États-Unis dans le viseur du FMI : le risque d’une crise politique et financière

Le FMI s’inquiète aussi du contexte politique américain : les tensions récurrentes entre le Congrès et la Maison-Blanche sur le plafond de la dette se sont soldées par l’énième shutdown. Dans une conférence de presse, Julie Kozack, directrice de la communication du FMI, avait pourtant prévenu : « Les incertitudes politiques autour du budget fédéral peuvent amplifier les vulnérabilités économiques et affecter la stabilité financière mondiale ». Autrement dit, une crise institutionnelle à Washington pourrait déclencher une onde de choc sur les marchés obligataires et frapper les économies dépendantes du dollar.

Le FMI voit dans cette situation une menace systémique : si la dette américaine dépasse durablement les niveaux européens, la confiance dans les bons du Trésor, piliers du système financier mondial, pourrait s’éroder. Les investisseurs exigeraient alors une prime de risque plus élevée, ce qui augmenterait encore les coûts d’emprunt et enfermerait le pays dans une spirale comparable à celle connue par Athènes en 2010.

La dette explose partout dans le monde

L’alerte du FMI dépasse le cas des États-Unis. Selon son dernier rapport budgétaire, la dette publique mondiale pourrait atteindre 100 % du PIB mondial d’ici 2029, un record depuis la Seconde Guerre mondiale, selon The Guardian. L’organisation note que les grandes puissances économiques — États-Unis, Chine, France, Japon — contribuent à plus de 80 % de cette dette globale. Pour elle, « la marge de manœuvre budgétaire s’érode à grande vitesse, au moment même où les besoins d’investissement augmentent ».

L’économie américaine reste solide, mais elle évolue sur une ligne de crête. Une dette à ce niveau transforme chaque choc — hausse de taux, ralentissement, crise politique — en risque majeur. Le FMI invite les États-Unis à « reconstituer leurs marges budgétaires », en ajustant la fiscalité et en réduisant le déficit structurel. L’organisation insiste sur l’urgence : « Repousser les réformes, c’est préparer la prochaine crise ».

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

No comment on «Dette : le FMI craint une crise américaine pire que celle de la Grèce»

Leave a comment

* Required fields