Disney et Universal contre l’ombre de l’IA

Disney et NBC Universal ont lancé une offensive judiciaire d’envergure contre la start-up Midjourney, accusée de générer des copies illicites de leurs œuvres à l’aide de l’intelligence artificielle. En ligne de mire de deux majors hollywoodiennes : la reproduction automatisée de personnages emblématiques comme Dark Vador ou les Minions, mais aussi l’absence totale de contrôle sur ces contenus, dans un contexte où l’industrie du divertissement commence à structurer sa riposte.

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By Rédacteur Published on 13 juillet 2025 8h30
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Disney et Universal contre l’ombre de l’IA - © Economie Matin
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Une plainte symbole : les studios passent à l’action

Pour la première fois, deux poids lourds de l’industrie cinématographique s’attaquent frontalement à une IA générative grand public. La plainte conjointe de Disney et NBC Universal, déposée le 11 juin devant un tribunal fédéral de Los Angeles, vise ainsi Midjourney, l’un des générateurs d’images les plus utilisés dans le monde.

Les studios accusent le modèle d’IA de « générer à l’infini des copies non autorisées de travaux » protégés par le droit d’auteur. Concrètement, un utilisateur peut obtenir en quelques secondes une image réaliste de Yoda ou de Shrek, dans n’importe quel décor, sans que les détenteurs des droits ne soient consultés. « Midjourney sait parfaitement ce qu’elle fait et capitalise sur ce plagiat », écrivent les avocats des plaignants. Cette accusation lourde pourrait faire jurisprudence si elle aboutit à une condamnation.

Une économie fondée sur le piratage ?

Les studios dénoncent plus globalement le modèle économique de Midjourney, qu’ils estiment fondé sur l’exploitation illégale de leur propriété intellectuelle. En 2024, la start-up aurait généré 300 millions de dollars de chiffre d’affaires selon les plaignants. Disney et Universal exigent non seulement l’interdiction d’utiliser leurs contenus sans autorisation, mais aussi le remboursement des revenus engrangés, assorti d’une amende de 150 000 dollars par nouvelle œuvre contrefaite.

Ils pointent un entraînement massif des algorithmes sur des images protégées par copyright, souvent « aspirées en effaçant les filigranes numériques », sans filtre ou contrôle. Ce type de dérive, déjà dénoncé par des artistes ou des auteurs, pourrait bouleverser les fondements du droit d’auteur à l’ère de l’IA générative.

Le “fair use” en ligne de mire

Face aux accusations, Midjourney — qui n’a pas encore répondu publiquement — pourrait invoquer le principe du fair use, cette doctrine américaine d’« usage équitable » qui autorise sous conditions de se servir d’œuvres protégées. C’est l’un des leviers juridiques souvent brandis par les entreprises d’IA pour se protéger des poursuites.

Mais dans un contexte où la diffusion de copies proches des originaux devient virale via les réseaux sociaux, cette défense pourrait montrer ses limites. Le Syndicat américain des auteurs (WGA) avait déjà, en décembre, lancé un appel à Hollywood, baptisé « Ne plus rester sur la touche ». L’action de Disney et Universal semble leur donner raison, inaugurant une nouvelle phase dans la confrontation entre le divertissement et les algorithmes.

Un précédent stratégique

Cette affaire est la première action d’envergure sur ce sujet brûlant, mais certainement pas la dernière. Les majors veulent poser des limites claires avant que Midjourney ne commercialise une version vidéo de son IA, capable de générer des séquences animées. Cet outil pourrait en effet menacer encore plus directement les revenus et la créativité des studios.

La plateforme ne se contente d’ailleurs pas de répondre à la demande des utilisateurs, puisqu’elle met aussi en avant les créations générées via une fonction « Explorer », accentuant la diffusion sans autorisation d’images représentant des personnages sous copyright. « Midjourney a délibérément choisi de ne pas restreindre les demandes des personnes utilisant son service », déplorent les plaignants.

L’issue de cette guerre technologique et juridique entre Hollywood et les géants de l’IA redessinera probablement les contours de la création numérique – elle sera observée avec beaucoup d’attention par tous les acteurs du secteur.

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