LFI et RN des programmes incompatibles à un redressement de la France

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By Daniel Moinier Published on 28 octobre 2025 5h30
Fitch Degrade Note Souveraine France Ce Que A Plus Signifie
LFI et RN des programmes incompatibles à un redressement de la France - © Economie Matin
115%La dette de la France a atteint 115% du PIB.

LFI son programme (La France Insoumise)

Faire la révolution citoyenne avec le pouvoir au peuple par-delà de la société privée, étendre le domaine des libertés en partageant les libertés.

Les 12 propositions principales

Travailler tous moins, travailler mieux, mais aussi un retour à la retraite de 62 ans mais surtout 60 ans

Autre grande annonce salariale, faire passer le Smic à 1600 euros net

Inscription du droit à l’IVG dans la constitution

Réintégration du personnel des établissements de santé et de secours non vacciné

Une indemnité de 1102€ par mois pour les jeunes en formation

Création d’un corps de fonctionnaires pour accompagner les élèves en situation de handicap

Modifier favorablement le déclenchement du référendum d’initiative partagé (RIP)

Plus (= 0) de passoire thermique et zéro reste à charge pour les ménages modestes

Stop à la concentration des médias et de l’industrie culturelle par des milliardaires

Gratuité des premiers mètres cubes d’eau indispensable à la vie

L’abolition de la Corrida

Et la suite :

-Partager les richesses, mettre au pas la finance, définanciariser l’économie réelle, refuser le chantage -Annuler la dette publique, faire la révolution fiscale, séparer les banques d’affaires, de détails, contrôler les mouvements de capitaux, identifier et interdire les produits dérivés de la finance toxiques et inutiles, limiter les effets de levier et les rendements actionnariaux exorbitants, taxer les rachats d’action

-Limiter les LBO (rachat d’une entreprise par une société qui recourt à l’emprunt) aux seules procédures de reprise des entreprises par les salariés

-Socialiser certaines banques de détail (une fois les activités d’affaires des banques séparées des activités de détail) et les intégrer au pôle public bancaire, en vue de financer les très petites entreprises (TPE) sur des critères sociaux et écologiques et d’alimenter le budget public

-Réaliser un audit du coût économique, social et écologique des banques et de la finance sur la société

-Créer des banques de désinvestissement afin de regrouper les actifs écologiquement nocifs et absorber les pertes économiques liées à l’arrêt des activités polluantes

-Dépolluer les flux financiers, en pénalisant la détention et l’usage d’actifs financiers nocifs climatiques et écologiques et en renchérissant le crédit pour les entreprises dont la comptabilité carbone n’est pas en conformité avec l’Accord de Paris

-Créer une caisse de péréquation interentreprises financée grâce à un barème progressif pour mutualiser la contribution sociale entre petites et grandes entreprises

-Moduler l’impôt sur les sociétés selon l’usage des bénéfices pour encourager l’investissement en France et pénaliser le versement de dividendes

-Interdire aux entreprises de distribuer un montant de dividendes supérieur à leurs bénéfices

-Mettre fin à la cotation continue des entreprises en Bourse et moduler les droits de vote des actionnaires selon la durée d’engagement dans l’entreprise

-Interdire les licenciements boursiers et économiques par les entreprises qui versent des dividendes ou bénéficient des aides de l’État

-Faire racheter par la BCE la dette publique qui circule sur les marchés financiers sans passer par les banques privées et mettre en place une autorisation de découvert des États auprès de la BCE, afin de sortir le financement de l’État de la main des marchés financiers

-Réinstaurer un circuit du Trésor pour sortir la dette publique de la main des marchés financiers en rendant obligatoire la détention d’une part minimum de leurs fonds propres en bons du trésor français par les établissements bancaires exerçant en France

-Réaliser un audit citoyen de la dette publique pour déterminer la part illégitime et préparer un réaménagement négocié de la dette publique

-Mettre fin à l’émission de titres de dette souveraine indexées sur l’inflation (OATi) qui ne servent qu’à enrichir les créanciers de l’État et pèsent sur nos comptes publics

-Retirer la dette Covid des comptes de la Sécurité sociale, réformer la Caisse d’amortissement de la dette sociale, qui prive la Sécurité sociale de 18 milliards d’euros par an

-Mettre en place une caisse de défaisance pour reprendre les dettes privées asphyxiantes des TPE/PME contractées pendant la pandémie et les dettes agricoles des convertis au 100 % bio

-Refonder l’impôt sur les sociétés pour établir l’égalité devant l’impôt entre PME et grands groupes, instaurer un barème progressif en fonction des bénéfices réalisés et selon leur usage et favoriser l’investissement plutôt que la distribution de dividendes

-Rétablir et renforcer l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), incluant un volet climatique visant à taxer les gros pollueurs

-Taxation des riches avec la taxe Zucman, fausse bonne idée. Même les arguments les plus affutés en sa faveur ne résistent pas l’analyse

-Introduire une garantie d’impôt de 2 % sur le patrimoine des milliardaires

-Supprimer la flat-tax et imposer les revenus du capital comme ceux du travail

-Rendre la CSG progressive avec 14 tranches

-Augmenter les droits de succession sur les plus hauts patrimoines en comptabilisant l’ensemble des dons et héritages reçus tout au long de la vie et créer un héritage maximal de 12 millions d’euros (soit 100 fois le patrimoine net médian)

-Réduire la TVA sur les produits de première nécessité et réinstaurer une « TVA grand luxe » pour la financer

-Évaluer chacune des niches fiscales et supprimer les niches injustes, inefficaces socialement ou nuisibles écologiquement ; pour les niches restantes, transformer les « réductions d’impôts » en « crédits d’impôts » afin que chacun puisse bénéficier de ces incitations financières à égalité, quels que soient ses revenus

-Instaurer un impôt universel sur les entreprises (basant leur taxation sur l’activité effectivement réalisée en France) et sur les revenus des particuliers pour lutter contre l’évasion fiscale

-Rétablir l’exit-tax supprimée par Emmanuel Macron

-Établir une taxe permanente sur les superprofits étendue à l’ensemble des secteurs d’activité, pas uniquement au secteur énergétique

-Refonder la taxe foncière pour la rendre progressive et que chacun paie à hauteur de son patrimoine total réel

-Mettre fin au quotient conjugal, système patriarcal favorisant les inégalités salariales entre les femmes et les hommes, remplacer l’injuste quotient familial fiscal actuel par un crédit d’impôt par enfant que pourraient toucher toutes les familles

-Faire de la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales une priorité : tous les moyens humains et financiers nécessaires doivent être débloqués et la France prendra des décisions unilatérales en cas de blocage des négociations européennes ou internationales

-Mettre fin à la convention judiciaire d’intérêt public qui permet aux entreprises de négocier leur sanction financière en cas de fraude fiscale

-Augmenter les poursuites judiciaires et durcir les sanctions à l’encontre des criminels en col blanc, reconnus coupables de fraude fiscale

-Mettre fin aux pratiques frauduleuses d’arbitrage de dividendes

-Rendre obligatoire pour les entreprises la publication des aides publiques qu’elles perçoivent

-Créer une mission spéciale dressant le bilan des faveurs fiscales, des privatisations et des abandons de fleurons comme Alstom, Alcatel, EADS depuis trois décennies, permettre la mise en examen et la détention préventive des suspects

-Créer une harmonie des êtres humains entre eux. Comment ?

Conclusion :

Avec le Nouveau Front Populaire, le déficit public s'alourdirait de près de 160 milliards d'euros par an (215 Mds de dépenses contre 55 Mds de recettes. Le risque ? Qu'un gouvernement qui appliquerait un tel programme soit très vite sanctionné par les investisseurs alors que la France a déjà besoin, pour se financer, d'emprunter 300 milliards d'euros par an sur les marchés financiers.

C’est aussi un programme qui peut entrainer beaucoup de personnes éprises de libertés, qui veulent gouverner sans réelle structure contraignante. On pourrait se croire revenu juste avant la Révolution française. Mais attention il faut bien se rappeler tout ce que cela a entraîné comme haine, destructions, morts avec une longue période confuse sans réelle gouvernance et déstabilisation complète du pays. Cette période très mouvante a duré de 1791 à 1871 alternant monarchies, empires, république….

Le programme du R N (Rassemblement National)

Le programme de Jordan Bardella affiche des ambitions protectionnistes, consistant à passer du libre-échange au « juste échange ». Pourtant, les propositions du RN dans ce domaine sont à la fois limitées et contradictoires

-Au nom de la protection des petites et moyennes entreprises (PME), que Jordan Bardella juge asphyxiées par les obligations réglementaires, le RN s’oppose aux réglementations qui permettent de lutter efficacement contre les pratiques de concurrence déloyale dont sont victimes nos entreprises

-Ces deux directives favorisent donc nettement la production française et européenne, au détriment des importations et des pratiques condamnables de grandes entreprises qui ont fait le choix de reposer sur des sous-traitants qui ne respectent pas nos normes environnementales et sociales

-Par ailleurs, le RN entend s’opposer à ces directives afin de protéger les très petites entreprises et les petites et moyennes entreprises, qui crouleraient sous les directives et injonctions bureaucratiques de l’Union européenne. Mais ces textes ne les concernent pas. La CSRD s’applique aux grandes entreprises, réalisant 450 millions de chiffre d’affaires

-La Commission européenne estime ainsi que la combinaison entre la disparition des quotas gratuits et la mise en place du MACF pourrait se traduire par une baisse de l’activité et de l’emploi dans les secteurs concernés par la réforme. 40 000 emplois industriels seraient ainsi menacés

-La mise en place de taxes carbone aux frontières doit être accompagnée d’une politique ambitieuse de soutien aux filières européennes concernées, pour accélérer leur décarbonation et garantir leur compétitivité sur le long terme

-Le programme du RN propose d’instaurer un moratoire sur la négociation de nouveaux accords de libre-échange par l’UE. Une position isolée en matière de protectionnisme, même au sein du groupe politique du Rassemblement national au Parlement européen

Le RN souhaite « imposer aux importations le respect des normes environnementales et sociales européennes »

-Orienter l’épargne des ménages vers les PME, comme le propose le RN, est une mesure consensuelle, qui rejoint déjà les orientations du gouvernement, mais qui ne relève pas principalement de la compétence de l’Union

-Le RN souhaite se débarrasser des ambitions environnementales européennes et engager des dépenses budgétaires exorbitantes

-Le RN s’oppose au Pacte vert, qu’il juge « décroissant » en raison de la stratégie « De la ferme à la fourchette », stratégie qui promeut les circuits courts dans l’agriculture afin de réduire l’empreinte environnementale du secteur

-Le RN s’oppose également à l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs à horizon 2035, en défense du pouvoir d’achat des Français et de l’industrie automobile. Ces deux arguments sont inconséquents, alors que nous dépensons énormément (108 Mds d’euros) en import de carburant

Des allégements d’impôts

Le projet budgétaire du Rassemblement national (RN) est sans doute le risque le plus important, et le plus tangible, du programme économique de ce parti. Multipliant les mesures populistes, celui-ci prévoit en effet une longue liste d’allègements d’impôts et de dépenses nouvelles peu ou pas financées. Le coût budgétaire de ce programme dépassait 100 milliards d’euros en 2022, soit de l’ordre de 4 points de PIB.

-Des allégements d’impôts néo-libéraux qui rapporteraient environ 5.4 milliards d’euros

-La suppression de la cotisation des entreprises (CFE) (9 milliards d’euros en 2024)

-La suppression de la contribution sociale de solidarité (C3S) (4,8 milliards en 2024)

-L’exonération de cotisations patronales sur les hausses de salaires (jusqu’à + 10%) jusqu’à 3 Smic (11 milliards d’euros)

-La suppression de l’impôt sur le revenu pour les entrepreneurs de moins de 30 ans.

-Le refus de rétablir l’ISF

-Le détricotage des droits de mutation à titre gratuit (donations et successions)

-Exonération fiscale et sociale des plus-values immobilières.

-Baisse écologique et budgétaire de la TVA à 5,5% sur tous les carburants.

-Aucune mesure sur la fraude à l’invasion fiscale.

Et grande réforme encore réannoncée fin octobre 2025 : Ramener les départs en retraites à 62 voire 60 ans.

Conclusion :

Ajouté aux prévisions de déficit public pour 2024 de 5,1 points de PIB, le programme du RN conduirait à creuser le déficit à plus de 9 points de PIB, soit du même ordre de grandeur qu’en 2020, en pleine pandémie de Covid-19 (il était alors de 9,2 points de PIB).

L’Observatoire de l’économie a analysé les propositions du parti d’extrême droite dans ce domaine. Selon lui, elles s’avèrent impossibles à mettre en œuvre ou inefficaces, mais aussi et avant tout dangereuses.

A vous de juger !!!

www.danielmoinier.fr

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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