Égalité des sexes : les entreprises toujours à la traîne…

À l’heure où l’égalité professionnelle devrait être une évidence, et en cette occasion du 8 mars 2024, Journée internationale des droits des femmes, Les Echos ont publié l’index du ministère du Travail sur les inégalités entre les sexes en entreprise. Entre les obligations légales et les réalités du terrain, le bilan reste mitigé.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 8 mars 2024 à 17h22
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15%L'écart salarial entre les hommes et les femmes était de 15% en 2023.

Quelle représentation des femmes dans les postes clés des entreprises ?

L'index du ministère du Travail sur l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes révèle une réalité contrastée. D'un côté, l'obligation pour les entreprises de plus de 50 salariés de calculer cet index depuis 2018 a indéniablement posé les jalons d'une prise de conscience. Pourtant, malgré une légère hausse du nombre d'entreprises respectant leurs obligations - passant de 72% en 2023 à 77% en 2024 - le score moyen stagne à 88/100, sans amélioration notable des écarts de rémunération.

La loi Rixain, votée en décembre 2021, vise à accorder davantage de représentation des femmes au sein des postes clés des entreprises. Cette dernière impose aux employeurs d'au moins 1.000 salariés de publier les écarts de représentation entre les femmes et les hommes parmi les cadres dirigeants. Avec l'entrée en vigueur de la loi Rixain, prévue pour 2029, ces entreprises auront l'obligation d'atteindre le seuil de 40% de représentation des femmes dans leurs instances administratives, sous peine de pénalités. D'après l'index du ministère du Travail, près de 6 entreprises sur 10 (57%) ne respectent pas le seuil de 30% de représentation fixé depuis 2021, et 44% des entreprises étaient en dessous de ce seuil en 2023. Il faut néanmoins noter que la représentation des femmes à des postes clés dans les entreprises a gagné +3 points depuis 2022.

Un écart salarial persistant malgré les efforts

Il est difficile de regarder comparer l'écart salarial entre les hommes et les femmes selon les époques. Si les femmes gagnaient moins que les hommes il y a plusieurs décennies, cela était en grande partie dû au fait que leur volume de travail (rémunéré) était souvent moindre que celui des hommes. Certaines d'entre elles aidaient leur époux quand ils tenaient un commerce, sans pour autant toujours être déclarées, par exemple, et le temps partiel pour s'occuper des enfants était une pratique courante (les femmes restent néanmoins toujours surreprésentées dans le temps partiel). Autrement dit, la place de la femme dans la société a beaucoup évolué. En 1991, elles avaient en moyenne 14% de moins de volume de travail qu'un homme. En 2021, ce taux est descendu à 10%. Il faut également noter que les femmes font moins d'enfants qu'auparavant (-21% depuis l'après-guerre, et moins 13% depuis 2010), elles travaillent davantage, et elles accèdent de plus en plus à des postes importants.

Néanmoins, l'écart salarial entre les deux sexes peine toujours à se réduire en entreprise. Il était de 15% en 2023, contre 15,5% en 2021 (22% en 1995) et de 4% pour un même poste au sein de la même entreprise, selon les chiffres de l'Insee. À noter par ailleurs que cet écart n'est pas forcément du fait de l'entreprise. Selon un sondage de OpinionWay pour la Chair Impact Positif, près de la moitié des femmes (48%) n'osent pas demander une augmentation, tandis que cela concerne seulement 28% des hommes. Les efforts des entreprises sont donc indéniables sur tous les points, mais semblent néanmoins quelque peu stagner depuis ces trois dernières années.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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