Énergie : Macron à la croisée des chemins

Entre son sommet à l’Elysée réunissant 400 industriels le 11 mai 2023 et sa visite à l’usine d’aluminium de Dunkerque le 12 mai, le Président Emmanuel Macron a soudain vu la lumière à la croisée des chemins énergétiques entre nucléaire, hydrogène, énergies renouvelables et industrialisation.

Par Michel Gay Publié le 6 juin 2023 à 6h40
Energie Nucleaire Fossile Macron Decision
Énergie : Macron à la croisée des chemins - © Economie Matin

Quelles sont les priorités de l'énergie en France?

La sobriété, la pénurie ou le rationnement de l'énergie ne sont pas une fatalité. Ces nouveaux mantras servent de paravent à une politique énergétique indigente depuis plus de 20 ans.

En misant sur la relance du nucléaire (ce qui aurait dû être fait depuis 20 ans) et l’exploitation intelligente des énergies fossiles, il est possible de répondre à tous les besoins industriels de la France. Notre pays s’appuie depuis un siècle sur la disponibilité d’une énergie abondante, bon marché et souveraine (le charbon, l’hydraulique, puis le nucléaire et le gaz).

Mais pour soutenir les solutions bancales du vent et du soleil qui s’avèrent coûteuses, voire ruineuses, et techniquement inadéquates, les dirigeants persistent à augmenter artificiellement le prix des énergies fossiles et fissiles par des taxes et des empilements de contraintes qui font fuir les industries.

Ce renchérissement volontaire du coût de l’énergie et de l’électricité vise à rendre plus attractives les énergies éoliennes et solaires. Mais leur intermittence de production et l’occupation cent fois plus importante de l’espace (champs de capteurs photovoltaïques et d’éoliennes) que toutes les autres solutions limitent leur déploiement.

Le problème essentiel de l’intermittence est souvent minimisé par les études, surtout celles de l’ADEME qui préconisent un mix énergétique allant jusqu’à « 100% renouvelable » pour fait croire à une énergie propre éternelle capable de faire face au risque de pénurie des autres ressources « fossiles » limitées dans le temps.

Grâce aux progrès techniques (extraction, transport,…), le pétrole et le gaz seront disponibles et abordables pendant encore des décennies. Des réserves de gaz, de pétrole et de charbon continuent d’être découvertes mais c’est le coût d’extraction qui décidera de leur abandon progressif, et non les volontés gouvernementales de décarbonation pour lutter contre le réchauffement climatique.

Quant au nucléaire, les réserves d’uranium et de thorium peuvent couvrir le besoin de l’humanité pendant des milliers d’années.

Le caractère intermittent ou « pilotable » des différentes sources d’énergie est primordial.

Or, le soleil et le vent produisent de manière erratique une électricité impossible à stocker économiquement pour répondre au besoin d’une nation dans un avenir prévisible.

D’où la multiplication des centrales électriques à gaz et le maintien des centrales à charbon dans le monde, y compris en Europe, notamment en Allemagne.

Sur une année, le solaire et l’éolien produisent aléatoirement en moyenne environ 25% de ce qu’ils pourraient produire s’il y avait toujours du vent et du soleil. Et parfois, leur production est quasiment nulle plusieurs jours consécutifs.

Le gaz et le nucléaire (ou le charbon…) doivent donc suppléer cette intermittence erratique pendant les périodes sans vent et / ou sans soleil.

De surcroît, cette production n’est pas souveraine, les matériels et composants étant achetés hors de France, et même majoritairement hors d’Europe.

Les énergies renouvelables intermittentes, associées au gaz et/ou au charbon, ne résolvent donc pas le problème du réchauffement climatique anthropique.

Face aux risques de pénurie, de flambée des prix et de perte de souveraineté dues aux difficultés d’accès au pétrole et au gaz dans le monde, les centrales nucléaires et hydrauliques s’imposent comme les seules sources d’énergies décarbonées pilotables pour éviter la décroissance. Cette dernière est synonyme de chômage de masse et de chute brutale de l’économie. Le nucléaire et l’hydraulique constituent la seule solution pour éviter des drames sociaux, ou amortir leurs effets délétères.

Pour répondre aux besoins en électricité de la France pendant les années à venir, les capacités nouvelles de l’EPR de Flamanville 3 ne suffiront pas et après avoir trop longtemps tergiversé, il devient urgent de lancer la construction des six réacteurs EPR2 annoncés par le Président Macron.

Le déni énergétique

Devant les résultats désastreux de la ruineuse politique énergétique française depuis au moins 20 ans, nos dirigeants refusent d’accepter la réalité. Ils commencent timidement à prendre les mesures de correction indispensables pour redresser l’économie et sauver l’industrie française avec les salutaires annonces du Président Macron à Belfort en février 2022, après 5 ans de fausse route.

Après avoir constaté sa désindustrialisation à l’occasion de la crise du Covid, nos gouvernants refusent de voir que le traitement déplorable du dossier énergie engendre des faillites et des délocalisations industrielles responsables de nos déboires actuels.

Vivre dans le déni des réalités conduit toujours à des catastrophes.

En 1973 suite aux « chocs pétroliers », tous les acteurs économiques et sociaux, s’étaient mis en ordre de marche autour d’un programme nucléaire ambitieux et du maintien de l’hydroélectricité pour disposer d’une énergie abondante, bon marché et souveraine. La conscience de la fragilité de notre prospérité était profonde et imprégnait toutes les couches de la société.

Aujourd’hui, nos (ir)responsables ne veulent pas examiner les causes profondes de la crise. Ils préconisent toujours des remèdes à court terme fondés sur les énergies renouvelables et l’hydrogène dont chacun connait l’inefficacité. Ils s’enfoncent dans le déni et s’y complaisent.

L’écologisme politique a gagné la bataille de l’opinion avec la domination des peurs (nucléaire, pollutions, disparition des espèces, …). Le principe de « précaution » a même été inscrit dans la Constitution !

Serait-il possible de vivre d’amour et d’eau fraiche avec les énergies intermittentes « vertes, propres et… gratuites » du vent et du soleil pour établir un avenir radieux en France et en Europe ?

L’écologie politique mise à nu

Désormais tout le monde peut voir que le roi écologiste est nu.

L’écologie politique a d’abord voulu éliminer le nucléaire qui constitue l’épine dorsale de son combat idéologique et de sa cohésion. Puis elle s’est lancée dans un programme de changement complet de civilisation en Europe pour donner l’exemple au monde entier !

Les gouvernants de tout bord n’osent même plus mettre en doute ce catéchisme sous peine d’excommunication immédiate de toutes les radios et télévisions.

Penser que l’humanité va pouvoir se passer volontairement à court terme de 80 % de ses sources d’énergie et choisir un retour en arrière civilisationnel dans le dénuement, est un enfantillage. Elle aspire au contraire à la prospérité et à la consommation. Elle recherche une énergie abondante et bon marché (charbon, pétrole, gaz, nucléaire, hydraulique, …) qu’elle utilisera là où elle en dispose

Le mix énergétique français sans éoliennes ni panneaux photovoltaïques (nucléaire, hydroélectricité, et gaz pour satisfaire les pointes de consommation électriques) est aujourd’hui proche de l’optimum technique et économique.

Le nucléaire reste un espoir pour l’humanité, et notamment pour la France qui a encore des compétences mondialement reconnues dans ce domaine (construction, maintenance et exploitation) autour d’EDF, de Framatome et des sous-traitants regroupés dans le Groupement des industriels français de l'énergie nucléaire (GIFEN). La construction et l’entretien des réacteurs chinois, finlandais et britanniques ont grandement aidé à la survie de notre appareil industriel !

Toutefois, l’arrêt des réacteurs régénérateurs ou surgénérateurs Super Phénix en 1997, Phénix en 2009, puis du projet Astrid en 2019 ont mis à mal les compétences sur les réacteurs de quatrième génération. Il reste à espérer un réveil de nos dirigeants pour relancer le programme afin de ne pas devoir acheter aux Chinois, aux Russes ou aux Américains les résultats des travaux pour lesquels la France était pionnière avec 20 ans d’avance dans les années… 1990.

Vous avez dit stockage de l'énergie?

L’électricité ne se stocke pas en grande quantité pour répondre aux besoins d’un pays. Le gestionnaire du réseau doit donc équilibrer chaque seconde la production et la consommation. Des coûts de régulation inutiles sont ajoutés puisque chaque moyen de production renouvelable est « doublé » par une centrale à énergie fossile (ou nucléaire ou hydraulique) appelée dès qu’il faiblit ou s’arrête par manque de vent ou de soleil.

Les énergies éolienne et solaire peuvent être utiles en autoconsommation dans des endroits isolés comme sur des îles (bien qu’à El Hierro ce soit un fiasco…), mais c’est un appoint « intermittent », ce n’est pas une base !

Quant à la « complémentarité » entre le nucléaire, l’éolien et le solaire, elle n’existe pas !

Bientôt, il faudra affronter la réalité implacable qui sanctionne toujours les atteintes à l’intangibilité des lois physiques. Et le plus tôt sera le mieux pour maintenir notre prospérité. Tout projet physiquement invraisemblable ou irrationnel l’est généralement aussi économiquement et s’effondre sous le poids de son absurdité.

Dans les cercles du pouvoir, des communautés liées à des dogmes, à des idéologies, et à des intérêts partisans s’affranchissent encore aujourd’hui avec arrogance des lois de la physique qui doivent « se soumettre » à la volonté de politiciens et d’économistes.

Dans une spectaculaire volte-face en février 2022, le Président Macron semble avoir enfin compris que la réindustrialisation de la France passe par la construction de nombreux nouveaux réacteurs nucléaires. Mais, hélas, il semble aussi persuadé en parallèle (« en même temps » ?...) de l’efficacité des éoliennes, du solaire, et de l’hydrogène, alors que ces fausses solutions constituent des leurres !

Aujourd’hui à la croisée des chemins énergétiques après avoir honteusement laissé fermer la centrale nucléaire de Fessenheim pour d’obscures raisons de basse politique, il reste à espérer que le Président de la République fera enfin les bons choix pour conduire la France vers la souveraineté énergétique et les Français vers la prospérité.

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Ancien pilote de chasse, Michel Gay écrit des articles sur la problématique des énergies depuis 10 ans pour informer différemment les Français devant le rouleau compresseur d'approximations, d'erreurs et de mensonges des grands médias sur ce sujet, souvent par idéologie, particulièrement sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Il a aussi écrit trois livres sur les sujets du nucléaire (Vive le nucléaire heureux !), les énergies renouvelables (Au diable les énergies renouvelables !), et la radioactivité (Sous-exposé !) dont les détails sont sur son site www.vive-le-nucleaire-heureux.com

1 commentaire on «Énergie : Macron à la croisée des chemins»

  • La sobriété, la pénurie ou le rationnement de l’énergie ne sont pas une fatalité. Ces nouveaux mantras – majoritairement pro-écologisme et pro-UE – servent de paravent à une politique énergétique INDIGNE et COUPABLE depuis plus de 20 ans …les solutions bancales du vent et du soleil s’avèrent coûteuses, voire ruineuses pour les contribuables français mais pas pour les marchands prédateurs… Le gaz et le nucléaire (ou le charbon…) doivent donc suppléer l’intermittence erratique de l’éolien et du photovoltaïque pendant les périodes sans vent et / ou sans soleil, alors qu’au contraire ce sont le photovoltaïque et l’éolien qui devrait leur servir de « suppléants »… Les énergies renouvelables intermittentes, associées au gaz et/ou au charbon, ne résolvent donc pas le problème du réchauffement climatique anthropique : ça c’est de la belle propagande, le changement climatique n’est pas du aux activités de l’homme, sinon de façon infinitésimale.
    Après avoir constaté sa désindustrialisation à l’occasion de la crise du Covid, nos gouvernants refusent de voir que le traitement déplorable du dossier énergie engendre des faillites et des délocalisations industrielles responsables de nos déboires actuels : ne vous en faites pas, tout cela a été pensé et programmé : le grand remplacement sociétal de la France doit être accompagné d’un grand remplacement économico-financier !

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