En avril 2025, les Français ont davantage vidé leur Livret A qu’ils ne l’ont alimenté. En cause : une rémunération en baisse et une perte d’attractivité face à d’autres produits d’épargne. Ce mouvement de retrait, rarement observé à cette période, alerte sur les changements dans les habitudes d’épargne.
Livret A : avec un rendement moins attractif, les épargnants désertent

Livret A : le rendement jugé insuffisant
Depuis février 2025, le taux du Livret A est passé de 3% à 2,4%. Une baisse jugée pénalisante par les épargnants. Ce recul du rendement a affecté la perception de la rentabilité de ce produit, traditionnellement prisé pour sa sécurité et sa disponibilité. Résultat : en avril, les dépôts ont été inférieurs aux retraits, pour un solde négatif de 200 millions d’euros.
Ce phénomène, appelé "décollecte nette", n’avait pas été observé à une telle ampleur depuis avril 2009. Le Livret A semble désormais moins attractif dans un contexte où d'autres placements, comme l’assurance vie, offrent des perspectives de rendements plus intéressantes. En mars, par exemple, l’assurance vie a enregistré des niveaux de collecte record, au détriment des livrets réglementés.
La chute de l’intérêt pour le Livret A n’est pas isolée. Son cousin, le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), bien que plus stable, n’a engrangé qu’une collecte modeste de 310 millions d’euros sur la même période. Ensemble, les deux produits n’ont cumulé que 3,6 milliards d’euros entre janvier et avril 2025, contre plus de 11 milliards à la même période en 2024.
Le LEP également touché
Le Livret d’épargne populaire (LEP), réservé aux ménages aux revenus modestes, n’échappe pas à la tendance. En avril, il a enregistré une décollecte massive de près de deux milliards d’euros. Là encore, c’est la plus forte depuis 2009. Ce retrait massif s’explique partiellement par les contrôles annuels des conditions de ressources, entraînant la fermeture automatique de nombreux comptes.
Mais au-delà de cette régularisation administrative, la baisse de l’intérêt général pour les livrets réglementés semble aussi jouer. Avec une rémunération moindre et des contraintes spécifiques, le LEP, bien que historiquement plus rémunérateur, a perdu une partie de sa pertinence aux yeux des épargnants les plus fragiles.
Malgré ces mauvais signaux, les encours restent élevés. Le Livret A affiche encore un total de 444 milliards d’euros, le LDDS 162,7 milliards, et le LEP 80,8 milliards. Toutefois, ces chiffres masquent une réalité plus inquiétante : les Français sont de plus en plus tentés par d'autres formes d’épargne, au détriment des livrets traditionnels.
