Achats : le Made in France ne fait plus recette

Le « Made in France », jadis critère d’achat privilégié par les entreprises françaises, connaît aujourd’hui un désintérêt majeur. Une mauvaise nouvelle pour les fabriquants français… mais aussi pour la planète, alors que le Made in France a, par sa proximité, un impact carbone inférieur.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 16 janvier 2024 à 9h02
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7,2 MILLIARDS €Le marché du Made in France représente un chiffre d'affaires de 7,2 milliards d'euros.

Les acheteurs ne veulent plus de Made in France

Selon une étude menée par le cabinet AgileBuyer et le Conseil national des achats (CNA) et relayée le 16 janvier 2024 par L’Usine Nouvelle, l'intérêt pour les produits fabriqués en France est en déclin auprès des entreprises. En 2024, seulement 47% des directions des achats considèrent ce critère comme essentiel, en forte baisse par rapport aux 65% de 2023.

Cette évolution s'explique par plusieurs facteurs. D'une part, la normalisation des approvisionnements, malgré des contextes géopolitiques tendus comme la guerre en Ukraine, réduit l'attrait du Made in France comme solution contre les ruptures d'approvisionnement. D'autre part, le coût élevé des produits français dissuade de plus en plus les entreprises : 22% des répondants estiment que le Made in France est trop onéreux, contre 17% en 2023. Par ailleurs, la dépendance à la Chine reste une préoccupation majeure, avec 51% des entreprises souhaitant réduire cette dépendance sans pour autant s'en détacher complètement.

Le Made in France ne fait plus que recette dans le luxe

Le secteur du luxe et de la mode reste cependant un bastion du Made in France, avec 71% des commandes toujours orientées vers des produits français. En revanche, l'informatique et les télécoms sont les plus impactés par ce changement, avec 88% des entreprises du secteur privilégiant d'autres critères.

Les crises géopolitiques influencent également les stratégies d'achat : 70% des entreprises anticipent un impact sur leurs achats en 2024, notamment dans les secteurs de la communication, de l'automobile, de la pharmacie-santé-cosmétologie et de la défense.

Les entreprises craignent les cartels

Un autre défi majeur pour les directions des achats est la crainte de cartels entre fournisseurs, affectant le libre jeu de la concurrence. Plus de la moitié (56%) des directions des achats redoutent de telles situations, particulièrement dans l'immobilier-BTP (81%), l'énergie-environnement (71%), l'aéronautique-défense et l'automobile (70%). Ces cartels, difficiles à établir et à contrer, représentent un poison silencieux pour le marché, selon Olivier Wajnsztok, directeur associé d'AgileBuyer.

Le Made in France : simple tendance marketing sur fond de pénuries ?

Alors que le Made in France peut s’intégrer dans une démarche RSE des entreprises, démarche de plus en plus scrutée par les clients, il semble n’être rien de plus qu’une manière de boucher des trous. Encensé lorsque les problèmes d’approvisionnement faisaient craindre des pénuries, il semble désormais abandonné sur l’autel de l’augmentation des revenus via la réduction des coûts.

« Les ruptures d’approvisionnement ne sont plus le sujet à gérer en priorité. En revanche, la croissance diminue avec des prix qui ont largement augmenté, d’où une préoccupation des acheteurs pour minimiser cette inflation », explique Olivier Wajnsztok à L’Usine Nouvelle.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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