Le marché locatif en pleine déconfiture

Le marché locatif en France traverse une période critique. Selon les professionnels, le constat est sans appel : la location souffre encore plus que le marché des transactions immobilières.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Aurélien Delacroix Modifié le 3 février 2025 à 8h24
Middle,age,hispanic,couple,holding,keys,of,new,home,stressed
Middle age hispanic couple holding keys of new home stressed and frustrated with hand on head, surprised and angry face - © Economie Matin
3%Avec un taux d'intérêt autour de 3 %, les locataires ont du mal à devenir propriétaires.

En 2024, Foncia a enregistré une baisse significative du nombre de locations réalisées. « C'est 10.000 de moins qu’en 2023 », déplore Jordan Frarier, président de Foncia transaction, aux Échos. Plusieurs facteurs expliquent le recul du marché locatif, à commencer par le blocage du parcours résidentiel. Avec des taux d’intérêt qui ont bondi autour de 3 %, de nombreux locataires renoncent à devenir propriétaires, freinant ainsi la rotation du parc locatif. « Je n’ai pas intérêt à quitter mon logement et à devenir propriétaire car le financement est trop onéreux », résume-t-il.

Chute alarmante du nombre de locations

Malgré un taux de rotation en hausse dans le parc de Foncia, atteignant aujourd’hui 18 %, l’offre de logements reste largement insuffisante face à une demande en constante augmentation. Cette situation tend le marché et accentue la pénurie de biens disponibles.

Un autre facteur de cette crise locative réside dans le retrait progressif des investisseurs. Zahir Keeno, président de Foncia ADB, confirme cette tendance : « Comme en 2023, les investisseurs ont poursuivi leur désengagement du marché. Leur nombre a chuté de 25 % dans notre activité en 2024 par rapport à l’année précédente. »

Les raisons sont multiples. Outre des prix d’achat encore élevés et des conditions d’accès au crédit restrictives, la rentabilité de l’investissement locatif est menacée par plusieurs évolutions fiscales et réglementaires. La flambée de la taxe foncière, la possible hausse des droits de mutation dans le budget 2025 et les obligations liées à la rénovation énergétique dissuadent de nombreux investisseurs.

La mise aux normes des logements énergivores est un véritable casse-tête. Depuis août 2022, les propriétaires de biens classés F et G ne peuvent plus augmenter leur loyer. Dès janvier 2025, les logements classés G seront considérés comme « indécents » et interdits à la location. Une contrainte que beaucoup jugent insurmontable. « Nous voyons disparaître des biens passoires thermiques de notre parc locatif », observe Zahir Keeno. Certains propriétaires préfèrent revendre, d’autres laissent leurs logements vacants, faute de solutions adaptées.

Désengagement massif des investisseurs

Une proposition de loi visait justement à assouplir ces exigences en tenant compte du temps nécessaire pour réaliser les travaux. Soutenue par la ministre du Logement Valérie Létard, elle a pourtant été rejetée par le Parlement. Pour autant, Zahir Keeno n’y voit pas une mauvaise nouvelle. « Si l’on commence à déroger, on recule pour mieux sauter », affirme-t-il. Il plaide plutôt pour un renforcement des dispositifs de financement, notamment via des prêts collectifs garantis au niveau de la copropriété et non individuellement.

Parallèlement, les besoins en logements ne cessent d’augmenter, portés notamment par la décohabitation et la hausse de la population étudiante. Les demandes de colocation explosent dans les grandes villes universitaires comme Paris, Aix-en-Provence ou Lyon. « Nous observons une demande plus forte de colocations, en raison d’un pic de naissances dans les années 2000 », explique Zahir Keeno. Or, le marché peine à suivre.

Face à cette situation tendue, la crise du logement en France semble loin d’être résolue. Tant que les investisseurs continueront de se retirer et que les locataires resteront bloqués, l’offre de logements accessibles ne fera que se raréfier, aggravant encore un peu plus les tensions sur le marché locatif.

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg

De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

Aucun commentaire à «Le marché locatif en pleine déconfiture»

Laisser un commentaire

* Champs requis