Mondialisation : un grand merci à la Chine.

On ne le dira jamais assez, c’est grâce à la Chine que, pour la première fois depuis 30 ans, le Président d’un grand Etat européen découvre que la politique européenne dite de libre-échange est intenable. Il réclame des droits de douane à la Chine.

By Bertrand de Kermel Published on 12 décembre 2025 5h30
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@shutter - © Economie Matin
1200 MILLIARDS €Les entreprises industrielles représentent plus de 1.200 milliards d'euros de chiffre d'affaires en France.

Il est vrai qu’en mettant en concurrence, sans la moindre précaution, des personnes aux salaires parmi les plus bas du monde avec les salariés français, il était évident que les entreprises françaises et plus généralement européennes allaient se délocaliser pour ne pas mourir.

Rappelons que la mondialisation actuelle repose sur la théorie du libre-échange, instaurée lors de la création de l’organisation mondiale du commerce (OMC), en 1994, à Marrakech.

Cette théorie s’inspirait des travaux de l’économiste britannique David Ricardo, qui avait démontré au XVIII ème siècle que la spécialisation des Etats dans les secteurs économiques où ils sont compétitifs, et le libre-échange qui en découle, sont mécaniquement une source d’enrichissement pour tous.

MAIS, Ricardo avait fixé quatre conditions au bon fonctionnement du libre-échange.

1 la valeur du travail est égale au prix multiplié par la quantité de travail. 2 la concurrence doit être parfaite. 3 il doit y avoir immobilité des facteurs de production au niveau international (seules les marchandises circulent). 4 la productivité doit être constante.

Aucune de ces conditions n’est réunie. La valeur du travail n’est plus mesurée comme à l’époque de Ricardo. La concurrence mondiale est totalement déloyale. Les facteurs de production (usines par ex) se déplacent sur la planète. Il en va de même de l’argent qui se déplace en un clic. La productivité n’est pas constante.

C’est donc une guerre économique folle que l’UE a mis en place, dont les conséquences sont les suivantes : les fortes baisses des droits de douane décidées en 1994 et les mesures visant à supprimer les «obstacles aux échanges», ont rendu extrêmement simple :

D’abord la fermeture des usines en France pour les installer dans des pays peu concernés par les questions sociales et environnementales. Ensuite, l’exportation vers la France et l’Europe, des produits fabriqués dans ces nouvelles usines à des prix de dumpings, sans droits de douane, sans aucune contribution pour compenser les effets des émissions de gaz à effets de serre résultant du transport des marchandises et sans acquitter d’impôts, grâce à des montages avec les paradis fiscaux.

On le voit, le départ d’une entreprise vers d’autres cieux est toujours gagnant. Pour survivre, les entreprises opérant sur les mêmes marchés, sont souvent condamnées à délocaliser à leur tour.

Nous sommes donc en face d’une sorte de « prime » au départ des entreprises situées en Europe ? C’est un désastre. Il faut réindustrialiser, et vite !

Or, la réindustrialisation échouera tant que le départ d’une entreprise hors Europe sera beaucoup plus intéressant que son maintien sur le territoire. Par conséquent, le budget de la France ne se redressera jamais tant que la balance commerciale ne sera pas rééquilibrée grâce à la réindustrialisation.

Les chiffres sont accablants :

En 2024, les exportations françaises vers la Chine se montaient à 24 milliards d’euros, alors que les importations françaises provenant de la Chine représentent 71 milliards d’€. .

Une réforme intelligente et urgente de tous les accords de libre-échange étrangers s’impose à l’évidence. Sans cette réforme, la réindustrialisation restera un échec de plus de plus cuisant.

Le lecteur trouvera neuf propositions très modérées à la page trois d’un document intitulé : « quelles mesures prendre pour relocaliser l’industrie française » ? https://www.pauvrete-politique.com/_files/ugd/146df5_80c2a2674a7e439895f6eb1d16d98a95.pdf

Bien évidemment ces propositions ne sont pas exhaustives. Par contre, elles sont incontournables.

Ancien directeur général d'un syndicat patronal du secteur agroalimentaire, Bertrand de Kermel est aujourd'hui Président du comité Pauvreté et politique, dont l'objet statutaire est de formuler toutes propositions pour une "politique juste et efficace, mise délibérément au service de l'Homme, à commencer par le plus démuni ". Il est l'auteur de deux livres sur la mondialisation (2000 et 2012)

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