Nouvelles mobilités : comment accélérer leur adoption ?

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Par Olivier Reppert Publié le 14 février 2021 à 7h30
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1.250 EUROSChaque madrilène se séparant de son ancienne voiture (+10 ans) reçoit une prime de 1250? spécialement dédiée à l'utilisation, au cours des 2 ans suivants, des services d'autopartage.

L'adoption à grande échelle de l'autopartage est intimement liée aux infrastructures disponibles dans les villes, mais aussi aux politiques locales. Sans réel engagement de la part de l'État, l'autopartage et les nouvelles mobilités ne pourront pas venir répondre aux besoins des concitoyens et à l'urgence écologique. Pour accélérer le développement de ces nouveaux modes de transports en cette nouvelle année, il faut donc miser sur une collaboration accrue entre le secteur privé et l'administration publique.

A travers l'Europe, de nombreux acteurs de l'autopartage tentent de propulser les nouvelles mobilités afin de libérer de l'espace dans les villes, de réduire les émissions polluantes, de changer les habitudes de déplacement et, par la même occasion, de rendre plus attractif l'usage des véhicules électriques. Les citoyens ont ainsi pu, au cours des dernières années, se familiariser avec les voitures et les deux roues électriques - et ce, en grande partie, grâce aux nombreuses offres de locations disponibles. L'urgence écologique, tout comme l'impact désastreux de la pollution sur la santé publique, sont des réalités auxquelles il est à présent essentiel d'apporter une réponse forte et immédiate. C'est à nous d'être moteur du changement.

L'ajout de pistes cyclables ainsi que le renforcement des transports en commun et de la mobilité électrique sont des mesures encourageantes ayant été prises par de nombreux pays. Elles démontrent très clairement la volonté qu'ont les villes de se tourner vers des alternatives plus écologiques, mais - à elles seules - ces initiatives ne permettent pas de prendre en charge l'ensemble des besoins des usagers. C'est pourquoi la mobilité multimodale est si importante.

L'autopartage est une forme de mobilité récente, mais qui mérite d'être mise en lumière. La flexibilité de ce type de service permet de s'adapter aux besoins des utilisateurs, en mettant à disposition des citoyens des véhicules là où ils le souhaitent, et au moment où ils en ont besoin, pour une location journalière, hebdomadaire ou mensuelle. Son expansion permettrait aux utilisateurs de passer plus simplement d'un mode de transport à un autre et ainsi d'optimiser la mobilité multimodale - qui est essentielle pour permettre aux citoyens de pouvoir se déplacer simplement et ce, peu importe les distances et les circonstances.

Les gouvernements et les acteurs de l'autopartage disposent d'un objectif commun : rendre les villes plus agréables à vivre. Et cet objectif ne pourra être réalisé que s'ils travaillent main dans la main. Un véhicule d'autopartage peut remplacer jusqu'à 8 voitures personnelles, libérant ainsi de l'espace dans nos rues et nos villes actuellement engorgées. De manière générale, les utilisateurs d'autopartage tendent à parcourir moins en de kilomètres en ville, et contribuent à réduire la congestion urbaine, le bruit et la pollution. En mettant l'accent sur le partage et non la possession, l'autopartage réduit le trafic et les émissions. Cela s'applique aux voitures électriques mais également aux véhicules hybrides.

L'autopartage permet en effet de réduire le trafic, la pollution atmosphérique ainsi que les émissions. Les gouvernements devraient considérer l'autopartage en free-floating comme un outil durable, faisant partie des multiples types de mobilité à la disposition des citoyens. Avec des règlementations spécifiques ou des places de stationnement désignées pour les véhicules d'autopartage, l'État peut soutenir les fournisseurs de ce marché et apporter une contribution significative afin d'accroître l'attractivité de l'autopartage.

Dans le même temps, il est important que les fournisseurs d'autopartage se positionnent comme des « partenaires » des villes et des collectivités. Car l'adoption de nouvelles formes de mobilité ne se fera pas sans un engagement politique fort. Pour arriver à ce but, le niveau de communication entre les différentes autorités, à l'échelle locale, régionale, nationale et mondiale, doit également être amélioré pour faciliter la collaboration.

Madrid : un exemple d'engagement envers les nouvelles mobilités

Paris fait déjà office de bon élève en matière de transition écologique, avec notamment la présence d'infrastructures de chargement pour la mobilité électrique. Mais Madrid est, elle, un véritable exemple européen en ce qui concerne le développement de la mobilité durable et de l'autopartage. En 2019, la ville comptait déjà 600 000 adeptes de l'autopartage, tous fournisseurs confondus.

La ville de Madrid a pris à l'automne 2020 de nouvelles mesures fortes. En collaboration avec plusieurs acteurs de l'autopartage et l'Association Espagnole pour le développement et la promotion de la mobilité électrique (AEDIVE), le gouvernement de la région madrilène a mis en place des incentives financières pour l'utilisation d'une voiture ou d'un scooter électrique.

Ce n'est pas la première fois qu'un gouvernement utilise des incentives pour accélérer la transition écologique. De nombreux pays européens ont mis en place une prime à la conversion, mais ces dernières visent à pousser les habitants à remplacer leur ancienne voiture en achetant un véhicule plus propre (électrique, hybride, etc.). À Madrid, les citoyens sont maintenant encouragés à partager, et non plus à posséder, une voiture plus propre. Ainsi, chaque madrilène se séparant de son ancienne voiture (+10 ans) reçoit une prime de 1250€ spécialement dédiée à l'utilisation, au cours des 2 ans suivants, des services d'autopartage. De leurs côtés, les acteurs de ce marché s'engagent à compléter cette somme avec des offres spécifiques et dédiées. En plus de reconnaître l'impact positif de l'autopartage sur l'environnement, cette décision du gouvernement de Madrid envoie un message fort : le nombre de voitures en circulation doit réduire pour permettre aux citadins de vivre et de profiter plus sereinement de leur ville.

Madrid a également mis en place, dans les lieux clés de la ville, des places de parking dédiées à l'autopartage en free-floating, afin de promouvoir la mobilité multimodale. Particulièrement appréciée des espagnols vivant en dehors de Madrid, cette mesure leur permet d'arriver en train, ou via un autre moyen de transport, puis d'avoir directement sur le parking une voiture à disposition pour poursuivre leur trajet facilement.

En parallèle, le gouvernement national - via la direction générale du trafic ( Dirreción General de Tráfico) - a également mis en circulation un sticker « car sharing » qui permet aux véhicules des flottes d'autopartage d'être facilement reconnus et ainsi de bénéficier de conditions d'accès et de stationnement spécifiques au sein de diverses structures, privées comme publiques (aéroports, gares, entreprises, etc.). Ce sticker est attribué en fonction du modèle d'utilisation (Autopartage) et non de la technologie du véhicule.

Mais des évolutions sont encore nécessaires, car malgré l'engagement de la ville de Madrid en matière de mobilité durable et d'autopartage, la ville ne dispose malheureusement pas à date d'assez d'infrastructures de chargement pour les véhicules électriques.

Ces mesures illustrent tout de même la collaboration, essentielle, entre les États et les acteurs de l'autopartage afin de favoriser l'adoption rapide et à grande échelle d'alternatives plus durables pour la mobilité. L'objectif commun de rendre les villes plus agréables et durables ne pourra en effet pas être atteint sans engagement politique, ni sans une étroite collaboration entre professionnels du marché et gouvernements. Les citoyens ont besoin de moyens de transport répondant réellement à tous leurs besoins. Nous devons dès à présent travailler ensemble, que ce soit à l'échelle nationale ou européenne, pour offrir aux citoyens de meilleures conditions de vie et répondre à l'urgence écologique.

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Olivier Reppert est PDG de SHARE NOW, un opérateur de l’autopartage flexible.

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