L’énergie : nouveau champ d’influence africaine

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Par Benoit Le Bars Modifié le 29 novembre 2022 à 9h16

Le continent africain possède un immense potentiel énergétique qui constitue un enjeu stratégique majeur pour le développement durable de ce continent qui abritera 2 milliards d’habitants en 2050. En témoigne, la multiplication ces derniers mois, des accords énergétiques entre les pays africains et ses partenaires économiques.

Dans un contexte de forte croissance démographique, la situation devient urgente pour l’Afrique, qui doit tout à la fois financer et accompagner son développement économique, en s’appuyant sur ses ressources naturelles, qu’elles soient fossiles ou renouvelables. Pétrole, gaz naturel, géothermie, mais aussi énergie solaire et énergies vertes, sont devenus l’enjeu d’une compétition acharnée entre les oligopoles, dans laquelle les Etats africains doivent pouvoir préserver leurs intérêts et ceux de leurs populations.

Un acteur énergétique incontournable

L’Afrique continentale représente ainsi 12% de la production mondiale de pétrole et 10% des réserves mondiales prouvées. La production de gaz naturel pourrait doubler d’ici 20 ans, passant de 200 à 400 milliards de mètres cubes par an, selon les estimations de l'Union Internationale du Gaz (IGU), qui regroupe 83 pays dont 10 africains, et couvre 95% du marché du gaz naturel dans le monde. Le continent possède également d’immenses ressources largement inexploitées, issues de la géothermie, d’une biodiversité préservée, d’un réseau hydrographique à fortes capacités, d’un potentiel éolien et solaire qui constituera sans nul doute l’une des clés de son développement territorial.

Une pièce maîtresse de notre diversification énergétique

De nombreux pays africains sont devenus pétroliers du fait des progrès technologiques de la prospection et de l’exploitation, de l’anticipation de la hausse de la demande et des stratégies de diversification des risques de la part des opérateurs et Etats importateurs. L’Europe achète ainsi globalement 22 % de son pétrole en Afrique. Les Etats-Unis comptent y assurer 25 % de leur approvisionnement d’hydrocarbures en 2015, contre 17 % aujourd’hui. La Chine importe plus de 20 % de son pétrole des pays africains, notamment de l’Angola et du Soudan, et s’est implantée dans la quasi-totalité des pays producteurs. L’Inde est également de plus en plus présente sur le continent. Et l’on observe des enjeux stratégiques similaires pour bon nombre de produits miniers et de matières premières. Une réelle opportunité pour le développement économique et social de l’Afrique à condition de rester maîtresse du jeu.

Une redistribution des cartes

C’est pourquoi l’Afrique cherche à diversifier ses partenaires et accéder à de nouveaux financements. Les relations d’influence et de pouvoir passent par les champs du commerce et de la finance, de la religion, des diasporas ou des ONG, et pas seulement par le hard power des puissances et des interventions militaires. Le retrait relatif des anciennes puissances coloniales, le relais partiel de l’Union européenne, le retour des acteurs de la guerre froide, notamment Etats-Unis et Russie, le rôle croissant des puissances asiatiques et la coopération avec les pays émergents, caractérisent cette nouvelle donne économique qui prend notamment forme à travers de nouveaux accords énergétiques. La question demeure de savoir s’il y aura transferts de technologies adaptées et délocalisation d’unités productives en Afrique, pour améliorer les revenus de la population et offrir des opportunités d'emplois aux jeunes. La montée en gamme de produits et la diversification des productions supposeraient à la fois la constitution de pôles de compétitivité autour des territoires et l’instauration de politiques ambitieuses de formation des populations. Un « new deal » pour ce continent appelé à devenir l’une des principales niches de croissance de nos économies.

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    Co-fondateur et associé gérant du cabinet LAZAREFF LE BARS, Benoît LE BARS est un expert reconnu en matière d’arbitrage international, dans des procédures institutionnelles et ad hoc, de règlement des litiges internationaux et de conseil en Afrique (notamment OHADA). Il est également Professeur de droit en France et aux Etats-Unis (Vermont Law School) et Maître de conférences.    

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