La retraite à 65 ans, c’est maintenant ?

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Par Jérôme Dubus Modifié le 29 janvier 2013 à 1h59

Si la réforme des retraites de 2010 a été une avancée importante, elle a été très loin de résoudre le problème des déficits chroniques de notre système. Deux ans après, le récent rapport du COR sonne comme une alerte rouge : 19 milliards de déficit en 2017 si aucune mesure de correction n’est mise en place rapidement. Après 1993, 2003, 2008 et 2010, une nouvelle réforme s’impose rapidement : une réforme systémique et courageuse qui ne se contente pas de mesures purement techniques.

La gauche au pouvoir n’a jamais été capable de regarder ce problème en face par démagogie et par immaturité. Rocard, Jospin : la liste est longue des renoncements. On peut donc douter une nouvelle fois de sa capacité à agir en profondeur : comment envisager des mesures courageuses alors que le Gouvernement a débuté son action par une remise en cause de la réforme de 2010 ? Il revient donc à l’opposition d’envisager d’ores et déjà des solutions que certains de nos voisins européens ont déjà mises en place… il y a 15 ans.

Pour aller plus loin, il faut une réforme profondément républicaine reposant sur les 3 piliers de notre modèle : la liberté, l’égalité et la fraternité.

Tout d’abord la liberté : répartition et capitalisation

Loin de nous l’idée de remettre en cause le système par répartition. Néanmoins, sa consolidation comme pivot des retraites passe nécessairement par la liberté pour chaque individu de pouvoir compléter ses revenus futurs par la capitalisation. On a beaucoup brocardé les fonds de pension à l’occasion de la crise. Mais, sait-on que la rentabilité moyenne d’un euro investi dans la capitalisation est trois fois supérieure à celle du même euro « placé » dans la répartition ? N’est ce pas d’ailleurs le choix déjà offert aux agents publics avec Préfon Retraite ? Pourquoi ne pas encourager le régime par capitalisation à la fois au niveau individuel et dans l’entreprise ? L’outil existe (le PERP), il faut assurer son développement. Les Pays-Bas, enviés pour leur modèle social, ont choisi depuis longtemps de faire marcher leur système de retraite sur 2 jambes : la répartition et la capitalisation. Résultat : qui entend parler d’une inquiétude des salariés hollandais quant à leur retraite ? Personne.

Ensuite l’égalité : fonction publique et secteur privé

Contrairement aux idées reçues, les retraites actuelles n’assurent pas une égalité entre chaque salarié. Peut-on accepter plus longtemps une telle différence de traitement entre les fonctionnaires d’Etat (âge moyen de départ à la retraite 57,5 ans et pension calculée sur les 6 derniers mois de traitement) et les salariés du privé (départ à 61 ans et pension calculée sur les 25 meilleures années), d’autant plus que le montant des cotisations versées demeure également très inégalitaire ? Ne faut-il pas également mettre fin à l’inégalité homme/femme devant la retraite au niveau du montant des pensions versées (impératifs maternels provoquant des ruptures de carrière ; faiblesse des pensions de réversion) ? Ne doit-on pas intégrer dans ce projet une réflexion sur la nécessaire cohérence des régimes, encore aujourd’hui au nombre de 38 avec, par exemple, la fusion de l’AGIRC et de l’ARCO ? Enfin, profitons également de cette réforme pour mieux prendre en compte la pénibilité du travail, au cas par cas, dans l’entreprise.

Enfin la fraternité : l’employabilité des seniors

Les Français demeurent particulièrement attachés au régime par répartition mais la solidarité intergénérationnelle ne pourra se poursuivre qu’en reculant l’âge de départ : « 65 ans, c’est maintenant ». D’ailleurs, l’âge légal à 60 ans signifie-t-il encore quelque chose alors que la retraite à taux plein est effective à 65 ans. Il s’agit plus d’un fétiche que d’une réelle norme sociale. Mais reculer l’âge légal de la retraite nécessite parallèlement d’améliorer l’employabilité des seniors dans les entreprises, plutôt habituées à se séparer des plus de 50 ans.

L’entreprise et le salarié doivent désormais s’habituer à vivre plus longtemps ensemble, ce qui nécessite un énorme effort en matière de formation pour se préparer à accomplir plusieurs vies professionnelles. C’est bien par le renforcement de notre modèle républicain que nous sauverons à long terme notre système de retraites.

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Jérôme Dubus est conseiller de Paris (17ème arrondissement) et Secrétaire National de l'UMP.

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