Ben Smith ne veut pas entendre parler d'une écotaxe sur le transport aérien, alors qu'Air France-KLM est encore très loin d'avoir retrouvé son niveau d'activité d'avant la crise sanitaire.
Le patron de la compagnie franco-néerlandaise se veut optimiste. Dans une interview à L'Opinion, il explique qu'Air France-KLM a su traverser de nombreuses tempêtes, des attentats du 11-Septembre aux nombreux mouvements sociaux, de la dérégulation du secteur aérien à l'avènement du low-cost. L'entreprise devrait également franchir la crise sanitaire. Grâce au soutien des gouvernements français et néerlandais, qui ont injecté des milliards d'euros de soutien. De quoi tenir « moins de douze mois », prévient Ben Smith. « Nous sommes en train de discuter avec nos actionnaires de la manière de renforcer notre bilan au-delà de cette période. Un, trois ou cinq milliards d’euros ? Il est trop tôt pour chiffrer le montant d’une éventuelle recapitalisation » : les États pourraient donc être appelés à remettre la main à la poche.
Recapitalisation à venir
La survie passe également par des mesures d'économies et de chasse aux coûts. Air France-KLM avait lancé à l'automne dernier un plan de restructuration : « Le plan que nous avons annoncé en novembre 2019 est toujours pertinent, mais la crise nous oblige à l'accélérer. Il nous faut faire beaucoup plus pour réduire nos coûts », explique-t-il. Par conséquent, l'entreprise doit faire « beaucoup plus » sur ce plan afin de réduire encore davantage ses coûts. « Aujourd'hui, la règle est qu'Air France-KLM opère uniquement les vols rentables », indique-t-il. Hop!, le réseau de lignes domestiques, va être rationalisé. Et 7.580 postes vont être supprimés : « La pyramide des âges au sein d’Air France nous aide car elle va entraîner beaucoup de départs naturels », rassure-t-il.
Chasse aux économies
Néanmoins, Ben Smith craint le retour de bâton de l'État français en particulier. La Convention citoyenne du Climat a mis sur la table une suggestion d'écotaxe pour le trafic aérien, qui provoquerait « instantanément » des dizaines de milliers de suppressions d'emplois, prévient-il. « Par exemple, Air France dégageait, avant la crise, un résultat opérationnel de 280 millions d’euros seulement. Comment serait-elle capable de supporter un impôt qui lui coûterait entre 1,2 et 1,3 milliard d’euros par an ? ». Ben Smith estime que cette écotaxe sera rien moins qu'« irresponsable et catastrophique ». Une question qui sera entre les mains du gouvernement.