Le sauvetage de l'usine Alstom de Belfort vire au burlesque. Non seulement l'achat de TGV par le gouvernement pour les faire rouler sur des voies classiques est dispendieux, mais il est fort probablement en prime illégal !
500 millions d'euros pour acheter 15 trains, sauver ou plutôt, préserver 500 emplois pendant 2 ou 3 ans : voilà le triste bilan du sauvetage de l'usine Alstom par le gouvernement.
En annonçant vouloir acheter 15 rames de TGV pour les faire rouler sur les voies classiques, sur les lignes intercités, gérées directement par l'Etat dans le cadre de sa mission d'aménagement du territoire, l'éxecutif a surtout donné une preuve supplémentaire de son incompétence et de l’amateurisme inégalé de ses équipes.
L'achat de TGV par l'Etat, illégal ?
Comment des conseillers, que ce soit à Matignon, au ministère des Transports, à l'Economie des Finances, ont pu en effet laisser passer sans sortir de carton rouge le projet rocambolesque d'acheter des trains sans passer par un appel d'offres ? Manuel Valls a beau se prévaloir d'un contrat cadre signé entre Alstom et la SNCF en 2007, c'est bien l'Etat, et non la SNCF, qui achète ces trains. Et le contrat cadre, quand bien même l'Etat aurait supervisé sa signature, ce qui n'est même pas certains, ne peut être évoqué pour cette opération.
Comment des conseillers, que ce soit à Matignon, au ministère des Transports, à l'Economie des Finances, ont pu également laisser passer l'idée fumeuse consistant à faire rouler des TGV sur des lignes classiques, alors qu'ils coûtent deux fois plus cher qu'un train classique à l'achat, et 30 % de plus, en exploitation ?
Y-a-t-il encore des conseillers dans les ministères ?
Comment, enfin, des conseillers, que ce soit à Matignon, au ministère des Transports, à l'Economie des Finances, ont pu proposer , ou simplement accepter l'idée que l'Etat achète ces trains, pour donner du travail aux salariés de l'usine Alstom de Belfort, afin de les utiliser un peu (on parle de un ou deux ans), puis ensuite, tenter de les revendre à la SNCF qui n'en a pas besoin... ou à un concurrent, qui les mettrait aussitôt sur le réseau grande vitesse français, ouvert à la concurrence ?
Manuel Valls a beau se défendre en parlant d'un Etat tacticien, c'est surtout une conception soviétique de l'économie et du pouvoir qui éclate au grand jour. Ces gens là ne connaissent décidément rien à l'économie et au droit, et aux règles qui permettent de réguler l'un comme l'autre. On attend de voir désormais comment Bruxelles, et son commissaire européen à la concurrence, vont réagir à cette annonce. Gageons que l'on risque d'entendre encore parler souvent, et longtemps, du sauvetage calamiteux de l'usine Alstom de Belfort, à commencer pendant la campagne présidentielle qui commence pour de bon.