François Hollande et Julie Gayet : pourquoi le capitaine de pédalo ne peut pas revendiquer le « droit à la vie privée »

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 13 janvier 2014 à 4h24

En fait de courbes, François Hollande en avait bel et bien en tête, mais ce n'était ni celle du chômage, ni celle du commerce extérieur ou encore celle de la dette publique.

La France entière découvre aujourd'hui - je parle bien de la France, et pas du microcosme parisien qui lui savait, paraît-il pour certains, depuis mars dernier !! - que le président de la République, loin d'être tout à son affaire alors que le pays traverse une des plus graves crises de son histoire, était en fait préoccupé par... un flirt, mieux, puisque cela dure, une affaire de coeur, avec une actrice - le cliché absolu - de vingt ans de moins que lui - autre cliché absolu - fascinée, comme des milliers d'autres femmes avant elle par le pouvoir, et les hommes qui le détiennent. Il paraît que l'orgasme, avec un homme "puissant", est décuplé. C'est dans la tête tout ca.

Le microcosme parisien savait, et commençait à laisser filtrer des choses, car, oui, un président qui courtise les jeunes actrices, ca se voit, à force. L'Express indiquait en décembre dans un confidentiel que "l'agenda présidentiel est truffé de plages horaires où est indiquée la mention rendez-vous privé" parlant un peu plus haut dans le même articles de "discrètes escapades". Le web se gausse aujourd'hui en revoyant le passage de Julie Gayet sur le plateau du Grand Journal de Canal +, ou l'animateur, Antoine de Caunes, dans la confidence, taquine l'actrice et fait pleurer de rire Stéphane Guillon.

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L'Elysée a aussitôt publié un communiqué de presse pour dénoncer "l'atteinte à la vie privée" dont Closer se serait rendu responsable en publiant des photos de François Hollande quittant le domicile de l'actrice Julie Gayet. Sauf que cette fois, cela ne marchera pas. D'abord, parce que le candidat à la Présidence de la République François Hollande, lors de l'ultime débat télévisé face à Nicolas Sarkozy, avait pris des engagements très clairs, les yeux dans les yeux avec les Français. Dans son anaphore de 3 minutes 12 seconces, le fameux "Moi, président de la République", François Hollande s'était notamment engagé ainsi : "Moi président la République, je ferai en sorte que mon comportement soit en chaque instant exemplaire".

Les railleurs diront que l'engagement n'a pas prise sur un homme qui n'est pas marié et de fait, n'a pas juré fidélité à sa compagne devant monsieur le maire. C'est oublier un peu trop vite que François Hollande a présenté Valérie Trierweiler aux Français comme étant sa femme, de fait, et qu'il a d'ailleurs rempli en 2012 une déclaration de revenu commune avec elle, étant en concubinage notoire. C'est oublier un peu trop vite qu'il a installé Valérie Trierweiler à l'Elysée, lui donnant de fait le statut (non constitutionnel) de première dame, et qu'à ce titre, celle-ci dispose de locaux et de personnel payés par nos impôts. Une plainte déposée l'an dernier par un contribuable et accusant la première dame de détournement de fonds publics a été classée sans suite depuis par le parquet. Mais la découverte de la double vie du Président pourrait légitimement réouvrir le dossier. Qui est en fin de compte Valérie Trierweiler ? Enfin, lors de ses déplacements à l'étranger, François Hollande président de la République non marié a obligé les protocoles étrangers à s'adapter, et à faire une place à sa compagne. On imagine la scène demain, s'il fallait faire aussi une place dans les voyages officiels à la première maitresse. Et pourquoi pas à ses suivantes aussi ?

En pleine tempête, le capitaine du navire n'a pas le droit d'aller s'amuser avec les passagers de première

Mais vouloir éloigner les critiques à l'encontre d'une attitude qui n'a rien d'irréprochable - puisqu'il s'agit ni plus ni moins de quelqu'un qui mène une double vie, ce que la morale et le bon sens réprouvent - ne marchera pas surtout parce que le capitaine du navire, fut-il breveté capitaine de pédalo, n'a pas le droit d'aller boire du champagne et faire des galipettes avec une actrice en première classe, pendant que l'équipage sur le pont tente de sauver ce qui peut l'être dans la tempête, et d'éviter les plus gros icebergs. Quand la maison commune brûle, le mari volage est là pour mettre à l'abri femme et enfants et prêter main forte aux pompiers et sauver ce qui peut l'être. Et reconstruire.

Or, découvrir que depuis mars dernier, le Président de la République, au lieu de lutter jour et nuit - ayant revendiqué la charge suprême et de ce fait ayant fait don de sa personne à la Nation - pour redresser la barre du pays et en premier lieu son économie, allait en fait passer la nuit chez sa maîtresse, à deux pas de l'Elysée, est tout simplement révoltant. Quand on échange des SMS avec sa maîtresse tout en se cachant des autres, à commencer de sa compagne officielle, et de ses collaborateurs et amis qui (ne) pourraient (que) le réprouver, on n'est pas à la manoeuvre, mais la tête ailleurs. Après, il ne faut pas s'étonner que François Hollande soit devenu en un temps record le président le plus détesté de la Ve République.

François Hollande confirme par cette nouvelle turpitude qu'il n'est définitivement pas à la hauteur de la fonction qu'il a usurpée par défaut, faute d'autre combattant "PGCD" (plus grand commun dénominateur), dans son camp. D'aucuns diront que d'autres chefs d'Etat ont eu des aventures et des maîtresses, pour certaines, officielles et installées. Oui, mais l'on parlait là de grands hommes d'Etat. François Hollande fait partie de ces élèves qui dans une classe arrivent à obtenir de bonnes notes - ce qui n'est pas du tout son cas en ce moment - mais en travaillant d'arrache pied, quand d'autres buchent un quart d'heure le soir pour faire leurs devoirs et décrochent un 18 le lendemain. Puisqu'il est désormais avéré qu'il n'a pas travaillé au cours des neuf derniers mois, si ce n'est plus, on comprend mieux la profondeur du marasme dans lequel la France est plongée, et le gouvernement à sa suite. On comprend mieux l'indiscipline de son camp, ces ministres, parlementaires et même chef de parti, prompts à critiquer l'action - ou l'inaction - du chef de l'Etat

On ne peut pas faire confiance à un menteur patenté qui se prétend "irréprochable"

François Hollande a demandé aux Français de lui faire confiance, il a présenté lors de ses voeux le Pacte de responsabilité et pris certains engagements. Mais comment peut-on décemment croire quelqu'un qui trahit la personne qui devrait lui être la plus chère, à savoir la compagne avec laquelle il vit, est installée à l'Elysée, qu'il a affichée aux yeux du monde entier comme étant sa légitime, ce pour aller découcher quelques mois à peine après son arrivée au pouvoir avec une actrice plus jeune de vingt ans ? Ce sans aucun scrupule, à quelques pas de l'Elysée encore, puisque, pied de nez suprême à l'Histoire, Julie Gayet habite.. 54 rue du Faubourg Saint Honoré ?? Certains monarques n'ont laissé qu'une trace infime dans l'Histoire de France, notamment parce qu'ils étaient plus préoccupés par la chasse et les aventures que par le pouvoir. François Hollande viens de rentrer à fond sur son scooter dans ce Panthéon peu glorieux. Et pendant ce temps là, le navire sombre...

adresse julie gayet rue du faubourg Saint Honoré Elysée

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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