Coronavirus : Perspectives T2 2020 : au coeur de la tempête

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Par Sébastien Galy Modifié le 2 avril 2020 à 13h25
Crise Subprimes Bourse Recession Marches
@shutter - © Economie Matin
3,1%La récession mondiale pourrait atteindre 3,1% en 2020.

L’économie mondiale entre dans la tempête, et les investisseurs peuvent s’attendre à traverser une période très difficile avant une amélioration qui devrait arriver au deuxième semestre avec le rebond de l’économie chinoise. Une lueur d’espoir illumine cette morne plaine, à savoir l’effondrement des cours du pétrole. Cette baisse ne sera pas d’un grand secours à court terme vu le grand nombre de personnes confinées chez elles, mais elle finira par être bénéfique au moment du rebond économique.

Nous nous attendons à ce que l’économie mondiale entre en récession au 2e trimestre et en sorte d’ici à la fin de l’année. Face à cette crise sans précédent depuis la deuxième Guerre mondiale, les perspectives pour le 2e trimestre sont difficiles.

Le virus Covid-19 s’est propagé de la Chine au reste du monde, et les autorités font tout ce qu’elles peuvent pour le contenir par des mesures drastiques, par exemple des « lockdowns ». Dans certains pays, l’Italie par exemple, les systèmes de santé sont au bord de la rupture. La plupart des magasins sont fermés et les entreprises traditionnelles à présence physique subissent un choc violent. Il en va de même pour les usines, tandis que le secteur des services, nettement plus important, peut se rabattre dans une large mesure sur le télétravail. Même les consommateurs les plus réfractaires commandent désormais à domicile.

Ce choc devrait contraindre de nombreuses entreprises à licencier tout ou partie de leur personnel, ce qui entraînera une forte hausse du chômage de l’Europe aux États-Unis. Cette situation, en conjonction avec la baisse du pétrole, provoquera forcément de fortes pressions déflationnistes, notamment aux États-Unis où certains secteurs, tels que l’informatique, ont des marges bénéficiaires très élevées.

Cela laissera une marge de manœuvre importante aux banques centrales, de la Fed à la BCE, pour maintenir des politiques monétaires extrêmement accommodantes. On peut donc s’attendre à ce que l’assouplissement quantitatif et l’assouplissement du crédit pratiqués actuellement s’intensifient au cours des prochains trimestres. Plus précisément, nous nous attendons à ce que la Fed et la BCE se lancent dans l’intermédiation de crédit pour les petites et très petites entreprises en partageant les risques avec les banques, comme la Fed vient de le faire. Ajoutées aux expansions budgétaires, ces mesures permettront à l’économie de se stabiliser en forte récession. Ensuite, à mesure que les lockdowns et autres interventions feront reculer le virus, la croissance devrait reprendre lentement en commençant par la Chine. Il y aura tout d’abord la demande accumulée pendant des semaines de confinement, puis la prise de conscience des périodes difficiles encore à venir. Les banques des économies développées étaient solides à l’entrée de la crise, alors que les banques nordiques sont traditionnellement des valeurs refuges.

Le 2e trimestre devrait être difficile mais la situation devrait s’améliorer vers la fin de l’année. Dans un environnement aussi difficile, les solutions obligataires et obligataires flexibles demeurent des valeurs sûres et des outils clefs de l’allocation d’actifs pour générer des couples rendement-risque plus attractifs. La duration jouera probablement un rôle moins important, de sorte que la prise de crédit dans l’investment grade devrait aider. Nous privilégions depuis longtemps les obligations garanties en raison de leur profil extrêmement sûr, et les achats de la BCE continuent de soutenir ce marché. Les investisseurs doivent comprendre qu’en période de volatilité, les compétences des gestionnaires de portefeuilles sont importantes puisqu’elles leur permettent de gérer la crise. On citera par exemple les fonds obligataires des marchés émergents, qui ont affiché des performances très différentes durant la crise en fonction du gestionnaire de portefeuille. Les solutions flexibles multi primes de risques sont un autre outil efficace pour stabiliser un portefeuille dans un marché volatile.

Nous sommes au début d’une crise historique. Lorsque la peur commencera à reculer, la volatilité devrait chuter sur les marchés d’actions. Cet effet fixera un plancher au marché et offrira un potentiel de hausse, le marché misant sur différents trains de mesures de sauvetage. Mais nous allons devoir affronter une forte récession et gérer de nombreux avertissements sur les bénéfices et de nombreuses faillites. Un pavé a été jeté dans la marre, et les vagues qu’il provoque se font sentir jusqu’au rivage. Dans un environnement marqué par une telle volatilité, nous privilégions l’immobilier coté et les infrastructures cotées. Ils offrent un profil résistant à la baisse tout en profitant des hausses.

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Sébastien Galy est macro-stratégiste senior chez Nordea Asset Management. Il analyse les tendances macroéconomiques et financières.  Sébastien a travaillé pour la Deutsche Bank et UBS.  Il détient un doctorat en finance de l'Université Concordia ainsi qu'une maîtrise et un bachelor en économie de l'Université Laval. 

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