Ce que François Hollande aurait pu annoncer lors de sa conférence de presse

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 15 janvier 2014 à 7h51

Tous les éditorialistes et politologues assènent le même antienne depuis la révélation par Closer, le « Minute » des temps modernes de la politique française, des frasques de François Hollande avec l’actrice Julie Gayet. Notez l’évolution dans le temps : François Mitterrand cachait dans un hôtel de la République ses amours – et leur fruit - avec une conférencière et historienne des Musées Nationaux. Célibataire. François Hollande cachait ses parties de jambes en l’air – dans un appartement appartenant à un bandit corse, avec une actrice de troisième rang. Mariée, deux enfants d’un autre.

L’antienne diffusée sur les ondes depuis vendredi ? Il faut restaurer la confiance, le « credo » des Français. Et pour cela, François Hollande doit surprendre lors de sa conférence de presse, pour reprendre la main, et renvoyer à la vie privée ce qui appartient à la vie privée. Et tant pis si le scooter à trois roues, les gardes du corps et le camion de police qui stationnent 24h sur 24 devant le 20 rue du Cirque sont payés par nos impôts – et les croissants du petit déjeuner des amants, montés par un policier majordome d’occasion aussi ?

François Hollande, qui n’en est plus à un coup… médiatique près, va nous sortir sa botte secrète. Car vous n’imaginiez tout de même pas que tout cela était le fruit du hasard ou du manque de chance ? Non, toute cette histoire, et avant elle, le marasme économique dans lequel la France est plongée, aggravé par les contre-mesures prises depuis 18 mois par le gouvernement Ayrault, tout cela est programmé, planifié. Comme au théatre.

J’ai très souvent remarqué qu’une pièce, adulée par la critique, utilise souvent une ficelle à l’efficacité redoutable : Elle démarre lentement, voire, bien souvent, mal. L’histoire peine à s’installer, les acteurs sont encore froids, on s’emmerde pour dire les choses simplement. Et tout d’un coup, c’est le.. coup de théatre. Et oui ! Un événement innatendu survient, et vous voilà embarqués à 200 à l’heure dans l’aventure, sans plus toucher terre jusqu’au tombé du rideau.

Hollande nous prépare le même coup, de théâtre, pour faire du pire mandat de président de la Ve République, le meilleur, après nous avoir emmenés, tous, au fond de la piscine. Et là, coup de pied magistral !

Ce que François Hollande va nous annoncer, c’est un changement de Premier ministre, et donc évidemment, de politique. Les observateurs ont remarqué le virage social-démocrate, voire, social-libéral pris lors de la présentation des vœux du président. Et d’aucun de s’étonner de ce virage, qui ne ressemble pas tellement à la politique menée par Jean-Marc Ayrault ou Arnaud Montebourg pour ne citer que ces deux là.

Pascal Lamy, un temps pressenti pour devenir Premier ministre après son mandat de directeur général de l’OMC ? Il est pris, je l’ai lu dans le journal ce matin par une obscure mission sur les… fréquences hertziennes en Europe, et encore, pas n’importe lesquelles, celle de la bande des 700 Mhz. Un peu comme si l’on confiait à Rambo la gestion d’une école maternelle de quartier.

Manuel Valls, le ministre et l’homme de gauche, l’homme politique d’ailleurs, préféré des Français dans les sondages d’opinion ? Manque de chance, sa gestion de l’affaire Dieudonné, dont on se demande bien ce qu’il est allé faire dans ce guépier, lui a coûté pas moins de… dix points dans les derniers sondages d’opinion, et lui en coûtera encore certainement dix de plus la semaine prochaine puisqu’il est manifeste que Dieudonné, en épurant son spectacle de ce qu’il avait de plus répréhensible, a gagné.

Non, le coup de théâtre que nous réserve François Hollande, c’est la nomination de l’ex-paria de la vie politique française qui se trouve également être probablement le seul capable de prendre les mesures nécessaires pour sortir le pays de l’impasse économique dans laquelle il se trouve.

Un paria dont les propres frasques paraissent soudainement risibles pour ne pas dire ridicules, comparées à la prise sur le… vif, d’un président de la République en exercice, opportunément photographié à l’arrière d’un scooter se rendant chez sa maitresse à… 100 mètres du palais présidentiel, pendant que sa compagne officielle est à l’Elysée. Pour une partie de bunga bunga avec une actrice. Plus jeune de vingt ans. Le déballage de toute l’histoire envoie la Première Dame –j ai voulu écrire la Seconde…- directement à la case hopital, où elle se trouve depuis vendredi après midi et dont elle ne sera probablement pas encore sortie pendant que son concubin officiel parlera à la presse.

A côté de ça, une faiblesse coupable mais passagère avec une camériste dans un hôtel new-yorkais, c’est de la bibine !

Oui, François Hollande va nous faire ce coup là, convenu de longue date avec Dominique Strauss Kahn. Sachant qu’il ne pourrait pas, avec l’affaire de New York, se présenter à la présidentielle, les menaces judiciaires faisant peser un risque trop grand sur sa personne et la fonction qu’il rêvait d’incarner, DSK a confié à François Hollande la mission de lui chauffer la place. En nommant un non Premier ministre, pour ne pas faire le job pendant dix-huit mois, cela renforcerait la dimension providentielle de la désignation de DSK à Matignon. Hollande sait que seul DSK a la compétence pour prendre les bonnes décisions. Et comme il n’a rien à perdre, prêt à tout pour gagner sa rédemption et sa réhabilitation, il fera le job, car il sera inattaquable !

Tout a déjà été dit sur lui, les critiques, les moqueries, les blaques, glissent sur lui comme de l’eau sur les plumes d’un canard. Ancien patron du FMI, il n’a plus rien à apprendre de personne.

Si François Hollande veut reprendre la main, et se donner un maximum de chances de finir son mandat présidentiel en beauté, et pourquoi pas, de rempiler pour un deuxième (sauf si son Premier ministre lui propose un échange de postes, à la russe), il aurait tout à gagner à annoncer l’arrivée de Dominique Strauss Kahn à Matignon.

Ceci est de la politique fiction. Ou pas. Comme toutes les révélations et rebondissements de ces dernières 96 heures, qu’un Français parti en vacances sur Mars aurait du mal à croire…

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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