Après la Haute autorité de santé, c’est au tour de la Cour des comptes de dénoncer les prescriptions inutiles d’antibiotiques. Pour l’institution, les premiers responsables de cet engouement sont les médecins libéraux.
Les médecins libéraux dans le collimateur de la Cour des comptes
La prescription inutile d’antibiotiques, serait-elle un mal français ? C’est en tout cas le constat que fait la Cour des comptes dans un référé sur le sujet publié le 14 février 2019. En effet, au sein de l’Union européenne, seuls deux pays (la Grèce et Chypre) affichent une consommation d’antibiotiques par habitant supérieure à la France. La consommation française est d’ailleurs trois fois supérieure à celle des Pays-Bas, sans qu’aucune raison épidémiologique ne vienne expliquer cet écart, font remarquer les auteurs du référé.
Pour la Cour des comptes, les premiers responsables de cette surconsommation d’antibiotiques sont les médecins libéraux. Et pour cause : 93% de la consommation d’antibiotiques en santé humaine est le résultat de prescriptions faites en ville. « La prescription d’antibiotiques est encore trop souvent une « facilité » pour le médecin, qui économise ainsi le temps qu’il aurait dû consacrer à expliquer la non-prescription, ou qui évite le risque de voir le patient s’adresser à un autre praticien », expliquent les auteurs du référé.
La Cour des comptes prône la dispensation d’antibiotiques à l’unité
En effet, depuis de nombreuses années des tests rapides d’orientation et diagnostics (TROD) « angine » permettent de distinguer les infections d’origine virale (pour lesquelles les antibiotiques ne sont pas pertinents) des infections bactériennes (où leur prescription est justifiée). Or, ces tests n’étaient utilisés en 2015 que par 40% des médecins généralistes.
Selon la Cour des comptes, la responsabilité revient aussi en partie à la chaîne de distribution. À l’inverse de ce qui se fait dans de nombreux pays, en France les antibiotiques sont dispensés à la boîte et non pas à l’unité. Or, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, la dispensation à l’unité dans les pharmacies permettrait non seulement de réduire de 10% la consommation par rapport à une dispensation à la boîte, mais préviendrait aussi le risque d’automédication, particulièrement inapproprié pour ce type de médicaments.