Apple, traître aux États-Unis ?

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Par Charles Sannat Modifié le 11 septembre 2019 à 11h05
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@shutter - © Economie Matin

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Bloomberg est l’une des plus importantes agences de presse financières américaine, et son ancien fondateur a même été maire de New-York. Bloomberg, ce n’est pas une presse « populiste » pour reprendre un vocable à la mode, et pourtant, l’une de leur dernière sortie concernant Apple est pour le moins surprenante par ses implications.

En anglais dans le texte cela donne ça :

« Yet there are good reasons China might prefer not to crack the whip too fiercely on the iPhone maker. Apple plays an important role in the local economy, but amid the rising tensions with President Donald Trump’s administration, the Cupertino, California-based firm has another significant role: as a quasi proxy, lobbying in Washington for interests similar to China’s »…

Ce qui peut se traduire en français par « il y a plein de raisons pour que la Chine ne trucide pas tout de suite la société Apple sur l’autel de la guerre commerciale. D’abord Apple joue un rôle important dans l’économie chinoise, mais surtout un rôle modérateur dans la montée des tensions commerciales avec l’administration Trump. La firme de Cupertino (Apple) a aussi un autre rôle significatif, à savoir celui de quasi proxy (pare-feu) et de lobbying au sein même de Washington en y défendant des intérêts similaires à ceux de la Chine ! ».

En clair, Apple est une société traîtresse aux intérêts des États-Unis et défend les intérêts de la Chine…

Les intérêts d’Apple sont divergents des intérêts américains !

C’est là que les implications de cet article sont en réalité énormes !

Lorsque la société Apple défend ses intérêts propres de multinationale elle défend en réalité les intérêts de la Chine au détriment des intérêts américains.

Cela signifie que les intérêts particuliers d’Apple ne sont pas identiques à l’intérêt général de la nation américaine.

Cela signifie également que ce qui est vrai pour Apple l’est pour toutes les autres multinationales qui tirent considérablement profit de la mondialisation, une mondialisation qui repose dans ses excès sur l’appauvrissement massif des classes moyennes occidentales d’un côté et sur l’émergence d’une classe moyenne en Asie, avec des profits monstrueux réalisés par ces grandes entreprises qui se gavent en faisant fabriquer pas cher là-bas pour vendre très cher ici.

Dans la mondialisation telle qu’elle est conçue, menée et voulue, la somme des intérêts particuliers des multinationales n’est pas égale à l’intérêt général. C’est même l’inverse.

Dans cet article Bloomberg vient de démontrer que ces immenses compagnies poursuivent des intérêts et des logiques qui ne sont pas compatibles avec le bonheur des gens et des peuples, elles sont même les ennemis des nations et par extension des démocraties. Elles incarnent ce que j’appelle le totalitarisme marchand, et Bloomberg ce qui est une grande première, vient pour la première fois de l’évoquer publiquement. Ce n’est pas rien. C’est même beaucoup !

Lorsque les intérêts d’une entreprise convergent avec les intérêts d’une autre nation, on appelle cela de la… trahison !

Pour les analystes de Bloomberg, les intérêts d’Apple et de la Chine convergent car il a fallu une dizaine d’années à Apple pour développer une chaîne d’approvisionnement complexe à travers les régions côtières du pays impliquant un maillage de plus de 350 usines-prestataires chinoises. L’imposition de droits de douane élevés nuira à la Chine aussi bien qu’à Apple.

Pour Bloomberg il faudra 10 ans ou plus pour développer les mêmes chaînes complexes au Viêtnam, en Inde ou en Indonésie.

Ce qui nous amène à la dernière implication à savoir que la démondialisation comme la mondialisation ont été des processus lents et longs. Défaire la mondialisation, la détricoter prendra du temps et les forces qui sont opposées à ce retour en arrière sont considérables.

Vous avez actuellement deux pays, à savoir les États-Unis et le Royaume-Uni, c’est-à-dire le monde anglo-saxon qui veut démondialiser. Les autres, eux, résistent de toutes leurs forces.

C’est ce sujet et de celui de la disponibilité de l’énergie qui vont conditionner l’avenir des milliards d’habitants de cette planète pour les 20 ans qui viennent.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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