Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
Celles et ceux qui ont toujours eu une « certaine idée de la France », et de notre indépendance, ont toujours vu d’un très mauvais œil le retour dans l’OTAN que Nicolas Sarkozy, dit « l'Américain », a initié alors qu’il était président. Son successeur, François Hollande, a suivi le même chemin, celui de l’alignement corps et âme de la France et de son appareil militaire sur les intérêts américains.
Je n’ai eu de cesse de dénoncer notre appartenance à l’OTAN, pas d’un point de vue idéologique, mais parce que notre intégration à une alliance militaire bras armé des intérêts américains, ce n’est évidemment pas la meilleure solution pour assurer notre indépendance et les attributs de notre souveraineté.
Quand on dénonce l’Otanisation de notre pays, on est évidemment qualifié de faire de « l’antiaméricanisme » primaire. Désormais, c’est encore plus grave. On est « américanophobe », ce qui constituerait presque un délit pénal.
Quoique cela soit moins vrai depuis que Donald et Daisy sont à la Maison Blanche. On a le droit d’insulter le Président américain, de le vomir, et l’on est encensé… Il faut dire que notre Donald ne fait pas dans la dentelle.
Pilonnage en règle de l'Allemagne
Alors que le Président des États-Unis vient d’arriver à Bruxelles pour un sommet de l’OTAN, voici ce qu’il a déclaré afin de poser tout de suite les choses :
« L’Allemagne est complètement contrôlée par la Russie, elle est prisonnière de la Russie », ou encore « L’Allemagne paie des milliards de dollars à la Russie pour ses approvisionnements en énergie et nous devons payer pour la protéger contre la Russie. Comment expliquer cela ? Ce n’est pas juste »…
Je ne peux qu’encore une fois attirer votre attention sur ce que je disais il y a quelques jours déjà dans l’édito intitulé « Punir l’Allemagne, négocier avec la France, détruire l’Europe ! ».
Chaque jour qui passe nous montre un peu plus la réalité de cette stratégie américaine.
Quelles sont les raisons de la colère trumpienne ?
N’en déplaise aux imbéciles de propagandistes, non Trump n’est toujours pas l’abruti que l’on veut nous faire croire qu’il est.
La raison de la colère américaine c’est évidemment l’alimentation en gaz et en pétrole de l’Europe par la Russie alors que la grande idée c’est de remplacer le gaz russe par le gaz américain !
Le président américain a dénoncé à plusieurs reprises le projet de doublement du gazoduc Nord Stream reliant directement la Russie à l’Allemagne. Il exige son abandon.
Sa critique lui permet d’enfoncer un coin dans l’unité des Européens, car Nord Stream 2 les divise. »
Les pays de l’UE importent deux tiers de leurs besoins de consommation. En 2017, ceci a représenté une facture totale de 75 milliards d’euros, selon les statistiques européennes. À ce jour, la moitié du gaz acheté est russe, mais les Européens cherchent à briser cette dépendance.
Les États-Unis sont engagés dans une stratégie de conquête de marchés pour leur gaz naturel. Ils ont exporté 17,2 milliards de m3 en 2017, dont 2,2 % par méthaniers vers les terminaux de l’Union européenne. »
75 milliards d’euros dépensés chaque année dont la plus grande partie revient à la Russie.
Or les États-Unis sont engagés dans une guerre à mort pour le contrôle de l’énergie et l’alimentation du monde.
C’est toute cette stratégie et ses implications notamment monétaires et économiques que j’ai détaillées dans ma lettre du mois de juin disponible dans vos espaces lecteurs.
La « grandeur de la France », ce sera sans l'OTAN, et sans l'Union européenne
Nous sommes ici au cœur du sujet géopolitique actuel.
Que va faire l'Europe ? Va-t-elle payer la rançon énergétique américaine ? Va-t-on au contraire poursuivre notre stratégie de mix énergétique aussi bien en diversification de sources d’énergie que de sources d’approvisionnement ? Merkel va-t-elle plier devant Trump ? Macron va-t-il rester le double vassal soumis aussi bien aux États-Unis qu’à l’Allemagne ou la France va-t-elle s’émanciper comme on pourrait en détecter les tout premiers signes (encourageants) dans le discours de Macron devant le congrès où il a déclaré en conclusion de son discours :
« Notre seule idéologie, c’est la grandeur de la France. C’est un patriotisme nouveau, vivifié que nous sommes en train de construire »…
Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais le printemps commence toujours par une hirondelle. Les événements risquent fort de se charger de faire fléchir l’idéologie macronienne.
Ce qui est certain c’est que la grandeur d’une nation, surtout d’un vieux pays comme peut l’être le nôtre, ne peut s’exprimer qu’à travers une souveraineté totale et les choses sont très simples.
Les attributs de la souveraineté sont les suivants : faire les lois, faire appliquer les lois, battre monnaie, et décider de la paix ou de la guerre. Avec l’Europe, nous ne faisons plus loi, notre police a la plus grande des peines à faire appliquer les quelques règles qui le mériteraient véritablement, nous ne battons plus monnaie puisque l’euro est une monnaie commune, et enfin, notre appartenance à l’OTAN nous empêche par définition de décider pleinement de nos guerres ou de la paix.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae