La baisse du chômage n’est-elle qu’un trompe-l’oeil dopé aux aides ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 29 mars 2022 à 12h34
Apprentissage Connaissances Entreprise Argent Croissance Transfert
@shutter - © Economie Matin
8000 EUROSUne entreprise reçoit 8.000 euros pour prend un apprenti s'il est majeur.

C’est le grand succès du quinquennat d’Emmanuel Macron : la baisse du niveau de chômage en France. Un succès répété par le candidat à la Présidentielle et ses équipes… mais que l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) remet en doute. Et si la baisse du chômage n’était pas aussi importante, en réalité, que ce que prétend le gouvernement ?

L’apprenti : ce chômeur qui n’en est pas un

Le statut des Français, en termes statstiques, est assez simple : soit ils sont retraités ou trop jeunes pour travailler, soit ils sont actifs, donc en âge et capacité de travailler. Et dans ces derniers, deux situations se distinguent : les chômeurs, qui ne travaillent pas, et les personnes qui travaillent (tous contrats et statuts confondus). Du moins, c’est sans compter les apprentis qui sont dans une zone grise.

Les apprentis sont à la fois chômeurs et pas chômeurs : d’un côté ils travaillent, ce que prévoit leur contrat, de l’autre ils n’ont pas de CDD, CDI et autres contrats classiques de ce type. Pour la Dares, néanmoins, ils ne sont pas des chômeurs, et sont donc retirés de la somme des chômeurs en France. Résultat… les chiffres du chômage baissent à mesure que l’apprentissage augmente.

Forte hausse de l’apprentissage donc forte baisse du chômage

Or, selon la Dares, fin 2021 il y avait entre 800.000 et 900.000 apprentis en France, les données n’était en réalité publiées que fin juin de l’année suivante. L’OFCE, dans sa note sur le marché du travail durant le quinquennat Macron publiée le 17 mars 2022, retient de son côté l’estimation haute de 900.000 pour faire son analyse.L’Observatoire compare ce nombre à celui des apprentis fin 2019 : 478.000, soit près de deux fois moins. L’apprentissage a en effet explosé car poussé par le gouvernement via les emplois aidés, en particulier avec la crise de la Covid-19.

Les aides pour les entreprises pour employer un apprentis sont importantes et nombreuses, ce qui a expliqué l’engouement de ce type de contrat en France. Un apprenti ne coûte quasiment rien la première année à l’employeur qui touche une indemnité qui servira à payer la majorité du salaire du nouveau venu. Mais le problème risque de se poser à la fin du contrat.

Selon l’OFCE, en effet, la forte hausse du nombre de contrats d’apprentissage entre 2019 et 2021 est la cause de la forte augmentation du nombre d’emplois créés en France, plus de 66% de l’ensemble. Mais l’essai pourrait ne pas se transformer.

Apprentissage, oui, mais emploi à la clé ?

Si certains apprentis ont un contrat classique de promis à l’issue de leur apprentissage, c’est loin d’être le cas de tous : ils entreront alors sur le marché du travail classique. Or, si celui-ci devait être en forte croissance après la crise sanitaire, la guerre en Ukraine a changé la donne et désormais il y a des craintes concernant la croissance, l’inflation, le prix des matières premières, la consommation…

Pour les entreprises, c’est la douche froide : alors que le futur s’annonçait positif, il s’obscurcit de jour en jour. Pas vraiment de quoi permettre d’anticiper de nouvelles embauches à prix plein... Les apprentis risquent-ils de se retrouver sur le carreau à la fin de leur contrat, faisant exploser le taux de chômage en France durant les pemières années du prochain quinquennat, et ce quel que soit le candidat qui sera élu ?

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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