Le cauchemar des banques : la panique ou bank run

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Par Simone Wapler Modifié le 31 mars 2013 à 8h21

Que se passe-t-il lorsqu'un pays commence à être en difficulté ? Les dépôts s'en vont.

Ceux des étrangers d'abord, puis ceux des ressortissants. C'est ce qui s'est passé en Irlande, en Grèce, au Portugal, en Espagne et en Italie. Que font les autorités pour contenir l'hémorragie ? Elles limitent les retraits.

Les dépôts se retirent des banques, mais vous ne verrez pas de files d'attente de déposants se présentant aux guichets ou aux distributeurs de banques automatiques pour retirer des espèces. Tout au moins pas dans un premier temps. Il s'agit plutôt de virements vers un autre établissement bancaire, à l'étranger, car les déposants craignent la faillite de leur banque.

Le cas de la Deutsche Bank au Portugal est édifiant. C'était initialement une banque de droit portugais sous contrôle de la Banque centrale portugaise. Quand les choses ont commencé à aller mal pour le Portugal, la Deutsche Bank a changé de statut pour n'être plus qu'une simple représentation commerciale de la banque allemande de façon à dire aux Portugais déposants : "Nous sommes seulement une vitrine... si la zone euro explose, vous aurez des Deutsche Mark." Cela sert même d'argument commercial.

Les premiers retraits sont réalisés par les initiés, les banquiers eux-mêmes. Les grandes banques françaises ont retiré sans pitié leurs dépôts de chez leurs consoeurs latines en difficulté. De la même façon, les banques allemandes avaient rapatrié leur argent des banques irlandaises au début de la crise. Les banques britanniques ont également joué un rôle très important en asséchant littéralement les pays périphériques et en transférant leurs avoirs en euros en Allemagne.

En Grèce, les dépôts bancaires ont fondu de 56 %. Ils ont culminé à 250 Mds€ en 2009 pour atteindre 160 Mds€ en 2012. Au Portugal, en Irlande et en Espagne, le déclin est sensible en 2011. Pour ce dernier pays, les dépôts sont passés de 1 800 Mds€ à 1 600 Mds€. Depuis, la situation se détériore moins vite, mais la confiance n'est plus là.

Le bank run, la fuite des dépôts, est donc d'abord sournois, il provient des initiés et aucune queue dans la rue ne vous alertera. Mais lorsque les banques victimes d'un bank run tirent les sonnettes d'alarme de leurs autorités, la réaction est rapide : limitation des retraits.

Simple déposant, vous serez pris dans la tourmente. En Italie, de telles limitations des retraits bancaires sont déjà en vigueur et des mesures de surveillance renforcée de la frontière avec la Suisse viennent d'être discrètement ordonnées, qui mettent la Guardia di Finanzia en première ligne.

Les paiements en espèces sont plafonnés à 1000 € et les commerçants sont dans l'obligation de révéler l'identité de leurs clients au-delà de 3 600 € d'achat. La fausse déclaration fiscale est désormais un crime !

Ce texte est un extrait du dernier ouvrage de Simone Wapler: "Main basse sur votre argent - et ce que vous devez faire pour vous en sortir", publié aux Editions Ixelles.

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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