C’est assez rare pour être noté, mais c’est bien l’une des premières fois qu’une banque centrale annonce encore plus d’argent gratuit et que la bourse sanctionne ces annonces par une forte baisse comme ce fût le cas hier sur le marché parisien accusant à la clôture une chute de 3,58% ce qui commence à piquer un peu tout de même.
La BCE déploie de nouvelles armes pour relancer la croissance européenne.
Le gouverneur de la Banque centrale européenne, Mario Draghi a annoncé plusieurs actions afin, selon lui, de lutter contre l’inflation faible, qui s’est établie à 0,1 % et tenter de réanimer l’économie européenne.
L’essentiel tient en 3 mesures
1/ L’extension du programme de rachat de 60 milliards d’euros par mois de dettes publiques et privées (l’assouplissement quantitatif) de septembre 2016 à mars 2017, voire au-delà si nécessaire.
Cela veut dire que Mario Draghi accepte de racheter plus longtemps et sans doute aussi plus si cela était « nécessaire ».
2/ L’inclusion dans ce programme de nouveaux titres de dettes, à savoir des titres de dettes de collectivités locales et régionales de la zone euro… Soyons clairs, les dettes de collectivités locales ce n’est pas forcément de l’actif d’une pureté inouie… il y a même de plus en plus de risques. Mais en rachetant de la dette locale, la BCE renforce la solvabilité des régions ou des communes par exemple et cela aura un effet sur les taux d’emprunts. Cela cache évidemment l’état pitoyable des finances publiques régionales et locales et le surendettement à tous les niveaux.
3/ La baisse du taux de dépôt de -0,2 % à -0,3 % ! C’est la mesure qui à moyen terme risque de vous impacter le plus. Il va arriver un moment, les banques ne pouvant plus placer les dépôts à des taux positifs mais négatifs où l’épargne de court terme non seulement ne rapportera rien, mais finira pas être « rémunérée négativement » pour employer une formule de novlangue dont je dépose le brevet !!!
Vous aurez compris qu’une rémunération ne peut pas être négative, comme un taux de croissance. Pourtant de la même façon que vous avez eu la croissance négative, vous aurez le « rendement négatif »… cela signifie que chaque mois vous perdrez de l’argent ou du pouvoir d’achat. Chaque mois, vos économies vaudront moins.
Que faire ?
Vous connaissez mon point de vu. Je ne suis pas une girouette. Je pose des constats, définit une stratégie. Je m’y tient. Le reste n’est que du bruit de fonds.
Des métaux précieux comme l’or et l’argent évidemment avec une nette préférence pour les pièces de monnaie et pas les lingots et autres lingotins.
Les terres agricoles, les forêts et plus généralement de l’immobilier rural lorsque l’on n’a pas ni les moyens ni la volonté d’acheter une ferme de 500 hectares dans la Beauce.
Dans tous les cas je vous invite à avoir une réflexion autour de vos actifs financiers dont le rendement va tendre au mieux vers zéro, les risques vont continuer à augmenter, avec la directive européenne sur les résolutions de faillites bancaires par exemple.
Il faut donc « débancariser » ce qui ne veut pas dire forcément de tout sortir de la « banque » pour la simple et bonne raison que certains parmi vous doivent financer des dépendances pour nos plus anciens par exemple, s’assurer un complément de revenu avec leur épargne quand les pensions sont faibles, ou encore payer des soins médicaux mal couverts ou remboursés je pense aux dents par exemple. Bref, débancariser n’est pas forcément simple. Lorsque vous êtes dans cette situation, il n’y a pas de secret, tout l’art sera dans la répartition et dans le calcul au plus juste de la partie que vous laisserez en actifs dits financiers. Évitez tout de même comme la peste, les « obligations » d’Etat qui composent majoritairement les contrats d’assurance-vie dont je parlais justement hier.
Enfin je pense que si vous êtes contraints de conserver des liquidités les loger dans une « entreprise » me semble une excellente idée. En fait, je pense que le principal outil de sauvegarde patrimonial pour le « cash » sera de mettre ses disponibilités à l’abri dans une entreprise. C’est notamment un de mes angles de réflexions pour le numéro de STRATEGIES de décembre sur lequel je travaille et que je vais consacrer à l’économie de guerre, un concept qui risque hélas de prendre corps dans les mois qui viennent et susceptible de ravager plus d’un patrimoine.
En attendant mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Article écrit par Charles Sannat pour son blog Insolentiae