Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
C’est une information importante à défaut d’être longue !
L’agence de presse Reuters nous a appris aujourd’hui que Vitas Vasiliauskas – que vous ne connaissez probablement pas –, gouverneur de la Banque de Lituanie (un des pays baltes dans lesquels je souhaite un jour mettre les pieds avec mon camping-car, histoire de voir à quoi cela ressemble), a déclaré hier mardi « souscrire aux anticipations du marché d’une hausse des taux de la Banque centrale européenne d’ici la mi-2019 ».
Et… c’est le troisième membre de la Banque centrale européenne, puisque chaque gouverneur de banque centrale nationale est membre du comité de la BCE, à le dire, à le souhaiter après ses homologues de la Bundesbank et de la Banque d’Estonie.
Lundi dernier, c’était le très écouté gouverneur de la Bundesbank Jens Weidmann qui nous avait prévenus que « les anticipations d’une hausse de taux à la mi-2019 n’étaient « pas complètement irréalistes »…
Cela s’appelle la préparation des esprits et des marchés à une hausse de taux.
Hausse des taux d’intérêt au premier semestre 2019
Bon, le premier semestre, cela s’étale sur les 6 premiers mois de l’année si mes informations sont bonnes.
On peut donc prévoir que le dollar restera baissier face à l’euro jusqu’à la fin de l’année 2018 globalement, puis le dollar devrait à nouveau commencer à s’apprécier.
Pourquoi ?
Souvenez-vous ce que je vous ai expliqué sur cette histoire de la correction obligataire aux États-Unis. Comme les taux montent, plus personne ne veut des obligations qui ne rapportent pas grand-chose, du coup ils vendent leurs obligations et achètent des obligations européennes, zone dans laquelle les taux ne montent pas et donc du coup les obligations, elles, restent stables.
C’est ce que j’expliquais au début du mois de mars dans cet article.
À partir du premier semestre 2019, les hausses de taux en Europe auront pour conséquence de faire démarrer un début de correction obligataire.
Du coup, les investisseurs joueront le dollar et la fin du cycle de resserrement monétaire aux États-Unis.
Conclusion : le dollar sera plutôt baissier en 2018, et redeviendra haussier au premier semestre 2019, à moins que la BCE ne recule le moment de ses augmentations de taux, ce qui est toujours possible.
Pourtant, il semble que les colombes aient perdu la bataille à Francfort et que ce soit les faucons allemands et monétaristes qui aient gagné.
Ils vont donc monter les taux. Là encore, la BCE ne pourra pas aller trop loin sans faire dérailler les coûts de la dette de pays comme la France ou l’Italie.
Maintenant que nous avons l’Allemagne à la manœuvre à la BCE – et je vous expliquerai prochainement comment et pourquoi c’est l’axe germanique qui a pris le pouvoir à la Banque centrale européenne – et que Draghi est sur le départ, nos amis allemands vont tenter de resserrer les boulons, ce qui va s’avérer ardu et risqué.
La tentation sera évidemment de serrer un peu trop le kiki aux pays dispendieux de l’Europe du Sud… dont la France.
Les choses commencent à devenir passionnantes sur le front monétaire.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae