Bill Gates, l’empereur

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Par Julien Hatier Modifié le 11 octobre 2013 à 8h11

En quelques décennies, il a bâti un empire de 170 milliards d'euros, assis son règne sur la micro-informatique et changé la face du monde. Rien moins que ça. Portrait de l'empereur de l'informatique.

Il faut remonter en 1968 pour trouver l'origine de la légende. Bill Gates a treize ans. Il est assis devant un ordinateur colossal de General Electric que le Club des Mères de la très sélecte école de Lakeside, à Seattle, avait loué pour ses élèves. Son camarade, Paul Allen, est à peine plus âgé que lui, du haut de ses 15 ans. Les deux adolescents ne quittent plus le clavier du monstre. « Nous, gamins, pouvions donner des ordres à ce géant, et il nous écoutait ! » racontera plus tard Bill Gates. A cette époque, l'ado découvre que l'ordinateur lui permettra peut-être de changer l'ordre des choses.

Ce désir de puissance deviendra sa raison d'être. Eternel insatisfait, il a toujours voulu être plusieurs personnes à la fois : John D. Rockefeller, parce qu'il est l'homme le plus riche des États-Unis, et Henry Ford, parce qu'il a inventé l'automobile. « Napoléon a transformé son époque. Moi aussi », peut aujourd'hui affirmer serein celui dont le trait de génie a été de comprendre, le premier, que l'avenir était aux ordinateurs individuels.

Étudiant à Harvard, Gates se passionne pour les logiciels. En 1974, il obtient un contrat pour écrire le programme du premier portable, l'Altair 8800, une machine rudimentaire, et, en 1976, il fonde Microsoft avec Paul Allen. Leur fortune sera faite lorsque IBM les choisira pour développer le logiciel (le fameux DOS, ancêtre de Windows) du premier ordinateur individuel. Gates a 27 ans et, grâce à lui, une industrie est sur le point de voir le jour.

Inventeur de talent ou un as du marketing ? Visionnaire ou un simple opportuniste ? Business man féroce ou homme au grand coeur ? Pas évident de cerner cet homme réservé, mais doté d'une grande confiance en lui. Sa seule folie est sa maison de Seattle, de 80 millions de dollars et de 6 000 mètres carrés, dotée d'écrans qui diffusent les reproductions digitales des grands maîtres, et où repose le codex Hammer, carnet de notes de 72 pages rédigé par Léonard de Vinci, qu'il s'est procuré pour 30,8 millions de dollars lors d'une vente chez Christie's.

Au milieu des années 90, Gates a besoin de donner une inflexion légèrement différente à sa vie. Il crée en janvier 2000 la Bill & Melinda Gates Foundation, dotée d'un capital de 25 milliards de dollars – plus que le budget de l'OMS – pour lutter contre le sida et le paludisme. C'est désormais la plus importante fondation privée aux États- Unis, dépassant des institutions comme les fondations Ford ou Carnegie, établies par des magnats des révolutions industrielles passées.

Dernièrement, il est allé plus loin. Lors d'un dîner avec Oprah Winfrey et Michael Bloomberg, le maire de New York, Warren Buffett et Bill Gates ont lancé un appel, « The Giving Pledge » (« la Promesse de don »), à leurs camarades richissimes pour qu'ils s'engagent, aujourd'hui ou après leur mort, à se délester de la moitié de leur fortune. Quarante milliardaires américains ont déjà dit oui. Trois cent soixante autres réservent encore leur réponse. Le tout devrait rapporter 600 milliards de dollars aux œuvres caritatives. L'homme le plus riche de la planète donne l'exemple. À sa mort, il aura distribué toute sa fortune.

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Julien Hatier est éditeur de sites web. Il vous fait partager sa passion, en vous proposant régulièrement des coups de projecteur sur des personnalités du numérique.

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