Nouveau rôle pour François Hollande : juge aux affaires familiales. Mission : tenter de réconcilier les héritiers du dialogue social à la française, moribond.
Rappel du contentieux : Le patronat a menacé a plusieurs reprises de boycotter la conférence sociale qui ouvre ses portes cet après-midi, clamant ne rien voir venir des promesses du pacte de responsabilité. Publie-t-il une tribune dans la presse pour se plaindre de l'absence de concertation autour de la mise en place du compte pénibilité ? Deux jours plus tard, le Premier ministre annonce son report partiel, et une réforme du Code du Travail.
En face, les syndicats ne sont pas en reste : entre les menaces de grèves et celles qui ont été mises à exécution, les bonnes vieilles méthodes ont toujours le vent en poupe malgré la crise. La plupart des français piégés ou non par la longue grève SNCF du mois de mai se demandent ce que les syndicats de cheminots ont obtenu, ou plutôt sur quoi le gouvernement a cédé. Et le conflit avec les intermittents n'en est encore qu'à ses débuts, alors même que le gouvernement a déjà lâché du lest sur une partie de la réforme de leur système d'indemnisation.
Résultat, tout le monde sera là cet après-midi, couteaux tirés, et l'on s'attend à quelques sérieux coups de gueule. Pire : après la menace de boycott de la conférence sociale par le Medef, c'est au tour des syndicats CGT et FO de laisser planer le doute sur leur présence, non aujourd'hui, à l'ouverture, mais demain mardi, journée stratégique puisque c'est au cours des tables rondes planifiées dans la journée que les principaux sujets - en gros, les ajustements souhaités par chacune des parties au pacte de responsabilité - seront négociées.
Autant dire que cette conférence sociale ne sera pas de tout repos pour le gouvernement comme le Président de la République, et si jamais elle venait à être boycottée par un ou plusieurs participants (le petit syndicat « Solidaires » non représentatif mais invité à deux tables rondes, a annoncé qu'il laisserait sa chaise vide), l'exécutif entrerait dans une nouvelle phase, délicate : la réforme sans le consensus. Pour la CGT et FO, le problème est d'être le premier à annoncer le boycott, pour ne pas donner l'impression d'être suiviste : situation potentiellement neutralisante. Mais quid de la CFDT, le seul syndicat à avoir soutenu le projet de pacte de responsabilité et le principe de la baisse des charges sur les entreprises, qui fait hurler CGT et FO ? Si la CFDT se braque, voire, jette l'éponge, Manuel Valls et François Hollande entreront dans une impasse dont personne ne peut dire aujourd'hui comment ils pourraient en sortir.