Du retour à l’impérative obligation de faire tourner les portefeuilles boursiers

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Par Christian Pire Publié le 20 avril 2015 à 5h00
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5 200 pointsLa Bourse française reste très légèrement en-dessous du cap des 5 200 points.

Depuis plusieurs mois, certains représentants des autorités financières de régulation et des instances comptables normatives internationales remettent en cause la cohérence et les dogmes de l’information boursière actuelle. Où comment nous sommes passés de la gestion financière cohérente (achats/ventes de volume de titres) aux dérives de la comptabilisation incohérente en terme de réalisation financière.

C’est bien cette réalité avec ses méandres, ses dérives et ses krachs qui nous impose de reprendre le chemin de la prise en compte de la seule réalité qui compte en Bourse à savoir : le « prix ». Ce « prix » qui ne peut être obtenu que par la vente des titres et donc par la remise au goût du jour du principe impératif boursier du « Faire tourner les portefeuilles boursiers ». -

Historique

Avant que n’apparaissent dans les années 80 les fonds de placements et autres outils d’investissements collectifs chargés de « démocratiser » la Bourse, seuls les professionnels et les particuliers assimilables aux professionnels spéculaient en Bourse, pour ces intervenants spéculateurs juste la volonté de vendre ou d’acheter au meilleur prix les volumes de titres convoités en évitant le plus possible de déstabiliser les cours par leur transaction. Cette notion d’un prix pour un volume échangé, seul outil de régulation de toute dérive et de crédibilité financière, a été totalement ignorée lors de la mise en place des fonds de placement.

Du passage de l’ère de la gestion financière à l’ère de la comptabilité financiarisée

Concomitamment à la démocratisation de la Bourse, la réalité du prix de réalisation effectif ou réalisable est passée au second plan en faveur de la virtualité du concept comptable de « Fair value ». Ce concept extrapole, en dehors de toute logique et de toute faisabilité financière, un cours réalisé sur un très faible volume de titres vendus comme une information pertinente de valorisation et de prix pour tous les titres. A votre avis, en sachant que toute vente supplémentaire aurait fait chuter les cours, que vaut l’extrapolation quotidienne du cours de fermeture des marchés financiers réalisée par un échange de 0,2% des titres en circulation aux autres 99,8% ? Cas extrême, certains fonds de placement détiennent plus de titres que ce qui est échangé en plusieurs jours voire semaines. Imaginez les dégâts si ces fonds voulaient vendre pour transformer la valorisation comptable (vendue comme performance réalisée ou réalisable) en prix financier….

Comme vous pouvez le constater, toute notion de réalité financière (en espèces sonnantes et trébuchantes) a disparu dans la conceptualisation comptable actuelle. Le plus bel exemple de cette dichotomie n’est-il pas le krach boursier ? Où quand les vendeurs mettent à mal le concept comptable en faveur de la réalité du prix financier ? Et si les krachs boursiers n’étaient dans les faits que des krachs comptables ? Dorénavant, cette évidence impose deux notions dans l’information boursière. Celle du prix réalisé par la spéculation du jour et celle d’une information à destination des non spéculateurs du jour. S’il n’y a pas de réponse parfaite à cette deuxième notion, la voie de sagesse est dictée par le principe juridique d’égalité des porteurs de parts. A ce titre et à titre d’information pour les non spéculateurs du jour, pourquoi ne pas à diviser le gain ou la perte du jour réalisé par les spéculateurs sur tous les titres ? Ne serait-elle pas une « juste » réponse.

Et si l’analyse financière était un leurre ?

Que vaut la croyance basée sur le principe que le marché varie en fonction de l’information ou l’analyse des bilans et de toute autre actualité ? Comme vous l’aurez compris, dans les faits, ces paramètres ne relèvent que de facteurs mineurs dans l’évolution du cours de Bourse voire dans quantité de cas relèvent d’un certain ésotérisme vu la faiblesse des volumes échangés. La Bourse ne cote pas la croyance ou l’analyse, elle cote avant tout la confrontation de volumes acheteurs/vendeurs, résultante « humaine » d’une négociation d’un volume pour un prix. J’espère que cet article vous aura convaincu de faire ou refaire confiance à la gestion directe. En l’état actuel, elle seule vous assure une information crédible sur le prix et la valeur de vos avoirs, au détriment de la valorisation conceptuelle comptable sans prix ni valeur.

Demandez, voire imposez à vos gérants de faire tourner votre portefeuille pour capitaliser le plus possible et le plus souvent possible vos gains. Si d’aventure certaines opérations s’avèrent négatives prenez les comme positives en terme de maintien de votre vigilance sur le fait qu’il vaut mieux perdre (le plus rarement possible naturellement) que de se bercer au doux son de l’illusion des valorisations comptables sans prix et sans valeur. Illusion comptable qui tôt ou tard s’écroule, comme le serpent sensible au son du charmeur de serpent, lors des krachs. Krachs qui commencent à avoir une régularité quasi « métronomiques » et une amplitude de plus en plus croissante.

Aujourd’hui, alors que le « Faire tourner un portefeuille » est essentiel pour assurer la crédibilité des marchés par l’augmentation des volumes et la possible transformation des chiffres comptables en performances annoncées, il est trop souvent synonyme de « magouille ». Quelle erreur ! Quelle tragique méprise ! Seule la gestion quotidienne transforme l’information comptable en prix financier. Là où la gestion directe reflète la réalité des marchés, les fonds de placement reflètent un concept comptable. Et si vous remplaciez le miroir aux alouettes que sont trop souvent les fonds de placement par une gestion réelle dédiée à un professionnel ?

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Universitaire. CEDS. Ancien président de société de gestion de portefeuille et gérant d'OPCVM. Créateur de l'approche SOCIOECOPOFI et de l'agence de cotation boursière alternative IHR.

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