BREXIT : onde de choc pour le secteur bancaire

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Par Sandy Campart Publié le 6 juillet 2016 à 5h00
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32 MILLIARDS ?Les analystes de Goldman Sachs estiment à 32 milliards d?euros l?impact du Brexit sur les bénéfices des établissements bancaires européens en 2018

À l’annonce des résultats du référendum du 23 juin, le secteur bancaire a été particulièrement affecté par le mouvement de correction sur les marchés d’actions. Si les valeurs des établissements britanniques ont été les plus sévèrement affectées, les grandes banques européennes n’ont pas été épargnées. Les analystes de Goldman Sachs estiment à 32 milliards d’euros l’impact du Brexit sur les bénéfices des établissements bancaires européens en 2018 – soit une révision à la baisse de plus de 10% des résultats attendus. Le tiers de cette diminution devrait être supporté par les banques britanniques. Fin 2015, les banques françaises avaient une exposition de 228 milliards de dollars sur des contreparties britanniques dont 102 milliards sur le seul secteur bancaire. Même si l’impact immédiat du Brexit sur les établissements financiers est associé aux perturbations macroéconomiques issues de l’incertitude des négociations, de l’éventuelle perte du passeport européen et de la future localisation des activités financières (Dublin, Francfort ou Paris) ; à moyen terme, le spectre d’une fragmentation de l’Union européenne ainsi que la poursuite voire l’intensification des politiques monétaires expansionnistes pourraient constituer une onde de choc autrement plus intense.

Le spectre d’une fragmentation de l’Union européenne

Les élections présidentielles françaises et les élections fédérales allemandes en 2017 vont raviver les tensions. La candidate du Front National, Marine Le Pen, souhaite un référendum de sortie de l'Union européenne dans les six premiers mois de son mandat. Une anticipation de sortie française créera de nouvelles tensions sur l’euro ainsi que sur le niveau des primes de risque de crédit, fragilisant un peu plus les établissements bancaires français. Comme le Royaume-Uni, la France abrite nombre de banques systémiques - BNP Paribas, Groupe BPCE, Crédit Agricole et la Société Générale - ainsi qu'AXA, le deuxième plus grand assureur de l'UE. 18% des dettes à moyen-long terme des banques françaises sont libellées en dollars - la baisse de l’euro face au dollar renchérit ainsi significativement le coût de leur dette.

Une normalisation différée de la politique monétaire

La normalisation lente et graduelle de la politique monétaire européenne, qui attendait la confirmation du rebond économique entrevu ces derniers mois, ne peut plus être envisagée dans le contexte d’incertitude dans lequel le Brexit plonge l’Europe. Au minimum l’attentisme, mais plus surement de nouvelles actions seront entreprises par les banques centrales qui pallient à elles-seules les déficiences des politiques économiques pour contrer la désinflation – dont l’origine n’est pas monétaire –, faire face à la soutenabilité des dettes souveraines et éviter un risque systémique bancaire. Avec quels effets secondaires ? Un maintien en apesanteur du prix des actifs immobiliers et financiers, une déformation accrue des primes de risque et une nouvelle fragilisation des marges d’intermédiation bancaire.

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Sandy Campart est enseignant-chercheur et directeur de l'IUP Banque Finance Assurance - IAE Caen. Il est co-auteur de « Risques de taux d'intérêt et de change » avec Pedro Jimenezet auteur de « Et si on osait investir en bourse ? ».

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