(Ré)concilier écologie et économie, l’objectif difficile mais tenable de la RATP

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Par Charlotte Fontaine Modifié le 29 novembre 2022 à 10h08

Devant l'imminence de la menace écologique que représentent les gaz à effet de serre, les rues ne peuvent aujourd'hui plus se permettre d'émettre autant de particules polluant l'air urbain et réchauffant petit à petit le climat. La volonté de la RATP de passer à un parc autobus 100 % électrique doit servir de modèle aux plus réticents, pour un recours à l'électromobilité en France.

Les rapports climatiques n'en finissent plus de tomber, tous aussi alarmants les uns que les autres. Les experts se muent depuis quelques années en véritables prêtres de l'écologie, et leurs homélies sont toutes empreintes de pessimisme, pour ne pas dire de fatalité. La hausse inexorable des températures et des précipitations pluvieuses sera ainsi le pain quotidien de la France à l'horizon 2050. D'après 97 % des scientifiques travaillant dans le milieu, le désormais célèbre et redouté « réchauffement climatique » est exclusivement dû aux activités humaines. Combustion du pétrole, déforestation et agriculture intensive produisent de grandes quantités de dioxyde de carbone (CO2) qui, s'évaporant dans l'atmosphère – les fameux gaz à effet de serre –, contiennent la chaleur émise par les rayons solaires.

Si la part de l'agriculture ne doit pas être minimisée dans l'émission de ces gaz, il est aujourd'hui clairement établi que le milieu urbain influence en majeure partie le réchauffement climatique. Les émissions provoquées par le trafic routier sont ainsi vivement pointées du doigt par les experts, qui ne manquent pas de critiquer l'impact négatif les transports en commun.

L'engagement de la RATP au service du climat

La pollution en milieu urbain, a fortiori dans une capitale comme Paris, présente un double inconvénient : les émissions de gaz à effet de serre sont constantes et croissantes ; la santé des citadins en pâtit largement. C'est pourquoi la Régie autonome des transports publics (RATP), gestionnaire du réseau de transport en commun d'Ile-de-France (IDF), s'est lancée dans un vaste chantier de mise en adéquation de ses objectifs – le transports de millions de personnes par jour – avec les exigences écologiques d'aujourd'hui – diminution des gaz à effet de serre. Dès son arrivée à la tête de la société en 2006, Pierre Mongin s'est ainsi engagé à inscrire toute innovation dans une stratégie durable ; signataire de la charte Développement durable des établissements et entreprises publics de 2008, la RATP expérimente dès la fin des années 2000 un matériel hybride et explore des filières alternatives au carburant traditionnel.

Afin d'avoir toute latitude dans la poursuite de ces innovations, le Syndicat des transports d'Ile-de-France (STIF) a validé fin 2013 la fin des bus 100 % diesel à Paris et en IDF, appuyant la RATP, son principal opérateur, dans ses démarches écologiques. Avant la fin 2016, Pierre Mongin souhaite par conséquent introduire environ 600 bus hybrides sur son réseau de transport public, ce qui reste une étape intermédiaire avant le tout-électrique.

Le double intérêt écologique et économique des bus électriques

Les transports électriques ne sont pas qu'une lubie d'écologistes chevronnés ou de lobbies pro-développement durable. Ils représentent une réelle alternative aux bus diesel, avec un double avantage écologique et économique. D'une part, les bus électriques n'émettent aucune particule ou fumée d'hydrocarbure, et leur bilan carbone est de ce point de vue éminemment intéressant. D'autre part, l'énergie électrique représente un vecteur certain d'économies pour la RATP, alors que les incertitudes concernant l'aspect « business-model » de l'électromobilité fait encore défaut pour son expansion en France. « La solution de l'électrique n'est plus un luxe d'écologiste convaincu, c'est devenu aussi un choix économique rationnel et pertinent », résume pourtant Christophe Gurtner, PDG de Forsee Power, intégrateur en systèmes de batteries.

Cependant, faisant fi des hésitations de certains et de la frilosité des autres, Pierre Mongin a bel et bien engagé la RATP dans le tout-électrique d'ici une dizaine d'années. L'entreprise Bolloré, spécialiste des transports, a d'ailleurs été choisie au terme d'un appel d'offres lancé en 2013 pour moderniser et électrifier une partie du parc géré par la régie parisienne. Sa société-filiale Blue Solutions, implantée à Laval, mettra ainsi en service des véhicules électriques sur certaines lignes du réseau. A terme, c'est l'ensemble du parc qui devrait en être pourvu.

Cette volonté forte clairement affichée par Pierre Mongin, réélu à la tête de la RATP en juillet 2014, doit servir d'impulsion pour un recours globalisé à l'électromobilité en France. Depuis longtemps évoquée, cette énergie nécessite cependant une part importante d'investissements, notamment dans la recherche et le développement, ce qui fait reculer les plus frileux.

Mais l'énergie électrique est une chance économique et, surtout, écologique, alors que le gouvernement vient d'initier la France à la transition énergétique. En développant des bus électriques, les groupes français acquerront l'expérience nécessaire pour qu'un jour la mise en service généralisée de véhicules électriques devienne réalité.

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Responsable de projet au sein d’une grande entreprise internationale spécialisée dans l’énergie, Charlotte Fontaine est spécialiste des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique et des solutions de respect de l’environnement pour les projets industriels.  

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