Dans le cadre d’Octobre Rose, une étude vient rappeler que les idées reçues autour des cancers féminins ont la vie dure et que les réflexes de prévention restent insuffisamment appliqués. Infotox relayées sur les réseaux sociaux, campagnes d’information qui ne touchent pas leurs cibles… Les raisons sont diverses, mais le constat alarmant. En France, chaque année, plus de 55 000 nouveaux cas sont diagnostiqués rien que pour les 3 principaux cancers féminins (sein, ovaire et col de l’utérus). Alors, faut-il se résigner ? Évidemment, non ! Les promesses du digital laissent apparaître la possibilité d’une nouvelle ère de la prévention, qui pourrait, cette fois, atteindre ses objectifs.
La prévention, un sujet qui interroge notre société
Sensibiliser efficacement les Français, surtout les Françaises, à l’importance du dépistage et limiter les comportements à risque pour prévenir la maladie est plus essentiel que jamais. Pourtant, force est de constater que notre culture nous porte plus facilement vers le curatif que vers le préventif. On ne peut que le déplorer. Car, si soigner doit un jour devenir inévitable, c’est que nous n’avons pas été suffisamment entendus en amont sur les risques qui auraient pu être évités.
Ne nous voilons pas la face : le problème ne vient pas tant des efforts qui sont déployés pour informer que des campagnes de prévention, fussent-elles pertinentes, qui peinent à atteindre leurs cibles. Ainsi, elles touchent majoritairement ceux qui ont le moins besoin d’être alertés : des personnes en rémission, d’autres ayant dans leur entourage un proche concerné par la maladie, des professionnels de santé, des individus présentant des risques familiaux élevés… En revanche, ceux qui sont les plus éloignés du système de santé ou les moins intégrés socialement et, donc, les plus exposés, passent bien souvent à côté de ces messages.
La prévention n’en reste pas moins indispensable, notamment pour aller à l’encontre des idées reçues autour des cancers et en particulier de ceux dits féminins, qui trouvent un écho renforcé sur les réseaux sociaux. Comment atteindre les objectifs en matière de vaccination contre le papillomavirus, permettant de lutter contre le cancer du col de l’utérus, quand les infotox se multiplient, persuadant certaines personnes que l’intérêt de se faire vacciner ne vaut pas le risque encouru ? Résultat : des maladies qui avaient totalement disparu, comme la rougeole, réapparaissent dans notre pays. On marche sur la tête ! En dépassant les idées reçues, nous pourrions, dans un premier temps, améliorer l’information autour des cancers féminins, car méconnaître les risques, c’est être moins à même de les prévenir.
Cancers féminins : des acquis fragiles, des idées reçues tenaces
Si le cancer du sein reste, sans surprise, le plus connu des Français, celui des ovaires n’est cité que par 1 individu sur 5, alors qu’il est le 4e plus meurtrier chez la femme. De même, 1/4 de la population française est encore persuadé que le cancer du sein se transmet de mère en fille. Dans les faits, seuls 10% de ces maladies sont liés à des prédispositions génétiques, quand 40% sont causés par des facteurs de risques liés aux modes de vie et aux comportements (tabac, alcool, alimentation…). Quant aux « réflexes » de prévention, ils sont connus mais pas forcément appliqués : 23% des femmes de 50 ans et plus ne font toujours pas de mammographie tous les 2 ans comme il est pourtant recommandé.
Informer dans le but de mieux prévenir et donc de limiter les risques pour les femmes de développer un cancer apparaît donc encore comme un véritable défi. Des mesures de remboursement ont d’ailleurs été récemment annoncées pour favoriser la consultation gynécologique préventive. Des événements, comme le Rallye des Deuch’s, Octobre Rose ou encore le Triathlon des Roses sont autant de manifestations festives, informatives et/ou sportives, qui contribuent chaque année à sensibiliser les Français sur les cancers féminins. Toutes ces mesures vont dans le bon sens, mais l’avenir de la prévention se trouve déjà ailleurs.
La donnée, une nouvelle arme de prévention massive
Il n’existe pas de formule magique pour diminuer le nombre de cas de cancers féminins. Pas de risque zéro, non plus. Pour autant, des opportunités se dessinent, qui devraient très prochainement changer le visage de la prévention, en permettant de mieux sensibiliser les populations les plus exposées. De quoi parle-t-on ? Des nouvelles technologies, celles qui révolutionnent aujourd’hui notre société, dans tous ses pans, et permettront, demain, une véritable optimisation de l’accompagnement des citoyens dans leur parcours de santé. Elles rendront la sensibilisation à la fois plus transversale et plus globale. Demain, la vigilance s’appuiera sur les réseaux sociaux et les smartphones, qui sont des leviers puissants pour accompagner ces politiques.
Personnaliser le message en fonction des facteurs de risques de chaque individu, mais aussi faire communauté autour de ces sujets, c’est-à-dire de créer des ponts et des relais entre les différents acteurs (médecins, associations...) : tel est le chemin que nous devons suivre. Cette réalité communautaire doit être portée en premier lieu par les mutuelles, qui doivent l’incarner et la soutenir. À nous d’être pleinement acteurs de cette (r)évolution, de participer à sa construction et d’être force de proposition.
Enfin, rappelons que faire de la prévention ne doit pas se résumer à un « coup de com’ ». Il faut aller au cœur du sujet, inciter chacun à être actif, diffuser des messages de façon récurrente et constante. Ma conviction est que cette combinaison de moyens technologiques et de structuration communautaire va aider chacun à être pleinement acteur de sa santé. Cela concernera la sensibilisation au risque de développer un cancer, mais aussi à l’accompagnement pendant la maladie, ainsi qu’en période de rémission. De quoi garder espoir !
* Les chiffres mentionnés dans cette tribune sont issus des résultats de l’étude réalisée par Odoxa pour Adréa Mutuelle en septembre 2018